L’Algérie est devenu définitivement le pays le plus mystérieux et énigmatique au monde. Ce dimanche soir, le Chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, va aborder la délicate question des coupures d’internet en Algérie lors d’une interview qui sera diffusée ce dimanche à 22 H sur l’ENTV et toutes les télévisions algériennes. Et étrangement, lui aussi, a dénoncé vigoureusement ces coupures et considère qu’il est inacceptable de subir ces coupures généralisées en 2020, peut-on entendre dans un extrait de cette interview présidentielle diffusée ce dimanche après-midi par l’ENTV et plusieurs autres chaînes de télévision algériennes.
Ces déclarations sont totalement étranges et paradoxales car Tebboune oublie que récemment toute l’Algérie a été déconnectée et privée de l’internet sur instruction des autorités au nom… de la sécurisation des épreuves du baccalauréat 2020. Ces coupures ont duré presque toute une semaine, à savoir de dimanche jusqu’à jeudi dernier 17 septembre. Ces coupures politiques et arbitraires d’internet ont justement paralysé les bureaux d’Algérie Poste qui n’ont pas pu répondre ainsi aux besoins de leurs usagers à l’image de nombreuses autres institutions de l’Etat incapables de travailler convenablement sans… internet.
Lors de son interview de ce dimanche soir, Tebboune abordera justement le problème des coupures d’internet dans les bureaux d’Algérie Poste. Mais le Président ignore-t-il que l’Etat qu’il dirige depuis décembre 2019 est celui qui est à l’origine des ces… coupures brutales ? Comment Tebboune peut-il dénoncer une mesure officiellement décidée par l’Etat dont il est censé être le… Président ! Cette sortie médiatique est tout simplement inédite et irrationnelle. Si Tebboune désapprouve les coupures d’Internet, pourquoi a-t-il toléré, dés lors, la privation de toute l’Algérie de la connexion internet pendant toute la semaine des épreuves du baccalauréat 2020 ? Ce dispositif de censure du web et de blocage de l’internet a provoqué des pertes financières qui avoisinent les 100 millions de dollars, a-t-on constaté à la suite d’une évaluation objective des dégâts provoqués par les coupures d’internet sur le tissu économique et administratif du pays.
Si Tebboune est réellement sincère lorsqu’il parle de l’économie numérique et de la nécessaire modernisation du pays, il devrait au moins se raviser et se remettre en cause à propos de ces dispositifs de censure et de filtrage du web. A moins qu’il veuille nous faire comprendre qu’il n’est pas le décideur réel de ces coupures intempestives d’internet ayant soulevé l’indignation générale en Algérie. Et à ce moment-là, retour à la case de départ avec cette sempiternelle question : qui décide en Algérie et qui détient véritablement le pouvoir ?
