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dimanche, mai 5, 2024

Exclusif. Le groupe espagnol Naturgy Energy veut arrêter son contrat avec Sonatrach à la suite de la chute des prix du gaz

Le groupe espagnol Naturgy Energy veut suspendre son contrat avec Sonatrach concernant les livraisons et fourniture de gaz naturel à la suite de l’effondrement des prix internationaux, a appris Algérie Part au cours de ses investigations. 

Le contrat initial liant Naturgy Energy, anciennement appelé Gas Natural Fenosa, permettait à Sonatrach de lui vendre en 2020 du gaz naturel autour de 4 dollars par million de BTU. Or, sur les marchés mondiaux, les cours du gaz naturel se sont effondrés dans le sillage de l’effondrement des prix du baril du pétrole. Aujourd’hui, le cours du gaz naturel tourne autour de 1,7 dollars par million de BTU. Ce qui cause un énorme manque à gagner pour la société espagnole car la différence des prix entre les marchés internationaux et celle du contrat la liant avec la Sonatrach est énorme.

En plus, de nombreuses prévisions annoncent une future chute brutale des prix du gaz naturel. Wang Yusuo, le président d’ENN Energy Holdings, l’un des plus grands distributeurs de gaz naturel en Chine, a évoqué la possibilité selon laquelle le prix du gaz naturel descende sous la barre de 0 dollar, au cours des prochaines semaines. Cette situation sera due à la saturation des capacités de stockage du combustible, qui se font de plus en plus rares.

Dans le contrat qui lie la compagnie espagnole Naturgy Energy à Sonatrach, il est stipulé que les espagnols doivent continuer à acheter du gaz naturel algérien même si les prix internationaux continuent de baisser. Dans le contrat signé avec Sonatrach, la société espagnole ne peut pas payer le gaz naturel à moins de 2 dollars par million de BTU.

Cette obligation a été rendue possible par la clause du « Take or Pay » littéralement « prendre ou payer ». Le principe de cette clause permet de sécuriser les contrats gaziers long terme.

Ainsi, le fournisseur s’engage à acheter une quantité minimale de gaz – par exemple, 80 % du volume total commandé –, quels que soient ses besoins réels pour la période concernée. En contrepartie, le producteur s’engage à fournir ce même volume de gaz minimum aux échéances convenues. Cette double garantie s’accompagne d’un partage des risques réciproque. L’acheteur supporte ainsi une partie de l’aléa lié à la variabilité de ses besoins en énergie. Le producteur assume quant à lui le risque lié à l’évolution des valeurs du marché, puisque le prix fixé par le contrat restera le même quoi qu’il arrive !

Le prix fixé par le contrat sera plus ou moins élevé selon l’étendue de la fourchette de tolérance. Les experts du secteur gazier estiment que cette clause obligatoire est logique car plus l’incertitude de consommation est large, plus le risque supporté par le fournisseur est élevé.

Dans cette situation, à cause de ce principe du Take or pay qui régit le contrat liant Sonatrach à Naturgy Energy, les espagnols ne peuvent pas espérer un prix de vente du gaz algérien à un tarif inférieur à 2 dollars par million de BTU. Il faut savoir à ce sujet également que le Btu, le MWh et le m3 permettent de faciliter les échanges de quantités de gaz dans la production, la distribution et la consommation. Le Btu et le MWh sont des unités de mesure d’énergie, alors que le m3 mesure le volume. Le Btu est surtout utilisé dans les pays anglo-saxons comme unité de mesure de la quantité d’énergie contenue dans certains combustibles (dont le gaz) ou comme unité de puissance (alors exprimée en Btu/h). Sur le marché du gaz, le prix s’exprimera le plus souvent par MMBtu (pour million de Btu).

Dans ce contexte, Naturgy Energy Group, S.A.  spécialisé dans le traitement, le transport et la distribution de gaz naturel, et dans la production d’électricité, s’est retrouve les poings liés par un contrat qui va lui causer des pertes financières considérables puisque le gaz naturel disponible sur le marché mondial est beaucoup moins cher que le gaz naturel qui lui est fourni par l’Algérie.

Selon nos investigations, face à l’inflexibilité de Sonatrach et son refus de revoir les dispositions de son contrat à la lumière des nouvelles données du marché mondial, Energy Group a pris le choix de rompre son contrat avec le partenaire algérien prenant le risque de s’exposer à des poursuites judiciaires. D’après des sources proches de Naturgy Group, il est préférable de subir un long procès en arbitrage international que de continuer de déplorer des pertes financières en achetant du gaz naturel algérien à des prix beaucoup plus chers que les prix fixés sur le marché mondial.

Sonatrach risque ainsi de perdre dans les jours à venir l’un de ses meilleurs clients pour ses exportations de gaz naturel. Il faut savoir que Sonatrach a signé depuis le mois de juin 2018 un contrat important avec Naturgy Energy Group portant sur le renouvellement des contrats de vente et d’achat de gaz naturel à destination de l’Espagne jusqu’en 2030. Cet accord permet à l’Algérie d’exporter vers ce client espagnol près de 10 milliards de M3 de Gaz naturel par an.

Ces accords permettaient à Sonatrach de consolider sa position de principal fournisseur de gaz sur le marché espagnol et de renforcer la relation de coopération avec son partenaire historique Gas Natural Fenosa, l’ancienne appellation de Naturgy Energy.

Cette société espagnole est un partenaire historique pour l’Algérie. Il y a lieu de rappeler que les relations commerciales entre Sonatrach avec cette société espagnoles ont débuté à travers des approvisionnements GNL au début des années soixante-dix puis se sont consolidées avec la réalisation des gazoducs Pedro Duran Farell (GPDF) et Medgaz.

Aujourd’hui, les troubles provoqués sur les marchés mondiaux par la pandémie du COVID-19 et l’augmentation de l’offre du gaz naturel provoquée par les capacités incroyables de la production du gaz de schiste aux Etats-Unis. Suite à une augmentation de l’offre, le prix du gaz naturel produit aux États-Unis a chuté de 4,80 dollars des États-Unis par million de BTU en 2000 à environ 2,30 dollars des États-Unis en 2012. Le prix du gaz naturel aux États-Unis devrait rester autour de 3,8 dollars des États-Unis en 2020. Mais l’actuelle paralysie de l’économie mondiale et l’augmentation des stocks mondiaux en gaz naturel ont causé une chute inédite des prix de cette énergie sur les marchés internationaux.

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