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lundi, mai 6, 2024

Pourquoi l’Algérie a besoin en toute urgence d’une refonte totale de son système bancaire

Sans refonte totale de l’actuel système bancaire, aucune réforme ni changement économique positif n’est possible en Algérie. Au contraire, les lourdeurs et les archaïsmes du système bancaire algérien risque d’aggraver la situation très fragile de l’Algérie sur le plan financier et économique, explique un économiste algérien qui tire ainsi la sonnette d’alarme. 

Cet économiste s’appelle Abderrahmane Mebtoul. Il est diplômé en expertise comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France, Docteur d’Etat en Sciences Economiques (1974) et il fut l’ancien Président du Conseil National des Privatisations de 1996/1999 sous la période du président Liamine Zeroual ainsi qu’ancien  magistrat premier conseiller à la Cour des comptes et  directeur général des études économiques 1980/1983 et  directeur d’Etudes au Ministère de l’Energie durant les années 1974/1979-1990/1995-2000/2007.

« Le système financier algérien depuis des décennies est le lieu par excellence de la distribution de la rente des hydrocarbures, et un enjeu énorme de pouvoir », souligne ainsi cet économiste dans une contribution parvenue à la Rédaction d’Algérie Part.

« En effet, malgré le nombre d’opérateurs privés, nous avons une économie de nature publique avec une gestion administrée, la totalité des activités, quelles que soient leur nature, se nourrissant de flux budgétaires, de la capacité réelle du trésor. On peut considérer que les banques en Algérie opèrent non plus à partir d’une épargne puisée sur le marché, mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la banque d’Algérie pour les entreprise publiques qui sont ensuite refinancées par le trésor public sous forme d’assainissement – et pas seulement pour la période récente, il faut compter aussi les coûts de la restructuration entre 1980/1990 », analyse ainsi Abderrahmane Mebtoul d’après lequel  « cette transformation n’est pas dans le champ de l’entreprise mais se déplace dans le champ institutionnel (répartition de la rente des hydrocarbures) et dans cette relation, le système financier algérien reste passif ».

« Plus de 90 % de ces entreprises sont revenues à la case départ, montrant que ce n’est pas une question de capital argent, la richesse réelle supposant la transformation du stock de monnaie en stock de capital – et là est toute la problématique de développement », déplore aussi l’économiste algérien qui insiste sur l’importance de doter l’Algérie d’une véritable bourse fonctionnant aux normes mondiales pour dynamiser le marché financier national.

« La bourse d’Alger est en léthargie depuis sa création, ayant construit un stade sans joueurs et, paradoxe, ayant introduit par injonctions administratives certaines entreprises publiques déficitaires, achetant des entreprises déficitaires, oubliant que dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments », décrète enfin  Abderrahmane Mebtoul auteur de plusieurs études et contributions ayant apporté de nombreuses propositions de réformes économiques pour sortir l’Algérie de l’ornière.

« Il ne peut y avoir de bourse fiable sans la concurrence, évitant les instabilités juridiques renvoyant à un État de droit. Nos responsables sont-ils conscients qu’existe un marché mondial de la privatisation, où la concurrence est vivace et où le facteur déterminant est la demande avec la prise en compte du goodwill (demande potentielle) et pas seulement l’offre, et qu’il faut éviter que certains prédateurs ne soient intéressés que par les actifs immobiliers et non pas par l’outil de production ? », s’interroge en dernier lieu cet économiste algérien auteur de l’ouvrage « Mondialisation, réformes et privatisation », publié par l’Office des Publications Universitaires (OPU) à Alger.

 

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4 تعليقات

  1. On dit : le nerf de la vie c’est l’économie et le nerf de l’économie c’est les banques, pendant des années j’étais un cadre dans la CNEP-Banque, et suite à une opération assainissement des comptes bancaires , le résultat était sans appels : 25% des comptes discordants, alors que les normes internationaux moins de 1% la banque baisse les rideaux .
    Au début des années 2000, alors que A. Benachenhou était ministre de l’économie annonce dans la presse que les banques sont devenus un danger pour la sécurité nationale, il a était débarqué illico presto.
    Aujourd’hui on constate les dégâts dramatiques dans les cas de corruption et les milliards de $ dilapidés dans des prêts fictifs alors que le cas Khalifa banque était encore vivace.
    L’Algerie n’a jamais eu dans son histoire de vrais banques qui tirent l’économie, mais justes des guichets à leurs têtes des scribouillards de banques.
    Et je suis entièrement d’accord avec Dr Mebtoul, mais sans une vrai volonté politique et une refonte globale de notre système bancaire point de salut de notre économie.
    Mais l’hirondelle ne fait pas le printemps.

  2. @nif sarahoui: tu veux dire le poliZERO! on s’en fout depuis 1975 si tu n’as pas encore compris.
    Ils sont marocains, ils n’ont pas réglé leurs problèmes avec hassan II, qu’ils le règlent avec M6 sinon ce sera Moulay Rachid et ils auront perdu encore quelques années pour rien
    Nous avons largement de quoi faire avec nos problèmes sans nous mêler des affaires maroco-marocaines