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mardi, mai 7, 2024

Il entretenait des liens avec des institutions militaires françaises : Le porte-parole du gouvernement algérien Amar Belhimer au coeur d’une vive polémique

Depuis plusieurs jours, Amar Belhimer, le porte-parole du gouvernement algérien, et ministre de la communication, est au coeur d’une très vive polémique qui relance le débat sur l’hypocrisie des dirigeants algériens à l’égard de la « main étrangère », cette théorie du complot abusivement utilisée pour condamner arbitrairement des opposants algériens. 

Le 16 août dernier, Amar Belhimer a été publiquement accusé par le chercheur algérien établi en France, Ali Bensaad, Professeur des universités et spécialiste du Monde arabe, Afrique, Moyen Orient ainsi qu’enseignant à l’Institut français de géopolitique, d’avoir bénéficié « d’au moins quatre billets d’avion de l’ambassade de France au Maroc et probablement plus sans compter des billets de l’ambassade de France en Algérie ». « Je le sais parce que j’ai été chercheur en délégation CNRS au Centre Jacques Berque qui lui a permis de bénéficier de ces billets qui sont documentés », a expliqué Ali Bensaad dans un long texte publié sur page Facebook.

« Je ne lui en fait pas grief. Mais pourquoi un billet d’avion fait de Khaled Drareni un espion à la solde de la France et qu’une dizaine de billets délivrés par les ambassades françaises à M. Belhimer en font un patriote soucieux de l’intérêt national algérien ? Pourquoi ce qui est hallal pour lui est haram pour Khaled Drareni ? »,  a  affirmé encore dans sa publication Ali Bensaad. Ce dernier est allé jusqu’à révéler que l’actuel porte-parole du gouvernement algérien qui diabolise sans cesse les correspondants de la presse étrangère notamment française en Algérie « a tissé des liens et collaboré avec des institutions militaires françaises et produit pour elles des notes longtemps avant même d’avoir pensé un jour être ministre ».

« Les questions de guerre et de paix sont trop sérieuses pour les laisser aux seuls militaires et diplomates. En Europe, à la demande des sociétés, les institutions militaires se sont ouvertes aux débats avec les universitaires dont beaucoup croient, à juste titre, en la vertu du dialogue et de l’éclairage des militaires sur les enjeux des conflits .Il est important que des universitaires des pays du Sud qui font le plus les frais de ces conflits, participent à ces débats. « Je ne ferai donc pas grief à M. Belhimer d’avoir produit des notes stratégiques sur l’Algérie pour des institutions liées au ministère de la défense française. Je ne crois pas qu’il ait pu ainsi menacer les intérêts de l’Algérie. Pourquoi alors les relations de Khaled Drareni avec ‘’SOS racisme’’ et ‘’Reporters sans frontières’’ menaceraient elles la sécurité nationale algérienne ? », s’est interrogé ainsi Ali Bensaad.

Ces révélations fracassantes sur le passé d’Amar Belhimer ont suscité une très vive polémique car elles interviennent au moment où le gouvernement algérien tente coûte que coûte de justifier l’infâme condamnation du journaliste Khaled Drareni à 3 années de prison ferme par le tribunal de Sidi M’hamed pour avoir couvert une simple manifestation du Hirak. Le régime algérien algérien essaie depuis plusieurs jours de ternir l’image de Khaled Drareni en le présentant comme un « agent d’une puissance étrangère » ! Un argumentaire osé et absurde lorsque le porte-parole même du gouvernement algérien collaborait avec des institutions sécuritaires et militaires françaises comme l’a si bien expliqué Ali Bensaad.

Mais ce dernier en jetant ce pavé dans la mare a réveillé les démons du régime algérien. Dans les colonnes de plusieurs journaux algériens nourris par la publicité publique du régime, des plumitifs ont pris la défense acharnée de Belhimer en essayant de laver son honneur. Face à cette campagne médiatique de « sauvetage » du soldat Belhimer, le chercheur algérien Ali Bensaad a répondu par une nouvelle tribune sur sa page Facebook dans laquelle il a révélé de nouvelles vérités amères.

« En décidant de porter à la connaissance de l’opinion publique les faits concernant le ministre Belhimer, je savais ce que je faisais. Je l’ai fait en disposant de faits documentés. Je persiste et signe. J’ai posé un problème par les réseaux sociaux parce que c’est la seule voie en Algérie. Maintenant que c’est fait, il faut établir la réalité des faits. Seule la justice peut le faire », a défié ainsi Ali Bensaad.

« C’est l’Etat ou ce qu’il en reste que j’interpelle. C’est à lui de le faire. Moi, je suis prêt à aller en justice pour administrer les preuves de ce que j’avance et j’en assumerai toutes les conséquences », a encore relevé Ali Benssad d’après lequel  « l’affaire Belhimer, c’est l’autre face de l’affaire Salim Chaabna, ce ministre de ce même gouvernement qui a préféré abandonner son ministère pour s’en aller jouir de la nationalité française ».

« C’est encore une fois la même duplicité et l’usage frauduleux du discours patriotique. Dépourvu de base sociale, le pouvoir choisit n’importe qui en ne connaissant même pas ceux qu’il choisit. Les Algériens ont le droit de savoir qui les gouvernent. Voilà pourquoi je réclame d’aller en justice et de faire examiner par la justice mes affirmations », souligne enfin Ali Bensaad. Pour le moment, la justice algérienne n’a pas voulu réagir à ces révélations fracassantes. Aucun juge ou magistrat ne s’est saisi de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre en Algérie. Ce qui est haram pour Khaled Drareni est donc hallal pour Amar Belhimer…

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