Le 13 septembre 2023, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune a reçu, mercredi, l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique à Alger, Mme Elizabeth Moore Aubin, à la demande de cette dernière. Au cours de cette rencontre, la diplomate américain a abordé avec Abdelmadjid Tebboune un délicat et brûlant dossier qui suscite la colère de Washington. Il s’agit des manœuvres très hostiles lancées par les autorités algériennes pour torpiller et stopper le business des émiratis dans le secteur très juteux des cigarettes, fabrication et commercialisation des tabacs.
Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger a beaucoup insisté auprès de Tebboune pour que les investissements émiratis dans ce secteur peu connu du grand public ne soient plus sabotés, ralentis ou attaqués par les autorités algériennes. En effet, depuis 2021, le régime Tebboune cherche à éjecter les investisseurs émiratis du secteur de la fabrication et commercialisation des tabacs. Selon nos investigations, plusieurs mesures inamicales ont été prises discrètement par le gouvernement algérien contre les intérêts émiratis dans ce domaine : interdiction de transférer les dividendes vers Dubaï, restrictions sévères des importations de la matière première indispensable à cette industrie des tabacs, redressements fiscaux qui se succèdent et se multiplient depuis 2022, les investisseurs émiratis ont subi un harcèlement caractérisé et la décision finale de les éjecter du marché algérien en gelant leurs diverses licences d’exploitation de leurs activités était sur le point d’être prise.
Cependant, l’intervention de l’ambassadrice américaine a bousculé les calculs des autorités algériennes qui ont oublié que derrière ce gros et juteux business des cigarettes, il y a une puissante multinationale américaine : la fameuse Philip Morris International. Il faut savoir qu’en Algérie, le marché des tabacs évalué à près de 3 milliards de dollars USD est dominé essentiellement par la Société Algéro-Emiratie de fabrication de tabac, appelée STAEM. Joint-venture créée en 2002 entre la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), d’une part, et un consortium émirati d’investisseurs arabes, d’autre part, la STAEM, a été agréée par le ministère algérien des Finances en tant que fabricant de tabac. Cette société, dont le capital est détenu majoritairement par les investisseurs émiratis avait été officiellement « autorisée à importer et à distribuer, durant une phase intermédiaire, des cigarettes de marques destinées à être fabriquées localement ».
Suite d’un contrat conclu avec la filiale du géant américain Philip Morris International, la STAEM a été, dès 2005, l’importateur et le distributeur exclusifs des marques Marlboro et L&M sur le marché algérien. Ces deux marques de cigarettes, sont fabriquées et importées directement de la Suisse. Fin septembre 2013, les américains de Philip Morris International a annoncé, ce lundi 30 septembre ont décidé d’acquérir 49% d’Arab Investors-TA (AITA), le fons d’investissement émirati qui a lancé la STAEM en 2002 en Algérie. Cette opération avait permis aux américains de disposer de près de 25% dans la Société des Tabacs Algéro-Emiratie (Staem). Celle-ci étant détenue à 51% par AITA et à 49% par le groupe public algérien Société Nationale des Tabacs et Allumettes. Les émiratis ont donc fait alliance avec les américains pour investir massivement dans le marché des tabacs en Algérie, l’un des plus importants marchés africains avec la vente de plus de 30 milliards d’unités par an.
Il faut savoir également que le capital de la Staem était constitué au départ à 49% pour la SNTA, 49% pour le fonds d’investissement émirati AITA et les 2% restants ont été attribués à Sofinance (une société financière qui appartenait au ministère des Finances). Mais quelques mois plus tard, les 2% de Sofinance ont été cédés au fonds émirati qui devient donc majoritaire dans la société mixte, avec 51% des parts. C’est dans ce contexte que les émiratis ont pu devenir le leader du marché des tabacs en Algérie avec le soutien très actif de la multinationale américaine Philip Morris International.
Les émiratis disposent aussi d’une autre société dénommée United Tobacco Company, par abréviation « UTC » qui dispose de l’exclusivité de la commercialisation des tabacs de la SNTA en Algérie depuis 2016. Pour contourner la «règle» des 51/49, les «concepteurs» de la nouvelle société ont trouvé la parade. La SNTA dispose de 49% des actions, le fonds d’investissement émirati a 41%, trois citoyens émiratis disposent, eux, de 1 à 4% chacun. Les 2% restants ont été donnés à une citoyenne algérienne, «épouse d’un Emirati».
Derrière ces deux sociétés émiraties très discrètes en Algérie, nous retrouvons un influent Chekih Emirati qui entretient des relations très privilégiées avec les autorités américaines et le lobbys américains du tabac. Il s’agit de Cheikh Ahmed Hassan Abdul Qaher Al-Sheebani qui le principal investisseur dans AL RASHIDEEN TRADING CO, une société située dans la zone Gulfa Building Al Ramool à Dubaï et spécialisée depuis le début années 2000 dans la commercialisation des cigarettes américaines dans les pays arabes et africains. Les relations de Philip Morris International avec Al Rashideen Trading n’ont pas cessé de se renforcer notamment depuis 2010 date à partir de laquelle les émiratis sont devenus les distributeurs exclusifs des cigarettes américains en Egypte, Libye, Jordanie, Algérie et de nombreux autres pays africains. En 2021, le régime Tebboune a lancé plusieurs offensives contre les intérêts liés au Cheikh Ahmed Hassan Abdul Qaher Al-Sheebani qui avait construit des relations privilégiées avec le régime Bouteflika de 2011 jusqu’à 2018. Il séjournait, d’ailleurs, régulièrement dans une suite luxueuse du Sheraton Club des Pins Resort. Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune, cet éminent lobbyiste émirati a fui Alger et se retrouve particulièrement dans le collimateur du régime algérien. Ses soutiens au sein de l’administration américaine lui ont permis de jouir de l’appui des Etats-Unis contre ces attaques répétitives du régime algérien. Voici davantage de révélations détaillées dans ce podcast vidéo de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar.
