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samedi, avril 27, 2024

Organiser des élections présidentielles anticipées en Algérie c’est comme jouer à la roulette russe avec l’avenir du pays

C’est une surprise générale qui a provoqué la confusion dans toute l’Algérie et soulevé de très nombreuses interrogations. Sur le plan purement politique, un pays qui organise des élections présidentielles anticipées est un pays qui est tout bonnement en crise profonde et ses institutions les plus névralgiques ne sont plus légitimes ni capables de répondre convenablement aux dysfonctionnements qui paralysent potentiellement le pays.

En clair, un pays normalement constitué ne peut organiser des élections présidentielles anticipées, à savoir des élections qui sortent du cadre constitutionnel ou réglementaire encadré par une loi organique électorale, que dans des circonstances très exceptionnelles : crise politique nationale majeure, contestations populaires extrêmes, risque d’agression étrangère, périls menaçant la sécurité nationale, etc. Or, dans la Nouvelle Constitution algérienne adoptée en novembre 2020, l’article 91 octroie effectivement le pouvoir au Président de la République d’organiser des élections présidentielles anticipées sans se référer à une quelconque exigence et sans respecter la moindre condition prescrite. En clair, nous sommes en 2024 et en Algérie, un Président peut décider comme bon lui semble qu’il est nécessaire d’organiser… des élections présidentielles anticipées. Une anomalie déconcertante qui explique la nature profondément totalitaire du pouvoir algérien où toutes les prérogatives les plus sensibles sont concentrées entre les mains d’un seul Homme : le Chef de l’Etat. Pour rappel, seulement 23% du corps électoral algérien s’est déplacé le 1er Novembre 2020 pour approuver par voie référendaire cette Nouvelle Constitution qui fait ainsi l’objet d’un taux d’abstention historique : 77%.

Une petite minorité d’algériens ont permis ainsi aujourd’hui à Abdelmadjid Tebboune d’organiser des élections présidentielles anticipées le 7 Septembre 2024 alors que le calendrier constitutionnel en vigueur prévoit un processus électoral ordinaire entre le 19 novembre et 19 décembre 2024. Mais organiser une élection présidentielle anticipée est-ce une mauvaise décision en soi ? Malheureusement, oui car cela revient à jouer à la roulette russe avec l’Avenir de l’Algérie. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une décision importante, voire vitale, prise avec beaucoup de risques. Et pour cause, l’article 88 de la Constitution algérienne interdit tout raccourcissement du mandat présidentiel d’une durée de 5 ans. Le mandat de Tebboune s’achève officiellement le 19 Décembre 2024. Il ne peut en aucun raccourcir son mandat à moins qu’il démissionne de son poste et dans ce cas de figure, il sera remplacé par le Président du Conseil de la Nation. En clair, constitutionnellement parlant, le nouveau Président qui pourrait être élu le 7 septembre prochain ne peut pas prendre ses fonctions officielles avant le 19 décembre prochain, date de l’achèvement du mandat d’Abdelmadjid Tebboune.

Et si ce dernier démissionne, le nouveau Président ne peut pas reprendre sa place puisque le poste revient de droit au Président du Conseil de la Nation qui doit gouverner le pays pendant une période de 90 jours comme l’explique précisément l’article 94 de la Constitution de novembre 2020. Le nouveau Président par Intérim du pays aura, par la suite, le droit légitime d’organiser de nouvelles élections pour une nouvelle transition du pouvoir au plus haut sommet de l’Etat. Et de ce fait, le nouveau président élu le 7 septembre 2024 perd toute reconnaissance de sa légitimité. C’est un scénario cauchemardesque qui pourrait se produire sur fond de crise politique profonde pire que celle de février 2019 et qui saperait ainsi sérieusement la stabilité de l’Algérie. C’est pour toutes ces raisons que cette annonce d’organisation des élections présidentielles anticipées est une très mauvaise décision qui, de surcroît, a été prise sans consulter aucunement le Peuple algérien, sans lui fournir la moindre explication justifiant le bien-fondé de violer le calendrier constitutionnel et encore moins une simple assurance ou des engagements garantissant la stabilité future du pays. Retrouvez toute analyse avec de plus amples informations dans le podcast vidéo de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar :

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