Le projet d’acquisition de 15 futurs avions par Air Algérie a provoqué d’ores et déjà un scandale qui risque d’ébranler plusieurs personnalités politiques et militaires influentes du régime algérien. Et pour cause, la Justice algérienne a incarcéré récemment 3 personnes qui ont été inculpées par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger pour leur rôle troublant dans ce nouveau scandale lequel ne manquera pas de défrayer la chronique.
Selon les investigations d’Algérie Part, le fils d’Ali Benflis, gérant d’une entreprise de catering, a été placé en détention provisoire par le tribunal de Sidi M’hamed après avoir été inculpé officiellement par un juge d’instruction pour avoir participé à un détournement d’informations confidentielles et secrètes relatives au processus de consultation internationale lancée par Air Algérie le 22 septembre dernier en direction des constructeurs d’aéronefs, pour l’acquisition de 15 avions neufs.
Deux autres personnes ont été placées en détention provisoire dans le cadre des investigations judiciaires menées par le tribunal de Sidi M’hamed. Il s’agit d’un directeur central au niveau du ministère de la Défense Nationale et d’un haut responsable d’Air Algérie, un commandant de bord membre de la commission des marchés de l’entreprise en charge de superviser l’attribution de cet important marché public évalué à plus de 1,5 milliard de dollars USD.
Selon nos investigations, les trois personnes incriminées par le tribunal de Sidi M’hamed ont été interpellées par les enquêteurs du Service central de lutte contre le crime organisé de Saoula (Alger) et les premières éléments de l’enquête menée par cet office en charge de la lutte contre toutes les formes du crime organisé auraient démontré que le fils d’Ali Benflis et ses deux acolytes ont subtilisé des informations confidentielles du cahier des charges établis par la commission des marchés d’Air Algérie pour encadrer soigneusement ce marché public stratégique. Cette démarche menacerait aux yeux de la Justice algérienne la transparence et la régularité de l’attribution de ce marché public par Air Algérie.
L’enquête n’a pas encore été bouclée et plusieurs autres personnalités pourraient être prochainement auditionnées ou convoquées par les services de sécurité ou les juges du tribunal de Sidi M’hamed. Il est à signaler que le PDG d’Air Algérie, Yacine Benslimane, a été lui-aussi placé sous enquête dans ce dossier troublant et il a été interdit de quitter le territoire national en attendant les conclusions définitives des investigations judiciaires.
Décidé en mai dernier lors d’un Conseil des ministres, le renforcement de la flotte d’Air Algérie devait entrer dans sa phase de concrétisation à partir de ce mois de septembre 2022.
Air Algérie qui dispose actuellement de 56 appareils et vise à travers cette acquisition, l’ouverture de nouvelles lignes vers l’Afrique et l’Asie notamment, outre l’objectif de disposer d’avions de plus grande capacité. En effet, sur les 15 avions à acquérir, Air Algérie veut 2 aéronefs de 400 places chacun.
En tout, «il s’agit, de cinq (5) aéronefs module 200 (A), trois (3) aéronefs module 200 (B), cinq (5) aéronefs module 300 et deux (2) aéronefs module 400», a précisé récemment à ce sujet le document de la consultation internationale rendu public par Air Algérie. Cette dernière s’adresse « exclusivement aux constructeurs d’aéronefs exploités dans le transport commercial civil, disposant des certificats et agréments régissant l’activité », est-il encore indiqué dans le même document.
Le document d’Air Algérie a souligné enfin que les constructeurs candidats peuvent soumissionner pour un ou plusieurs lots, et devront adresser une demande pour le retrait du cahier des charges par courrier électronique à l’adresse ([email protected]). Quant aux offres, elles devront être adressées «sous plis fermés à ‘’Air Algérie, Direction des Affaires juridiques & Assurances, 1 Place Maurice Audin (3e étage), Alger, Algérie’’», et ce au plus tard le 26 octobre 2022 avant 12h00 (heure locale).