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jeudi, mai 2, 2024

Exclusif. Comment le petit protégé du plus puissant conseiller de Tebboune a saboté et bloqué le projet de la première compagnie aérienne privée à bas prix en Algérie

C’est certainement le plus gros scandales de sabotage et de corruption de l’ère Tebboune en raison de son impact préjudiciable sur le développement du pays. Depuis 2021, un investisseur algérien accompagné par plusieurs partenaires étrangers ont répondu à l’appel des autorités algériennes qui ont promis d’ouvrir le secteur aérien aux investissements privés pour renforcer la concurrence loyale et offrir aux voyageurs algériens la possibilité de voyager vers l’étranger et de prendre l’avion sans payer des billets à des prix très onéreux, voire inaccessibles comme c’est le cas depuis de nombreuses années.

C’est dans ce contexte que le projet FlyWestaf Algeria est né. Porté par Chakib Ziani Cherif, un pilote algérien expérimenté et comptant à son actif pas moins de longues 16 années d’expérience à l’étranger, notamment en Amérique du Nord et en Afrique de l’Ouest, ce projet consistait à offrir à l’Algérie sa première compagnie aérienne privée low cost, à savoir une compagnie aérienne à bas prix sur le modèle de Ryanair ou EasyJet en Europe. Souteniu par une importante banque londonienne, la TAG Bankers, un fonds d’investissement américain, First Nation, et autre fonds d’investissement basé en Afrique du Sud appelé Mango, le projet FlyWestaf Algeria a suscité l’enthousiasme et soulevé l’espoir d’une inespérée ouverture à la concurrence du secteur aérien en Algérie.

FlyWestaf Algeria projetait d’acquérir 5 avions Boeing dans un premier temps pour proposer des vols à bas coût liant Oran ou Alger à Marseille, Perpignan, Montpellier, Alicante et d’autres destinations françaises ou espagnoles. Les prix des billets devaient commencer à partir de 49 euros pour permettre aux voyageurs algériens de jouir enfin d’une liberté de voyager sans verser des centaines d’euros pour un simple billet d’avion. Fin août 2021, le ministère du Transport accorde une pré-autorisation à FlyWestaf Algeria et un accord de principe pour permettre aux initiateurs de ce projet de poursuivre le processus d’obtention d’un permis d’exploitation des activités aériennes sur le territoire algérienne conformément à la réglementation stricte dans ce domaine sensible.

Fin janvier 2022, la première compagnie aérienne privée low cost en Algérie, FlyWestaf, était officiellement née puisqu’elle avait obtenu à cette date son registre du commerce. FlyWestaf Algeria ambitionnait de se doter de 5 avions Boeing 737 suivant la formule du leasing, en s’acquittant chaque année de l’équivalent de 7 % de la valeur marchande de l’avion, et devait lancer ses vols à compter du mois d’avril 2023. Il était question de procéder à l’acquisition, par cette compagnie de plusieurs appareils B737 du géant américain Boeing, pour programmer des vols depuis les aéroports de : Paris-Beauvais, Lyon et Marseille / Alger Oran et Annaba. Or, rien ne va dérouler comme prévu et le rêve va rapidement se transformer en un… cauchemar. Pourquoi ?

Parce qu’un dirigeant proche de l’entourage du Président Abdelmadjid Tebboune, va intervenir pour saboter ce projet ambitieux et stratégique en exigeant un pot-de-vin dépassant les 700 mille dollars USD. Pour obtenir officiellement et définitivement son permis d’exploitation en Algérie, FlyWestaf Algeria devait se conformer à la fameuse règle 51/49 qui continue de régir les investissements étrangers dans des secteurs clés ou sensibles en Algérie comme le secteur du transport aérien. La compagnie aérienne privée à bas prix avait besoin de 19,5 millions de dollars USD pour commencer ses activités et assurer son plan de développement. 51 % de ces capitaux devaient être détenus par des opérateurs algériens. Le Fonds National d’Investissement (FNI), un fonds étatique, a manifesté son intérêt en désirant apporter de 33 jusqu’à 34 % des financements des capitaux algériens. FlyWestaf Algeria entre aussi en négociation dés février 2023 avec le groupe public MADAR, présent dans plusieurs secteurs comme les tabacs, l’immobilier, l’hôtellerie ou le textile, dirigé par le fameux Charaf-Eddine Amara, l’ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), et l’un des dirigeants les plus proches du clan Tebboune, il est d’ailleurs le petit protégé de Boualem Boualem, le plus puissant conseiller du Palais Présidentiel d’El-Mouradia.

Charaf-Eddine Amara a donné son accord pour entrer dans le capital de la première compagnie privée à bas prix en Algérie en apportant un financement de 7 millions de dollars USD. Mais depuis fin février 2023, il n’a jamais envoyé la moindre correspondance officielle aux responsables de FlyWestaf Algeria. Et en mai 2023, deux hommes d’affaires se présentant comme des intermédiaires désignés par Charaf-Eddine Amara, prennent attache avec le porteur du projet de FlyWestaf Algeria Chakib Ziani Cherif, pour lui demander un pot-de-vin de… 700 mille dollars USD. Ce dernier refuse catégoriquement de céder à ce chantage et de verser la moindre corruption. Une attitude honorable qui a valu, néanmoins, des désagréments à Chakib Ziani Cherif car le projet FlyWestaf Algeria est, désormais, officiellement bloqué, voire saboté et compromis définitivement. Les investisseurs étrangers engagés dans ce projet ont fini aussi par être dégoutés par l’Algérie et ont décidé de partir investir leurs fonds dans une compagnie aérienne privée low cost au Sierra Leone en Afrique de l’Ouest depuis fin avril 2023. Dans ce podcast vidéo, Abdou Semmar, notre Directeur de Publication, donne davantage d’explications sur les tenants et aboutissants de nos révélations appuyées par de nombreux documents que nous avons obtenu au cours de nos investigations sur ce scandale qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre en Algérie.

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