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lundi, mai 6, 2024

La Réunion de l’Opep +, Prélude à la Faillite de la Maison Algérie…

La 9ème réunion ministérielle (extraordinaire) des pays de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (Opep) et non-Opep, s’est tenue via un webinaire, le jeudi 09 avril 2020, sous la présidence du Prince Abdul Aziz Bin Salman, ministre de l’Énergie de l’Arabie saoudite, et du coprésident Alexander Novak, Ministre de l’énergie de la Fédération de Russie.

Dans l’espoir d’enrayer la chute des cours du pétrole, l’Opep et ses alliés dont la Russie, désignés sous le nom d’Opep+, ont annoncé le 09 Avril 2020, une baisse de leur production de 10 millions de barils par jour pour les mois de mai et juin 2020, soit 10% de l’offre mondiale. Cette première baisse se poursuivra à des niveaux inférieurs pendant deux ans.

L’Opep+ compte ramener la baisse de sa production à 8 millions de barils par jour (bpj) jusqu’en décembre 2020, puis à 6 millions de bpj entre janvier 2021 et avril 2022.

Le communiqué de l’Opep du 09 Avril 2020, avait ainsi détaillé ce point de la Déclaration de coopération :

« Ajuster à la baisse leur production globale de pétrole brut de 10,0 mb / j, à compter du 1er mai 2020, pour une période initiale de deux mois se terminant le 30 juin 2020. Pour la période suivante de 6 mois, du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2020, l’ajustement total convenu sera de 8,0 mb / j. Il sera suivi d’un ajustement de 6,0 Mb / j pour une période de 16 mois, du 1er janvier 2021 au 30 avril 2022. La base de calcul pour les ajustements est la production pétrolière d’octobre 2018, sauf pour le Royaume d’Arabie saoudite et la Fédération de Russie, tous deux avec le même niveau de référence de 11,0 mb / j. L’accord sera valable jusqu’au 30 avril 2022, cependant, l’extension de cet accord sera réexaminée en décembre 2021 »

L’exceptionnelle durée de l’accord, qui couvre deux années, semble indiquer la volonté du cartel à vouloir maitriser la production de pétrole dans un environnement dominé par une baisse mondiale de la demande, imposé par la pandémie de coronavirus.

Toutefois, il y a lieu de noter que cet accord a été conclu sans le Mexique, seul pays producteur à avoir rejeté l’accord proposé. Rocío Nahle García, l’actuelle secrétaire à l’Énergie du gouvernement mexicain a même quitté la réunion avant la fin des négociations.

Les objections du Mexique s’étaient focalisées sur le niveau de référence de leurs réductions, le producteur de pétrole d’Amérique latine plaidant pour un chiffre plus élevé qui aurait entraîné peu ou pas de baisse de la production actuelle.

La déclaration complète de l’alliance Opep + précise que la réduction quotidienne de 10 millions de barils est conditionnée au consentement du Mexique. Ainsi si le Mexique réaffirme son refus de signer l’accord à la réunion du G20, l’accord ne se réalisera pas !

Il faut dire que le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador avait fait de l’augmentation de la production de la compagnie pétrolière nationale Pemex une pierre angulaire de son programme économique !

Tout comme le Mexique, l’Algérie craint que l’arrêt d’une grande partie des activités économiques mondiales, en raison de l’épidémie de coronavirus, ne provoque une chute encore plus drastique de la demande mondiale, évaluée aujourd’hui à 30%n ce qui représente environ 30 millions de barils par jour (bpj) !

Il va sans dire que si les cours du Brent à la bourse de Londres en ce 10 Avril 2020 se maintiennent à un niveau historiquement bas de de 31,99 USD à 11H GMT, le Sahara Blend, baril algérien coté sur le marché londonien, va sévèrement amputer le budget de l’Algérie qui a besoin d’un prix du baril largement supérieur.

Car c’est 23% de volume en moins, représentant 241000 Barils quotidiennement, qu’Alger exportera désormais…

L’Algérie comme la plupart des pays producteurs d’énergies fossiles, vivant essentiellement de revenus liés à l’exportation d’hydrocarbures, espèrent désormais que les Etats-Unis, premier producteur mondial, et d’autres pays comme le Canada, la Norvège et le Brésil, réduiront à leur tour leur production pour un total de 5 millions de bpj.

Pourtant, si des pays importateurs pourraient, dans le sillage de cet accord historique, annoncer des achats de pétrole pour leurs réserves stratégiques et augmenter la demande, et si même les Etats-Unis acceptaient de réduire leur production, cette diminution globale de 15 millions de bpj ne représenterait que la moitié de la chute de la demande provoquée par la crise sanitaire en cours…

Certains spécialistes, comme les banques Goldman Sachs et UBS, estiment que même une baisse massive de la production ne suffira pas à enrayer la dégringolade des cours et que les prix du pétrole pourraient plonger à 20 dollars le baril, voire moins !

« Au bout du compte, l’ampleur du choc de la demande est tout simplement trop importante pour une baisse coordonnée de l’offre« , écrit Goldman Sachs dans une note.

« Les baisses de production de l’Opep+ ne feront que rattraper au mieux la chute de la demande tant que n’auront pas été levées les mesures drastiques de distanciation sociale et de fermeture des économies« , a commenté Roger Read, spécialiste du secteur de l’énergie à la banque Wells Fargo.

Un scénario catastrophique pour l’Algérie qui va cruellement manquer de richesse pour mener à bien sa politique de paix sociale, basée sur la subvention de produits de consommation de première nécessité…

Les chiffres du secteur de la santé qui explosent, l’exceptionnel déficit économique creusé par un inquiétant recul de l’offre pétrolière et à la baisse de prix du baril évoquée plus haut, conjugués à un programme d’importation soutenu afin de pallier à une économie moribonde, présagent de la faillite et de l’incompétence de l’équipe au pouvoir, mettant incessamment en péril l’Algérie et tout son Peuple…

A quand le changement ?

Amir Youness

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