Il n’est pas aussi connu que Karim Tabbou, Rachid Nekkaz ou Amira Bouraoui, mais Merouane Mohamedi, l’enfant de Khenchela, est un militant du Hirak et un patriote sincère dont le sort illustre parfaitement la trajectoire malheureuse que la situation de l’Algérie est en train de prendre depuis le début de cette année 2020. Merouane Mohamedi fait partie de ces premiers algériens qui ont enclenché la dynamique contestataire ayant permis l’émergence du mouvement populaire, alias le Hirak, du 22 février 2019.
Merouane Mohamedi est en réalité un « acteur historique » car le 19 février 2019, cet homme a fait un geste qui a donné du courage à des milliers d’algériens et algériennes. Merouane Mohamedi est le premier algérien qui a osé arracher le portrait géant d’Abdelaziz Bouteflika accroché à la façade de l’APC de Khenchela par le P/APC de la commune, un élu FLN.
Immortalisé et largement relayé sur les réseaux sociaux, ce geste héroique a permis en quelque sorte l’avènement d’une nouvelle conscience politique à travers laquelle les Algériens dont dit non au statu-quo et à un 5e mandat successif qui signerait la confiscation définitive du pouvoir constitutionnel. Merouane Mohamedi a été parmi les leaders de ces manifestants de la ville de Khenchela qui se sont mobilisés contre la provocation du 5e mandat. Quelques jours plus tard, c’est le Hirak qui a commencé dans les rues de toutes les grandes villes du pays.
D’une certaine façon, Merouane Mohamedi a participé l’enclenchement d’une nouvelle révolution politique dans son pays. Or, cette révolution n’a pas encore abouti. Elle n’a pas encore réussi. Elle est même en danger car ses acquis se font rares. Au contraire, la nouvelle Algérie née de la chute de Bouteflika est une Algérie qui est encore plus impitoyable.
Preuve en est, Merouane Mohamedi est en prison depuis 29 juin dernier. Le 30 Juin, Merouane Mohamedi a été condamné à deux ans de prison dont une année ferme avec mandat de dépôt en comparution immédiate. Il a été reconnu coupable d’incitation à attroupement non-armé et d’atteinte à l’unité nationale à travers des publications sur Facebook.
Le procès en appel du détenu Merouane Mohamedi est programmé pour demain lundi 13 Juillet à la Cour de Khenchela. Merouane Mohamedi retrouvera-t-il sa liberté ? Même s’il quitte sa cellule, il ne pourra exprimer son bonheur car cette nouvelle Algérie dans laquelle il vit n’est vraiment pas celle dont il rêvait ni celle pour laquelle il voulait se battre…
