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vendredi, mai 17, 2024

Le viol collectif des enseignantes de Bordj Badji Mokhtar aggrave la colère des enseignants algériens

Les enseignants algériens sont en colère. Depuis plusieurs jours, des grèves cycliques sont enclenchées dans plusieurs wilayas à travers le pays. Et le drame du viol collectif des enseignantes de Bordj Badji Mokhtar à l’extrême sud du pays n’a pas manqué d’aggraver cette colère d’un corps miné profondément par les problèmes de la précarité et de la détresse sociale. 

Le 18 mai dernier sera une date sinistre et lugubre dans la mémoire collective de tous les enseignants algériens. 10 enseignantes ont été victimes d’un viol collectif, survenu dans la nuit du lundi à mardi 18 mai 2021, dans le logement de fonction d’une école, à Bordj Badji Mokhtar, une localité située à l’extrême sud algérien à 777 km au sud-est d’Adrar, par la route, et à 2 203 km au sud d’Alger. Cette agression sauvage a eu lieu au logement de fonction sis à la Nouvelle Ecole, numéro 10, à 2h du matin, par » quatre individus, qui leur ont fait subir un viol collectif pendant deux heures, en présence d’un nourrisson.

Un drame qui a secoué toute l’Algérie en provoquant une vague d’indignation générale à travers toute l’Algérie. Dés le lendemain de ce viol collectif, les enseignants de la wilaya d’Adrar enchaînent les rassemblements et les grèves pour dénoncer leurs conditions de travail et l’insécurité permanente à laquelle ils sont confrontés dans plusieurs localités éloignées du territoire national notamment à l’extrême sud du pays.

Le jeudi 20 mai dernier, les autorités judiciaires ont essayé de calmer la colère des enseignants en faisant des annonces concernant l’avancement des investigations pour l’arrestation des coupables de ce viol collectif. Le premier procureur général adjoint de la Cour d’Adrar, Mahmoud Bouleksibat, a révélé jeudi dernier que l’enquête ouverte par le parquet a abouti à  « un cas de viol commis sur une enseignante », « coups et lésions corporelles graves sur quatre enseignantes », « menaces à l’arme blanche » et « vole d’effets personnels ». Le même procureur a annoncé « l’arrestation de 9 suspects », dont « quatre ont avoué leur crime ».

Mais ces annonces n’ont pas suffi pour rassurer les enseignants algériens et les victimes du viol collectif de Bordj Badji Mokhtar, qui se trouvent dans une grande détresse psychologique après avoir subi des blessures très graves, sont devenues l’étendard de la révolte des enseignants algériens qui réclament des changements urgents dans leur secteur.

Après la grève pour trois jours à l’appel des 14 principaux syndicats autonomes du secteur, une grève enclenchée depuis le 9 mai, les enseignants de l’école élémentaire, moyenne et secondaire, personnel de l’administration centrale et technique poursuivent leur mobilisation.  Pour Meziane Meriane, président du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique, les enseignants ont des revendications salariales sur leurs retraites mais surtout, ils demandent des solutions à leurs problèmes. Ce leader syndicaliste parle d’un secteur de l’éducation désespéré.

Les enseignants algériens n’en pouvaient plus, explique-t-il. L’inflation, des salaires qui n’ont pas augmenté depuis près de 10 ans ou encore un enseignant du primaire qui, en début de carrière, touche aujourd’hui un salaire mensuel de quelque 125 euros… Tout cela ne leur permet plus de nouer les deux bouts à la fin du mois.

« Vous savez, il y a un ras-le-bol. C’est un ras-le-bol. Les salaires n’ont pas été révisés depuis 2012 et donc, on a perdu énormément de pouvoir d’achat, depuis 2012 à ce jour. Nous pouvons dire que nous avons perdu plus de 50% du pouvoir d’achat. Les salaires ne permettent pas aux familles de faire face aux besoins pendant 15 jours, voire moins », alerte Meziane Meriane. Après les trois jours de grève les 9, 10 et 11 mai, un collectif de quatorze syndicats de l’Éducation a annoncé, mardi 18 mai, le boycott des activités administratives et la rétention des notes du 2e trimestre ainsi que la tenue d’un rassemblement mercredi 26 mai devant l’annexe du ministère de l’Éducation à Ruisseau (Alger).

À la fin du sit-in, les syndicats se prononceront sur la possibilité d’un boycott des examens du 3e trimestre. Ce nouveau round de protestation a pour motif principal le pouvoir d’achat et la préservation de la dignité des enseignants algériens qui se sentent plus que jamais méprisés et humiliés par la société à la suite de ce drame du viol collectif de Bordj Badji Mokhtar.

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6 تعليقات

  1. C’est un scandale !
    Et dire que c’est le fruit de l’éducation nationale (arabisation forcée et fanatisme religieux) qui a enfanté ces monstres que les officiels tentent de dédouaner, paraît-il en proposant même des dédommagements aux victimes pour étouffer l’affaire
    Le peuple est en droit de demander la résiliation du contrat « arabisation clé-en-main » qui dénature la personnalité algérienne ! Il faut arrêter cette culture clanique venue d’ailleurs qu’on nous fait avaler de force !
    Il faut que tout le monde se donne la main pour que cette affaire ne soit pas étouffée comme d’autres avant elle !

