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dimanche, mai 19, 2024

L’absence d’une politique de dépistage en Algérie rend impossible l’ouverture réelle des frontières

L’Algérie risque, malheureusement, de ne pas pouvoir ouvrir ses frontières jusqu’à la fin… de la pandémie de la COVID-19 ! Soit pas avant la mise en place d’un vaccin effectif contre le coronavirus COVID-19. Il s’agit d’une perspective que les Algériennes et Algériens doivent envisager sérieusement en raison de l’absence d’une politique de dépistage dans leur pays. 

En effet, l’ouverture des frontières notamment de l’espace aérien et maritime dépend entièrement de la disponibilité des tests de dépistage PCR en Algérie. Pourquoi ? Pour se rendre dans la majorité des pays de la planète, les voyageurs doivent présenter un résultat de test PCR négatif, réalisé moins de de 72 heures avant le départ, avant l’embarquement.

Les pays de l’espace Schengen, par exemple, imposent des mesures coercitives dans ce sens : les voyageurs ne peuvent pas embarquer s’ils ne peuvent pas présenter ce document, à savoir le résultat d’un test PCR négatif. La Tunisie voisine a appliqué la même mesure préventive pour les tous les voyageurs qui devront entrer sur son territoire.  Depuis mercredi 19 août, tous les voyageurs entrant en Tunisie, quelle que soit leur provenance ou nationalité, devront présenter un test PCR négatif au COVID-19, réalisé moins de 72h avant l’arrivée sur le sol tunisien.

Les autorités tunisiennes qui ont ouvert leur espace aérien depuis la fin du mois de juin passé ont fait preuve d’un inédit sens de responsabilité en déployant une stratégie préventive bien rodée qui  consiste à imposer aux voyageurs entrant sur le territoire tunisien une présentation d’une fiche sanitaire, un engagement par écrit à effectuer un auto-isolement (en hôtel ou à domicile) pendant une durée de 14 jours et une deuxième possibilité de faire un second test PCR 6 jours après la date d’arrivée sur le sol tunisien. Si le test est négatif, les voyageurs récemment arrivés auront la possibilité de sortir de quatorzaine.

Au Maroc, notre voisin de l’ouest, a emboité le pas à la Tunisie en organisant sévèrement l’ouverture des frontières qui a été opérée depuis le 7 septembre dernier.  En effet, pour entrer sur le territoire marocain, quelles que soient votre nationalité et votre provenance, il vous faut actuellement présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures ainsi qu’un test sérologique. Seuls les enfants de moins de 11 ans en sont dispensés. Le Maroc a établi également un dispositif sanitaire qui concerne les liaisons maritimes. En effet, si des voyageurs viennent au  Maroc à bord d’un ferry et que la validité du test est inférieure à la durée du trajet, un test PCR supplémentaire doit être effectué à bord du navire.

Mais pour mettre en place toutes ces mesures préventives, les autorités marocaines comme les autorités tunisiennes ont développé durant plusieurs mois une véritable politique de dépistage basée sur la disponibilité des kits de dépistage PCR et l’élargissement des tests de dépistage aux laboratoires privés. Il faut savoir qu’au Maroc, jusqu’au 1er septembre dernier, près de deux millions de marocains ont été testés grâce à une politique de dépistage PCR massive. En Tunisie, à la même date, plus de 145 mille tunisiens ont été dépistés dans le cadre d’une campagne de dépistage ciblé. C’est beaucoup moins important que le Maroc, mais c’est nettement meilleure que l’Algérie dont le nombre de tous les cas suspects qui ont été dépistés depuis le début de la pandémie au début du mois de mars dernier n’a pas encore dépassé les 100 mille personnes !

Et c’est justement à ce niveau-là qu’un gros problème se pose pour l’Algérie. Sans politique de dépistage au sens propre du terme, aucune ouverture des frontières n’est envisageable car si les voyageurs en provenance de l’étranger peuvent se procurer un résultat de test de dépistage PCR, les voyageurs nationaux qui veulent quitter le pays seront confrontés à la pénurie des kits de dépistage PCR. En effet, à Alger comme toutes les autres villes du pays, les laboratoires privées qui réalisent des tests de dépistage PCR sont quasiment inexistants excepté quelques laboratoires privés esseulés qui facturent énormément cher, très cher, jusqu’à plus de 15 mille Da, la réalisation d’un test de dépistage PCR.

Des tests qui manquent cruellement en Algérie parce que l’Etat algérien ne s’est pas doté tout court d’une politique de dépistage conformément aux exigences de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) formulées depuis le mois de mars dernier autour d’un seul mot d’ordre : « Testez, testez, testez ! »

Un mot d’ordre que l’Algérie n’a jamais appliqué. Preuve en est, sur l’ensemble des cas à l’échelle nationale, le pourcentage de diagnostic de la Covid-19 par la méthode
PCR est d’à peine de 35,4 % ! C’est le dernier bulletin épidémiologique de l’Institut National de la Santé Publique (INSP) du 13 septembre dernier. Cela signifie que la majorité écrasante des cas suspects de coronavirus COVID-19, soit près de 65 %, ne sont pas soumis au test de dépistage PCR faute de disponibilité des kits de dépistage PCR dans les centres hospitaliers algériens.

Le dernier rapport de l’INSP par région sanitaire a dévoilé que la proportion de l’utilisation des tests de dépistage PCR dans le diagnostic des cas suspects de coronavirus COVID-19 ne dépasse pas les 28,6 % dans les wilayas du centre du pays, à savoir la région la plus peuplée dans le pays avec la capitale Alger et ses environs. Cette faiblesse chronique du dépistage traduit l’impuissance de l’Etat algérien à gérer comme il se doit la situation sanitaire du pays face aux risques de la pandémie du coronavirus COVID-19. Et c’est cette même impuissance qui va retarder pendant longtemps l’ouverture des frontières du pays.

 

 

 

 

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