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samedi, mai 4, 2024

Enquête. Plus de 750 millions d’euros de financements publics dépensés pour offrir aux étudiants algériens… une vie déplorable et précaire

L’Etat algérien est un Etat très généreux avec les étudiants et les universitaires. Il leur consacre des budgets colossaux pour prendre en charge leurs divers besoins comme la restauration, l’hébergement et le transport universitaire afin de leur permettre de poursuivre leurs études et d’enseigner dans les meilleures conditions possibles. Cependant, en dépit de ces budgets colossaux, les étudiants et universitaires algériens évoluent dans des conditions de vie insalubres, précaires et déplorables. Enquête sur l’un des pires scandales de mauvaise gestion de notre pays. 

Des chambres insalubres, des cités universitaires malpropres, des restaurants universitaires manquent cruellement d’hygiène, des intoxications alimentaires massives à cause de la mauvaise qualité des plats servis, des bureaux ou des campus délabrés, etc., ces images qui reflètent la profonde détérioration des prestations du secteur universitaire en Algérie et les mauvaises conditions de vie de plus en plus misérables au fur des années ont choqué à maintes reprises les Algériennes et Algériens. Elles ont scandalisé plusieurs fois l’opinion publique nationale. Cette indigence morale et matérielle n’a, pourtant, aucune justification rationnelle au regard des budgets publics consacrés chaque année par l’Etat algérien aux oeuvres universitaires, à savoir les divers établissements chargés de gérer les prestations de restauration, de transport ou d’hébergement des étudiants algériens.

Prenons des chiffres précis. En 2020, plus de 32% du Budget du secteur de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a été réservé aux Œuvres Universitaires. Ce qui représente une subvention de 117,4 Milliards de DA dont plus de 65% est affecté aux prestations Restauration, Bourses et Transport. C’est tout de même l’équivalent de plus de 750 millions d’euros. Un budget colossal qui tranche paradoxalement avec la grande précarité dans laquelle évoluent au quotidien les universitaires algériens.

Rien que pour la Restauration, l’Etat algérien a consacré plus de 34,4 milliards de Da, soit l’équivalent de 220 millions d’euros. Et pourtant, les restaurants universitaires sont devenus des lieux de « malbouffe » et des laboratoires d’intoxications alimentaires à cause de la très mauvaise qualité nutritionnelle des repas servis et des mauvaises conditions d’hygiène publique des cuisines.

L’Etat algérien offre aussi plus de 21 milliards de Da de bourses à tous les étudiants algériens dont le nombre a dépassé les 1,69 millions de personnes. Plus de 19 milliards de Da sont consacrés aux transports universitaires de ces étudiants. Chaque étudiant coûte annuellement à l’Etat algérien de 141 mille jusqu’à 257 mille Da, soit jusqu’à 1650 euros par étudiant.

Des charges financières très lourdes qui sont entièrement assumées par l’Etat algérien. L’Algérie compte également 66 Directions des Œuvres Universitaires, 441 Résidences universitaires. Pas moins de 467.426 étudiants algériens sont hébergés par ces résidences dont 7.682 étudiants étrangers. Le pays compte aussi 560 Restaurants universitaires qui servent plus de 962.000 repas par jour. Chaque repas par étudiant et par jour coûte à l’Etat algérien plus de 297,43 DA.

L’Etat algérien offre aussi des bourses à  953.819 étudiants, soit près de 63 % des étudiants algériens inscrits à l’université.  5.880 Bus sont aussi mobilisés pour le transport quotidien de 869.997 étudiants. Par ailleurs, 3.100 étudiants originaires des wilayas du Sud bénéficient de billets d’avion subventionnés par l’Etat algérien. En dépit de toutes ces dépenses financés par des budgets publics, les universités algériennes font subir une grande précarité à leurs étudiants. Pourquoi ? La réponse est toute simple : la très mauvaise gestion de ces budgets publics. Des gestionnaires peu formés, manquant cruellement de compétences pouvant leur permettre d’assurer convenablement leurs missions et des dirigeants du secteur universitaire malhonnêtes qui abusent de leurs fonctions pour soutirer des privilèges financés par l’argent public. Les conséquences sont désastreuses : gaspillage de plusieurs milliards et des étudiants qui subissent les affres d’un environnement malsain et malpropre. Un grand gâchis.

 

 

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