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jeudi, mai 2, 2024

Les révélations exclusives d’Algérie Part sur les scandales de Sonelgaz font « bouger » la Justice algérienne

Les investigations méticuleuses menées par Algérie Part et publiées le 3 mars 2021 concernant des anomalies considérables dans l’attribution des contrats pour la construction de la centrale électrique à cycle combiné d’Oumache III dans la wilaya de Biskra ont ébranlé le secteur énergétique algérien, mettant en exergue les pratiques douteuses au sein de SONELGAZ, l’entreprise nationale alimentant en énergie près de 14 millions de foyers. L’ampleur des irrégularités a conduit au licenciement du PDG de l’époque, Chahar Boulakhras, fin 2021, et a poussé la justice algérienne à ouvrir une enquête officielle, soulignant le rôle essentiel du journalisme d’investigation dans la lutte contre la corruption.


L’enquête a mis en lumière les mécanismes complexes de détournement des deniers publics à la suite de l’attribution d’un contrat de 100,68 milliards de Dinars (approximativement 630 millions d’euros) à la joint-venture Algéro-Coréenne HYENCO par la Compagnie de l’Engineering de l’Electricité et du Gaz (CEEG), une filiale de SONELGAZ. Cette joint-venture crée en 2015 par décision du conseil de participation de l’état CPE. HYENCO a ensuite sous-traité le contrat de génie civil en mode gré à gré simple au consortium Algéro-chinois YOUKAÏS-CRCC International, une démarche en violation directe et flagrante des procédures d’attribution des marchés de SONELGAZ de l’époque à savoir décision N°431

Afin de dissimuler leur manipulation contractuelle, et masquer la nature réelle de cette transaction illégale et immorale, le contrat de sous-traitance en question a été signé par le Directeur général Coréen de l’époque en lui faisant croire que cette attribution est en conformité avec les règles de l’art. notre enquête avait aussi soulevé des questions sur la vague des licenciements des cadres qui se sont opposé à cette transaction.


Malgré ce scandale révélé par Algérie Part, Nous avons appris que l’entreprise Youkaïs Construction, dirigée par le Franco-Marocain Brahim Bouzgoudi et propulsée par le ministre de l’Énergie, Mohammed Arkab, avait orchestré second plan encore plus sournois pour sécuriser un deuxième contrat majeur pour le montage électromécanique, valorisé à 100 millions de dollars. Afin de justifier cette attribution, Mr Bouzghoudi a été conseillé d’intenter une action auprès de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) contre SONELGAZ, visant à contraindre l’entreprise à renégocier le contrat de montage avec Youkaïs comme étant un accord à l’amiable.

La réaction à ces révélations ne s’est pas limitée à l’instruction de l’affaire par la brigade anti-corruption. Mourad Adjal, a profité de ce scandale pour lancer des actions en justice contre ses détracteurs, en tentant de les incriminer dans cette même affaire complexe et ce afin de justifier leurs révocations administratives, à l’exemple de l’ex PDG du groupe Mr Chahar Boulakhras accusé d’avoir retiré le contrat de la construction de la centrale à la filiale du groupe INERGA. Cette allégation a révélé une contradiction évidente dans la manière dont le groupe est géré.

Comment peut-on reprocher à Boulakhras d’avoir annulé un contrat avec la filiale INERGA sans également reprocher à Adjal de l’avoir purement et simplement dissoute ?

Cette affaire se place dans un contexte élargi concernant la gestion du groupe SONELGAZ, sous la direction du ministre de l’Énergie, Mohammed Arkab, dont le leadership est critiqué pour sa passivité exacerbée. Cependant, Arkab est également perçu par ses collègues comme un manipulateur adroit en ce qui concerne ses propres intérêts. Il a réussi à établir des liens étroits avec des entités lucratives telles que Youkaïs Construction ou IRMA Global, qu’il recommande vivement en échange d’avantages financiers. En agissant ainsi, il parvient à conserver une image publique de bienveillance, en dépit des reproches concernant une gestion peu transparente et l’adoption de stratégies destinées à protéger ses intérêts privés et ceux de ses proches alliés. Ces agissements se font au mépris de l’intérêt général, quitte à compromettre des carrières au sein du groupe ou à laisser des projets inachevés.

Dans ce contexte tendu, des figures emblématiques telles que l’ex-PDG de HYENCO, M. Yantren, ont été les victimes d’une campagne de discréditation menée par Adjal et son Zbir et chef de cabinet Mr Kafi , subissant humiliation et ostracisation après des décennies de service dévoué à SONELGAZ. De même, le Dr Chertouh, ancien chef de cabinet du ministre et de SONELGAZ, a vu sa carrière s’effondrer après avoir tenté d’alerter sur la précarité de la situation au sein de l’entreprise. Depuis ces événements, une chape de plomb semble s’être abattue sur les cadres de l’entreprise, désormais réticents à exprimer la moindre opposition à Adjal, anticipant leur retraite comme une échappatoire à d’éventuelles représailles, telles que des enquêtes internes biaisées, des passages forcés devant des conseils de discipline ou des commissions ad hoc non réglementaires.

Dans un mouvement perçu comme une tentative de consolider le soutien de la présidence en faveur d’Adjal, Arkab a loué les qualités de ce dernier durant le conseil des ministres, en manipulant les informations. Cette action a ensuite été récompensée par les louanges du président. Cette situation révèle les dynamiques complexes de pouvoir au sein de l’élite administrative algérienne, où les alliances et le népotisme prévalent sur la méritocratie.
Selon nos investigations, le vaste projet de redéploiement dirigé par Mourad Adjal à la tête de Sonelgaz ne cherche pas réellement à moderniser le groupe, comme il le prétend. Il semble plutôt agir comme une tactique complexe visant à obscurcir les pistes et à entraver toute enquête sur la gestion de l’entreprise. L’objectif sous-jacent est d’effacer les traces des malversations associées à des contrats compromettants signés par le ministre, qui occupait auparavant les postes de PDG du groupe et de la CEEG.

Ainsi, ce redéploiement fonctionne comme un moyen de couvrir les agissements passés du ministre, mettant en lumière une stratégie coordonnée pour détourner l’attention des enquêteurs. Pour ce faire, Adjal a orchestré un véritable labyrinthe administratif en procédant à une série de fusions et acquisitions entre les filiales du groupe, accompagnée d’un remaniement systématique des dirigeants de ces entités. Cette manœuvre a été mise en lumière par une enquête d’Algérie Part, dévoilant l’ampleur de ces manipulations. Pire encore, le duo formé par Arkab et Adjal a contraint les filiales à déménager régulièrement leurs sièges sociaux, un processus chaotique qui a mené à la perte de contrats et documents importants durant les transitions.


Ce stratagème machiavélique vise à semer la confusion parmi les documents administratifs, rendant ainsi la tâche des enquêteurs des services de sécurité et de la Direction Générale des Finances (DGF) particulièrement ardue, voire impossible, dans leur quête de preuves compromettantes. Cette stratégie, bien que semblant sortie tout droit d’un scénario de fiction, représente une réalité vérifiable et soulève de sérieuses préoccupations quant à la transparence et à la gestion éthique au sein de Sonelgaz. L’affaire met en lumière les tensions internes et les jeux de pouvoir qui semblent prévaloir sur l’intérêt général, révélant une lutte pour le contrôle et l’influence qui éclipse les objectifs stratégiques de l’entreprise. Cette situation interroge sur la cohérence des politiques de gestion et met en évidence le défi de maintenir une direction unifiée et efficace dans le secteur énergétique, crucial pour le bien-être national.

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