  2. Vous racontez n’importe quoi…
    En France, une femme est tué par son conjoint ou ex-conjoint tout les 3 jours
    En France , il y’a trois viols toutes les heures ( 67 viols par jour)
    En France, il y’a 140 agressions par jour
    En France , 6,7 millions de personnes déclarent avoir été victimes d’inceste

    Aux USA, les chiffres sont effrayants …. UBER a déclaré 6000 viols ou agressions sexuels par ses propres chauffeurs aux USA…entre 2017 et 2018

    Pour le cas de Bordj Badji Mokhtar : une enseignante a été violé, d’autres ont été victimes de vol et de violences entre 2017 et 2018…

  3. Notre problème dans les pays arabo-musulmans, c’est l’hypocrisie du « faites ce que je vous demande, mais ne faites pas ce que je fais » ! Notre aspect extérieur est blanc mais notre intérieur est pourri. Que ça vous plaise ou non, nous avons cette désagréable habitude de vouloir tout le temps mettre la poussière sous le tapis. On fait du peuple des sujets insignifiants ! Mââlich ! Ceux qui squattent le pays sont prêts à payer (avec l’argent du peuple !) pour étouffer toutes sortes de scandales ! Dites-moi pourquoi on tort le coup à la justice pour n’en faire qu’un instrument au service de la caste dominante ?
    Normalement un pays islamique doit être un exemple de probité !
    Mais, voilà que vous vous donnez l’exemple des Koffar en matière de moeurs pour vous en faire un challenge à atteindre ! Vous pêcherez toujours en eau trouble !

  4. Comparaison n’est pas raison.

    Surtout quand les bases de la comparaison sont fausses.
    Mais de toutes les façons, même si elles sont fausses, elles ne doivent pas effacer le viol et torture de femmes sous un prétextes de morale « religieuse » comme ce qui a eu lieu à Bordj Badji Mokhtar. Ce sont des faits extrêmement graves qui trahissent une des caractéristiques de notre société. Et par extension, il convient de regarder cette tragédie dans le contexte de la condition féminine en Algérie.

    Lorsqu’on cite les chiffres d’atteintes sexuelles concernant la France et les USA, ceux-ci émanent d’organismes officiels de l’état ou d’associations de citoyens ayant pignon sur rue et dont les enquêtes se basent sur des dépôts de plaintes ou d’analyses, de verdicts de tribunaux ainsi qu’auprès de personnes dument identifiées et reconnues. Ces chiffres ne sont pas contestables. Ils sont tenus à jour, d’année en année, et rendus visibles et lisibles. C’est pour en combattre les causes par la mise en place de léglisations appropriées que ces statistiques sont révélées, tout en permettant aux victimes d’être identifiées en tant que telles et d’obtenir réparation.

    Il n’en est pas de même dans notre pays. Il n’existe aucun organisme officiel capable de rendre compte de ces problèmes qui touchent toute la société. Et particulièrement à notre époque. Il n’existe, en Algérie, aucune statistique officielle qu’on puisse consulter permettant d’avoir une idée précise des cas de viol ou d’agressions sexuelles pour un majeur, ou d’atteinte sexuelle sur un mineur… Et même si ces enquêtes existaient, nous savons qu’il y a moins d’une personne sur cinq qui dépose une plainte.

    La réalité algérienne contemporaine est marquée par des violences multiformes. De catastrophes naturelles aux inondations, de tremblement de terre aux séquelles du terrorisme en passant par le profond malaise social actuel. Nos concitoyens ont vécu et vivent de difficiles évènements hors du commun.

    Et qu’elle est donc la réalité pour les femmes algériennes dans ce contexte?

    -En 2021, il y a encore des villes où on jette et on brûle les effets d’une jeune femme qui ose vivre seule en appartement, sous prétexte que ça deviendrait un lieu de perdition.
    -59 % des femmes algériennes âgées entre 15 et 49 ans estiment qu’un mari a « le droit de frapper ou de battre » son épouse pour diverses causes.
    -Si les Algériennes jouissent du droit de vote et d’éligibilité à toutes les fonctions, leurs droits juridiques dans des domaines comme le mariage, le divorce ou les successions sont inférieurs à ceux des hommes.
    -Sur 11 millions de travailleurs, moins de 20% sont des femmes alors qu’elles représentent deux tiers des diplômés du pays. -Dans notre société, après ablation du sein due à un cancer, des femmes algériennes sont rejetées par leur mari sous le prétexte qu’elles sont « nass mraa » ou « lamgataa ». Des centaines d’Algériennes sont ainsi abandonnées par leur mari après un cancer du sein. -Les violences faites aux femmes sont partout comme la violence verbale subie dans la rue et, surtout, le harcèlement sexuel subi sur le lieu de travail.
    -Sans compter que beaucoup de femmes sont privées de leur salaire par les époux, les frères ou les pères.

    Pour conclure : En Algérie, c’est la misère et l’ignorance – voire un délire obsidional qui enferme l’homme dans la région la plus trouble, la plus confuse de lui-même auquel se joint une peur quasi obsessionnelle du sexe féminin – qui conduit certains individuis à des comportements agressifs et outrageants à l’égard de la femme tels que ceux évoqués plus haut.

    L’arabisation de l’enseigneùment n’y est pour rien.
    La littérature érotique arabe existe depuis des siècles. Cette belle langue a su chanter les amours, toutes les amours, al-hubb al-ûdhri (amour courtois), l’Amour humain ou amour profane, al-hubb al-ilahi (amour divin). Abou Nawas, poête bachique d’origine iranienne vivant sous la dynastie Abbasside (750 – 1258) écrivait même en langue arabe des poèmes d’amour à la gloire de l’homosexualité!