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jeudi, mai 2, 2024

Pourquoi l’Algérie ne peut pas espérer tirer bénéfice de la visite de Tebboune en Russie

Les propos, annonces ou comportements du président algérien Abdelmadjid Tebboune lors de sa visite en Russie démontrent, malheureusement, qu’il confond ses propres intérêts personnels avec les intérêts suprêmes de l’Etat algérien, a analysé à ce sujet Abdou Semmar, le directeur de Publication d’Algérie Part, dans plusieurs podcastes vidéos expliquant les dessous de l’actualité algérienne. A Moscou comme à Saint-Pétersbourg, Abdelmadjid Tebboune a pris des positions étonnantes, extravagantes et prononcé des déclarations fantaisistes parce qu’elles sont destinées uniquement à promouvoir sa propre personne sur la scène internationale en prévision de son futur projet controversé de 2e mandat à la tête de l’Etat algérien à partir de 2024.

En réalité, en Russie, Abdelmadjid Tebboune est parti lancer sa campagne pour son futur 2e mandat présidentiel en tentant de prouver aux algériennes et algériens qu’il est un « leader influent » en s’affichant et en souriant aux côtés de l’un des grands de ce Monde : Vladimir Poutine. Il semble que c’est bel et bien le seul objectif fixé pour cette visite en Russie car l’Algérie ne semble tirer aucun profit de ce séjour « poutinien » de Tebboune.

D’autre part, force est de constater que le président Abdelmadjid Tebboune a foulé aux pieds les valeurs de l’Algérie en se mettant à la solde de Poutine à travers cette visite en Russie présentée comme un grand succès pour la diplomatie algérienne. Il s’avère que le président Abdelmadjid Tebboune a commis une énorme bêtise en ne prenant aucune précaution lors de sa visite en Russie dans un contexte international brûlant et houleux. Violant les sacro-saints principes de la diplomatie algérienne s’agissant de la neutralité et du non-alignement de notre pays vis-à-vis des puissances mondiales prenant parties à des conflits mondiaux ou internationaux de forte intensité, Tebboune a cautionné la politique de Vladimir Poutine concernant l’invasion de l’Ukraine et le soutien armé à de nombreuses régions séparatistes dans certains anciens pays de l’Union Soviétique.

D’ailleurs, le président algérien qui prétend soutenir ardemment le respect du droit international et défendre fortement le respect de l’intégrité territoriale des Etats a associé l’image de l’Algérie à Saint-Pétersbourg au président de l’Ossétie du Sud, un Etat séparatiste qui n’est pas reconnu par la communauté internationale car il s’agit d’un territoire qui a été amputé par la force à la Géorgie par la Russie de Poutine. Cette position est en contradiction totale avec les positions historiques et authentiques de l’Algérie depuis son indépendance. Notre pays n’a jamais soutenu, reconnu ou toléré le morcellement des autres pays de la planète. Pour les beaux yeux de Poutine et pour obtenir toutes ses faveurs, Tebboune a foulé aux pieds les valeurs les plus sacrées de la diplomatie algérienne.

Dans ce contexte, il parait très difficile de démontrer que l’Algérie peut tirer bénéfice de ce rapprochement approfondi opéré par le système Tebboune avec la Russie de Poutine. C’est beaucoup plus Vladimir Poutine qui sort largement gagnant en tirant un grand profit de cette visite de Tebboune en Russie. Au moment où le Président russe Vladimir fait l’objet d’un blocus occidental et quasiment mondial, dans un contexte de combats violents opposant l’Armée ukrainienne soutenue par l’Occident aux Armées russes occupant une partie du territoire ukrainien, au moment où très peu de Chefs d’Etat étrangers ne s’aventurent en Russie pour s’afficher avec Vladimir Poutine afin de ne pas cautionner sa sale guerre en Ukraine, le président algérien Abdelmadjid Tebboune mets les pieds dans le plat et part en Russie pour appuyer, soutenir et se rallier au camp de la Russie au risque d’effaroucher, froisser et de rompre avec les partenaires occidentaux de son pays.

Abdelmadjid Tebboune a été le seul président étranger qui a participé activement au forum économique international de Saint-Pétersbourg alors que la quasi-majorité des autres pays y compris les partenaires traditionnels de la Russie ont envoyé seulement des ministres ou premiers-ministres. Tebboune est devenu ainsi l’un des rares Chefs d’Etat, pour ne pas dire le seul, qui apporte directement une caution à la politique controversée et sulfureuse de Poutine.

Ainsi, pour le président russe, Tebboune est un véritable cadeau tombé du ciel. Le président algérien a offert effectivement un précieux cadeau à Poutine : une nouvelle reconnaissance internationale et une opportunité de briser ce blocus occidental qui tente de faire de lui un paria de la communauté internationale.

En revanche, pour l’Algérie, il n’y a aucun gain concret ou palpable. Abdelmadjid Tebboune n’a effectivement signé aucun accord économique majeur annonçant des investissements russes dans notre pays ou permettant à notre pays de bénéficier d’un transfert de technologie ainsi que de projets porteurs de richesses et de nouveaux emplois. Le seul accord cadre important signé par Tebboune avec Poutine à Moscou est la fameuse Déclaration de partenariat stratégique approfondi entre les deux pays, un accord qui privilégie énormément la coopération militaire, sécuritaire, l’Algérie demeurera l’un des plus importants clients de l’industrie militaire russe, et donnent une importance superficielle aux échanges économiques. Pour le reste, le Président algérien a supervisé avec son homologue russe la signature de plusieurs conventions, mémorandums d’entente et programmes d’action entre les gouvernements algérien et russe qui traitent de questions essentiellement politiques et superficielles sans réel impact sur le développement de l’Algérie.

Il s’agit notamment d’une convention d’extradition entre les deux pays, d’une autre convention entre les gouvernement des deux pays, relative à la coopération dans le domaine des télécommunications, d’une convention intergouvernementale en matière de protection des végétaux ainsi qu’un programme de coopération culturelle entre les deux gouvernements pour la période 2023-2025. Un autre mémorandum d’entente sur la coopération entre la Russie et l’Algérie dans le domaine des ressources en eau a été signé à Moscou en présence de Tebboune. Les autres accords sont un procès-verbal de coopération entre les ministères de la Justice dans les deux pays, une convention entre les Gouvernements des deux pays sur la coopération en matière d’exploration de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques et enfin un accord de coopération entre les patronats russe et algérien signé par le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula et celui de l’Association d’affaires russe « Delovaya Rossyia », Alexis Repik. Et c’est ainsi que s’est achevée la supposée « grande » visite d’Etat de Tebboune en Russie. Résultats des courses : l’Algérie tourne le dos à l’Occident, son principal partenaire commercial et économique, et première source d’investissements étrangers créateurs de richesses ou d’emplois, provoquant ainsi prochainement l’hostilité des puissances occidentales. Tebboune à la fin de sa visite en Russie a collé définitivement à l’Algérie la piètre image d’un pays « pion » de la Russie de Poutine.

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