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dimanche, mai 19, 2024

Khaled Drareni condamné à 3 ans de prison ferme : les divisions de la presse algérienne facilitent la persécution du pouvoir algérien

Choc et vive émotion à Alger et ailleurs en Algérie. Le journaliste Khaled Drareni a été condamné officiellement ce lundi 10 août à  trois ans de prison ferme pour « incitation à un attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ». Il avait été interpellé le 7 mars dernier alors qu’il couvrait une marche du mouvement de protestation du Hirak. Incarcéré à la prison de Koléa depuis le 29 mars dernier, le tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger a décidé que Khaled Drareni reste en prison pendant encore 3 années.

Reporters sans frontières (RSF) n’a pas hésité à réagir vigoureusement en estimant que ce verdict relève « clairement d’une persécution judiciaire », a fustigé le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Cette décision d’une « justice aux ordres » « soulève le cœur et l’esprit par son caractère arbitraire, absurde et violent », a écrit encore M. Deloire sur son compte Twitter.

Mais au-delà la dimension totalement arbitraire et totalitaire de ce procès, l’affaire Khaled Drareni, victime d’un acharnement judiciaire inouï, est également la victime des divisions qui minent la corporation des journalistes algériens. Une corporation qui n’a pas du tout agi pour exercer ne serait-ce que des pressions formelles sur les autorités algériennes afin de peser sur le cours des évènements. Ni rassemblement, ni sit-in, ni formation d’un collectif national pour la défense des journalistes emprisonnées, ni encore moins un syndicat pour parler d’une même voix, les journalistes algériens ont été totalement absents sur le « ring ». Excepté les condamnations virtuelles sur les réseaux sociaux et les coups de gueule pondus à longueur de journée sur Facebook, force est de constater que Khaled Drareni n’a bénéficié d’aucun soutien sérieux et fondé de la part de ses confrères ou consoeurs éternellement divisés sur des questions idéologiques ou malentendus personnels.

C’est dans ce conteste que Khaled Drareni va rester 3 années en prison. A moins qu’un procès en appel aboutisse à une remise en liberté. On l’aura donc compris : ce scandale ne traduit pas seulement l’arbitraire méchant de la justice algérienne. Il reflète l’actuelle faiblesse de la presse algérienne très divisée par les différends internes et les jalousies mesquines. Dans un pays qui se respecte, face à cette affaire, les journalistes auraient pu organiser des grèves, des protestations symboliques ou des campagnes de sensibilisation avec des coups de poing réfléchis.

 

Au lieu de cela, les journalistes algériens sont restés sur Facebook à crier des colères virtuelles. Aucune pression n’a été exercée sur le pouvoir Algérien par les confrères et consœurs de Khaled Drareni. Il était tout de même totalement possible d’organiser des protestations respectueuses des consignes sanitaires afin de ne pas exposer la santé publique à tous les dangers en cette période de pandémie du coronavirus COVID-19.

Aujourd’hui, le pouvoir Algérien sait pertinemment que les journalistes sont une proie facile, très facile. Après Khaled Drareni, à qui le tour ? En restant uniquement sur Facebook sans aucune organisation syndicale forte et unie, les journalistes algériens sont en train d’offrir « leurs gorges à l’égorgeur ». C’est terrible, certes.  Mais c’est la réalité amère d’un pays qui devient une dictature atroce et sans pitié avec la complicité ou l’indifférence d’une bonne partie de la corporation de la presse algérienne.

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