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samedi, avril 27, 2024

La crise avec le Mali va trop loin : le régime Tebboune place pour la première fois Algérie… sur le banc des accusés

La crise entre l’Algérie et le Mali va loin, trop loin même et les autorités maliennes viennent de lancer officiellement de graves accusations contre le régime algérien. Le gouvernement de Transition malien a annoncé hier jeudi 25 janvier la « fin, avec effet immédiat » de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, et dénoncé son « instrumentalisation par les autorités algériennes ».

Cette décision s’explique par « le changement de posture de certains groupes signataires, devenus des acteurs terroristes poursuivis par les autorités maliennes », mais aussi par « les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord, de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation », précise un communiqué du porte-parole du gouvernement de la Transition, le colonel Abdoulaye Maïga. Ce dernier a proféré officiellement de très graves accusations contre l’Algérie. Il a affirmé que l’Algérie a soutenu les groupes terroristes au Mali, en leur offrant l’asile et en leur permettant d’ouvrir des bureaux sur son sol. Il lui reproche également d’avoir participé activement à maintenir le régime de sanctions économiques imposé au Mali par la communauté internationale.

Il l’accuse en outre d’avoir tenté de manipuler le dernier sommet du Mouvement des Non Alignés à Kampala, en cherchant à imposer une résolution hostile au Mali. Le gouvernement de transition au Mali a déclaré aussi à l’Algérie qu’il n’est pas « un État paillasson » ou son « arrière-cour » et lui adresse une série de graves accusations de terrorisme. Le Mali rappelle le rôle central qu’il a joué dans l’indépendance de l’Algérie et s’interroge même sur l’attitude que pourrait adopter l’Algérie si celle-ci constate que Bamako accueille des indépendantistes kabyles.

« Le gouvernement de la Transition serait curieux de savoir le sentiment des autorités algériennes, si le Mali devait accueillir au plus haut sommet de l’État, des représentants du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie », a indiqué à ce sujet le porte-parole du gouvernement malien. Pour le moment, les autorités algériennes n’ont pas encore réagi face à ces accusations inédites de la part du Mali. C’est la première fois dans l’histoire de l’Algérie qu’un Etat voisin ou étranger, à l’exception du Maroc à cause du conflit autour du Sahara Occidental, accuse ouvertement les autorités algériennes de violer sa souveraineté nationale et de soutenir des groupes armés radicaux. Le régime algérien doit absolument répondre à ces accusations et trouver des solutions rapides à la crise qui l’oppose à son voisin malien.

En vérité ce n’est plus une crise, c’est dorénavant un conflit qui oppose l’Algérie au Mali. Les autorités algériennes ont, d’ailleurs, réagi officiellement aux graves accusations formulées par les autorités de transition au Mali. Et la réaction de l’Algérie n’apporte pas du tout l’apaisement, au contraire, elle dévoile un fossé de tensions qui minent les relations entre Bamako et Alger. Dans son communiqué rendu public le vendredi 26 janvier, la diplomatie algérienne ne s’adresse même pas aux autorités maliennes pour répondre point par point à leurs reproches et accusations.

Non, la Diplomatie algérienne, à travers le ministère des Affaires Etrangères, a préféré s’adresser directement au « peuple malien » ignorant ainsi tout bonnement ses autorités. L’Algérie démontre ainsi qu’elle ne reconnaît plus la légitimité du pouvoir actuel aux commandes de l’Etat Malien. Cette non-reconnaissance de la légitimité des dirigeants maliens ouvre un nouveau chapitre dans la crise entre Alger et Bamako d’autant plus que l’Algérie se permet même d’expliquer directement au peuple malien ce qui est bon pour lui, ce qui doit être fait pour son avenir et ce qui pourrait nuire à sa propre sécurité. Une posture totalement inédite dans l’histoire de l’Algérie qui faisait de la non-ingérence un pilier fondamental de sa politique étrangère. Cette attitude va immanquablement aggraver le conflit algéro-malien.

Force est, par ailleurs, de constater que la crise malienne a révélé au grand jour un inédit éloignement opéré par la Russie vis-à-vis de l’Algérie. La Russie, nouveau maître du Sahel avec son influence grandissante et incontournable sur le Mali, Niger ou le Burkina Faso, des pays qui ont basculé dans son camp après avoir éjecté la France et ses relais de leurs territoires, a visiblement tourné le dos à l’Algérie dans le conflit qui l’oppose ouvertement aux dirigeants des actuelles autorités maliennes.

Hier vendredi 26 janvier, l’Algérie par le biais de son ministère des Affaires Etrangères, a officiellement dénoncé le programme de réarmement du Mali « financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux », déplore le communiqué officiel de la diplomatie algérienne. Or, ces pays tiers fait référence à la Russie qui est le principal « parrain » du nouveau régime malien et son principal fournisseur d’équipements militaires sans oublier le déploiement des paramilitaires du groupe Wagner qui encadrent les opérations militaires maliennes contre les groupes armés rebelles proches de l’Algérie.

En clair, au Mali, la Russie soutient activement les actions et nouvelle politique du gouvernement malien qui menacent et portent directement préjudice aux intérêts de l’Algérie étant donné que cette dernière veut à tout prix empêcher la guerre à ses frontières et gérer un processus de paix avec tous les belligérants dans le cadre des Accords d’Alger de 2015.

La crise malienne confirme ainsi que la Russie a pris ses distances avec le régime algérien et ce processus semble bel et bien avoir commencé dés le 2e semestre de 2023 lorsque le régime Tebboune a entamé un profond rapprochement avec la France et les Etats-Unis, les deux pires adversaires de la Russie sur la scène géopolitique mondiale. Depuis son indépendance, jamais l’Algérie ne s’est retrouvée dans une telle configuration géopolitique où ses alliés les plus historiques l’abandonnent petit à petit sans qu’elle puisse pour autant tisser de nouvelles alliances utiles pour ses intérêts suprêmes puisque avec les puissances occidentales, l’Algérie peine encore à tirer le moindre bénéfice de sa nouvelle politique de rapprochement. Le conflit algéro-malien démontre enfin que l’actuel régime algérien est de plus en plus isolé à cause des relations empoisonnées qu’il impose régulièrement à ses anciens partenaires ou ses voisins. Une posture malheureusement très dangereuse pour notre pays comme l’explique avec beaucoup de précisions notre Directeur de Publication, Abdou Semmar, dans ses podcasts vidéos :

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