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dimanche, avril 28, 2024

L’incroyable procès d’Amira Bouraoui au tribunal de Constantine : une vie brisée pour des innocents

Le parquet de Constantine en Algérie a requis mardi 31 octobre dix ans de prison contre l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui et trois contre le journaliste algérien Mustapha Bendjama, accusé de l’avoir aidée à s’enfuir en France, a indiqué à l’AFP l’un des avocats de la défense. Le verdict est attendu pour le 7 novembre, a annoncé en début de soirée le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Amira Bouraoui, médecin de formation et âgée de 46 ans, est poursuivie par contumace pour « sortie illégale du territoire » après avoir franchi la frontière entre Algérie et Tunisie le 3 février, bravant une interdiction de sortie, avant d’être interpellée à Tunis alors qu’elle tentait d’embarquer vers Paris, a précisé Me Abdellah Heboul. La militante avait finalement pu s’envoler vers la France trois jours plus tard, malgré une tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie.

Alger avait qualifié son départ vers la France d’« exfiltration illégale » menée à l’aide des personnels diplomatiques et sécuritaires français et avait rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations. La brouille diplomatique s’était résorbée en mars. Le parquet a également requis cinq ans d’emprisonnement contre un agent de la police des frontières, Ali Takaida, et trois ans pour M. Bendjama, la mère de Mme Bouraoui, âgée de 71 ans, le chauffeur de taxi Djamel Miassi et Yacine Bentayeb, cousin de Mme Bouraoui. Les coaccusés de la militante sont poursuivis pour « constitution d’une association de malfaiteurs, sortie illégale du territoire national, organisation d’immigration clandestine par un réseau criminel organisé », selon l’accusation. Pour rappel, Mme Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement dans le mouvement Barakat contre le quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement de protestation Hirak et de travailler pour la radio privée indépendante Radio M.

Mustapha Bendjama avait été arrêté le 8 février dans les locaux du journal francophone Le Provincial, basé à Annaba (est), dont il est le rédacteur en chef, dans le cadre de l’affaire Bouraoui. Il a été condamné le 26 octobre à vingt mois de prison dont huit ferme aux côtés du chercheur algéro-canadien Raouf Farrah. Ils ont été reconnus coupables de « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens technologiques de médias ». M. Farrah a été remis en liberté après avoir purgé sa peine en détention préventive, tandis que M. Bendjama reste incarcéré car il est poursuivi dans plusieurs dossiers dont la fuite d’Amira Bouraoui. Dans un podcast vidéo détaillé, le Directeur de Publication d’Algérie Part, Abdou Semmar a expliqué les tenants et aboutissants de ce « procès politique » en indiquant qu’il a brisé la vie de plusieurs innocents. « Il restera pour l’éternité comme une tâche noire dans l’histoire de la Justice Algérienne », souligne à cet effet Abdou Semmar en relevant toutes les anomalies de cette affaire présentée en février 2023 comme un « Scandale d’Etat » alors qu’en réalité, elle est uniquement une vulgaire affaire de fuite vers l’étranger d’une opposante qui ne se sentait plus en sécurité en Algérie.

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