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samedi, avril 27, 2024

Plus de 43 % des ménages algériens ont des revenus inférieurs à 30 000 DA : la grande pauvreté menace des millions d’Algériens

C’est une enquête de terrain qui nous permet d’ouvrir les yeux sur les proportions alarmantes que prend la « grande pauvreté » dans notre pays. Cette enquête de terrain a été réalisée par la Faculté des Sciences Sociales de l’Université d’Oran 2. Menée entre 2019 et 2020, cette enquête a porté sur le niveau de vie de la population entre la consommation et l’épargne en Algérie. Cette enquête s’est appuyé sur un échantillon de 1000 ménages répartis proportionnellement sur les 12 secteurs urbain de la commune d’Oran et représentatifs des quartiers populaires les plus emblématiques de la deuxième ville du pays comme  Sidi El Houari, Sidi El Bachir ou Essedikkia. 

Et les résultats de cette enquête sont édifiants. Et pour cause, elle nous apprend, à titre d’exemple, que 43.8 % soit un effectif de 438 chefs de ménages ont déclaré un niveau de revenu inférieur à 30 000 DA, soit l’équivalent de 192 euros. Un revenu dérisoire qui ne  suffit même pas pour entretenir une seule personne en Algérie au regard de la cherté de la vie galopante et de l’érosion permanente du pouvoir d’achat dont souffre grandement la population algérienne notamment depuis la forte détérioration de la situation économique et financière du pays avec les conséquences malheureuses de la crise sanitaire de la COVID-19.

Cette enquête révèle également que 39.6 % des chefs de ménages reçoivent des revenus dont le niveau est entre 30 000 DA et 60 000 DA. Et seulement 8.8 % des chefs de ménages touchent des niveaux de revenus entre 60 000 et 100 000 DA alors que les chefs des ménages dont le niveau du revenu est plus de 100 000 DA représentent uniquement
proportion de 7.8 %. Ces résultats confirment la prédominance des ménages à très faibles revenus dans notre pays ce qui témoigne de l’avancée inquiétante de la précarité.

Dans les pays développés, la grande pauvreté est définie par l’accumulation de 3 critères : le logement, de faibles revenus, et des privations matérielles et sociales sévères (au moins 7 privations dans la vie quotidienne parmi une liste de 13). Avec des revenus inférieurs en Algérie à 30 mille Da, et au regard de l’inflation incessante ainsi que l’effondrement du pouvoir d’achat des consommateurs, un ménage algérien est contraint de se priver de nombreux conforts matériels indispensables à une vie décente comme, par exemple, l’accès permanent à une bonne nourriture et des produits de large consommation de bonne qualité.

Il est à signaler que pour mesurer la pauvreté, la Banque utilise le seuil international de 1,90 dollar par jour, mais aussi deux autres indicateurs, fixés à 3,20 et 5,50 dollars, qui reflètent respectivement les seuils de pauvreté nationaux dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et supérieure. Si on applique en Algérie ces 3 critères, les résultats  dévoileraient une proportion élevée et chaotique de la pauvreté dans le pays. Fort heureusement, la politique des subventions publiques des produits de première nécessité comme le pain, le lait, l’huile ou l’électricité et le gaz ainsi que l’eau et dans une moindre mesure les carburants, permet de limiter, pour le moment, les dégâts de cette pauvreté sur les Algériennes et Algériens. Or, cette politique sociale est confrontée aujourd’hui à une grave crise financière paralysant l’Etat algérien et ce dernier tente depuis 2020 de trouver une autre alternative à cette politique de transferts sociaux coûtant annuellement à l’Algérie entre 12 et 13 milliards de dollars USD.

C’est dire enfin que si, par malheur, le pays manquera un jour d’argent pour financer ces subventions sociales publiques, des millions d’Algériennes et d’Algéries basculeront dans l’extrême pauvreté.

 

 

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