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dimanche, mai 19, 2024

Le dossier de la mémoire : un bon point pour Tebboune et Macron

L’Algérie et la France ont franchi un pas vers des relations beaucoup plus apaisées dans le dossier très délicat de la mémoire partagée par les deux pays. Hier vendredi, l’Elysée, à savoir la Présidence français, a annoncé officiellement qu’Emmanuel Macron a reçu l’historien Benjamin Stora et lui a confié une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».

Cette mission, dont les conclusions sont attendues à la fin de l’année, « permettra de dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ainsi que du regard porté sur ces enjeux de part et d’autre de la Méditerranée », a expliqué la présidence française. Cette annonce de l’Elysée est venue donc confirmer les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune faites le 13 juillet dernier dans son entretien accordé au journal français l’Opinion. Il avait indiqué que « l’historien Benjamin Stora a été nommé pour accomplir ce travail mémoriel du côté français ».

Ces derniers jours, plusieurs médias algériens et des activistes sur les réseaux sociaux avaient mis en cause la parole de Tebboune estimant que le président algérien s’est « précipité hâtivement » dans un dossier qu’il ne maîtrise pas. Certains observateurs ont même crié au scandale considérant que Tebboune a lancé des Fake News sur ce sujet et portant ainsi un lourd préjudice  à la crédibilité de l’Etat algérien. Finalement, ces critiques virulentes sont totalement infondées et c’est Tebboune  qui a eu raison puisqu’hier vendredi, Emmanuel Macron a respecté son engagement en conviant Benjamin Stora et en lui confiant cette mission mémorielle.

Né en 1950 à Constantine en Algérie, Benjamin Stora est l’un des spécialistes les plus réputés de l’histoire de l’Algérie, en particulier de la guerre (1954-1962) qui déboucha sur l’indépendance du pays. Dans sa lettre de mission, Emmanuel Macron précise qu’« il importe que l’histoire de la guerre d’Algérie soit connue et regardée avec lucidité. Il en va de l’apaisement et de la sérénité de ceux qu’elle a meurtris. » Pour lui, il en va aussi « de la possibilité pour notre jeunesse de sortir des conflits mémoriels ».

Du côté Algérien, Tebboune a désigné Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès de la Présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la mémoire nationale, en tant que représentant de l’Algérie pour mener le travail en cours avec l’Etat français sur les dossiers inhérents à la mémoire nationale et à la récupération des archives nationales. Ce choix a été vivement critiqué par de nombreux observateurs considérant que Chikhi n’a pas la carrure nécessaire pour une telle mission sur la mémoire collective partagée par l’Algérie et la France. Ces critiques sont acceptables et le débat reste ouvert.

Mais force est de reconnaître que Tebboune a tenu sa parole concernant ce dossier sensible et il n’a pas manipulé l’opinion publique. Le président algérien gagne un point précieux en s’engageant dans ce processus de réconciliation avec la France pour clore définitivement les différends liés au passé colonial. Quant à Emmanuel Macron, le président français a démontré une nouvelle qu’il est sans nul doute le président français le plus ouvert et le moins complexé vis-à-vis de la question de la mémoire coloniale. En acceptant de travailler la main dans la main, Tebboune et Macron ont, peut-être, sont en train de participer à l’écriture d’un nouveau chapitre de l’histoire des relations algéro-françaises. Il leur reste, maintenant, de protéger cette commission mixte entre les deux pays sur les questions mémorielles contre les manoeuvres de certains lobbys malintentionnés en France comme en Algérie. Il était temps de dépolitiser l’histoire pour pouvoir enfin l’enseigner sainement aux générations futures.

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