Alors qu’elle devait être dissoute définitivement, le nouveau patron de Sonatrach a finalement décidé de relancer Tassili Travail Aérien (TTA), la filiale de la compagnie aérienne Tassili Airlines, propriété exclusive de Sonatrach, en l’autorisant récemment à acquérir deux nouveaux avions !
Pour rappel, la disparition de TTA avait été décidée sous la pression d’oligarques proches de Said Bouteflika, frère et conseiller de l’ex président algérien déchu, dans un contexte de libéralisation programmée du secteur aérien, notamment du fret.
TTA avait été dés lors placée en liquidation en 2018, alors qu’elle était marquée par plusieurs incidents, dont le crash en Août 2017 d’un hélicoptère de type Bell 206, provoquant la mort de quatre personnes au lieu-dit Dkakna à Douera dans la banlieue d’Alger.
Il faut savoir que depuis 2016, TTA affrétait des avions pour assurer le transport du personnel de Sonatrach, principalement dans le sud algérien. Ainsi, près de 80 % des vols de TTA étaient assurés par des équipages et des avions affrétés auprès du sud-africain AirTec, entreprise dont la mission principale est la location d’avions.
Avec un coût horaire facturé à 5000€ pour les avions de type Beechcraft 1900 on vous laisse établir le montant de la facture réglée par le trésor algérien, sachant que les avions d’AirTec étaient exploités à une moyenne de 40 heures de vol par mois !
On se demande pourquoi TTA n’utilisait pas le personnel et les avions de la maison-mère Tassili Airlines qui disposait d’une flotte suffisante de 15 aéronefs Bombardier et Boeing ainsi que plusieurs hélicoptères… Etrange !
D’autant étrange qu’en Juillet 2012, Tassili Airlines signait une convention-cadre avec sa filiale Tassili Transport Aérien afin de répartir les activités de transport entre les deux compagnies.
Quoiqu’il en soit, le 28 Mai 2020, suite à un appel d’offres à présélection international préalable en vue d’affréter des aéronefs en leasing ou en ACMI (mise à disposition de l’aéronef, de l’équipage, assurance et maintenance), TTA a finalement acquis deux appareils Beechcraft 1900 Beechliner à turbopropulseurs auprès de Resilience Aviation…une autre société sud-africaine spécialisée dans la fourniture de services de location ACMI et de services d’affrètement, établie à Johannesburg.
Un recours quasi exclusif aux sociétés sud-africaines de la part de Boulafrad Mohamed Amine, le DG de Tassili Travail Aérien et de son Directeur Commercial Nouar qui surprend !
En effet, par le passé les responsables de TTA avaient déjà, comme nous l’annoncions plus haut, affrété des avions avec équipage de la société sud-africaine Airtec, pour transporter des travailleurs de SH.
Seulement personne ne savait que ces avions étaient interdits de voler en Afrique de sud à la fin de l’année 2018 par décision de la direction de l’aviation civile sud-Africaine et confirmée par la justice de ce pays à cause de problèmes liés à la sécurité !
Les 2 Beechcraft 1900 D immatriculés ZS CMA et ZS CMJ loués par TTA appartenaient bien à la compagnie sud-africaine CemAir, qui les avait alors loués à AirTec… Une cascade d’intermédiaires qui se fait au détriment de la compagnie aérienne appartenant à Sonatrach, tant elle est propice à l’augmentation des profits entre les différents intervenants. Surprenant !
La compagnie aérienne CemAir, basée à Johannesburg, a été contrainte par les autorités de son pays de suspendre toutes ses opérations fin 2018 à cause de graves problèmes liés à la sécurité des avions. Après un imbroglio juridique qui a duré plusieurs mois, la décision avait été annulée devant la Haute Cour de Justice de Pretoria.
L’autorité de l’aviation civile sud-africaine a ensuite de nouveau immobilisé la compagnie aérienne le 11 janvier 2019 insistant sur le manque de sécurité des avions de la compagnie. CemAir a bien évidemment contesté la décision devant le comité d’appel de l’aviation civile. Le 29 avril 2019, un jugement favorable à la compagnie aérienne lui avait été rendu.
Malgré cela, les vols de la compagnie n’ont pu tout de suite reprendre, car les certificats d’exploitation de CemAir avaient entre temps expiré et le renouvellement s’est opéré graduellement le 17 octobre 2019, soit dix mois après la suspension de ses vols !
Le 14 décembre 2018, CemAir avait publié un communiqué de presse sur sa Page Facebook déclarant :
« CemAir regrette profondément que la CAA ait émis une suspension indéfinie de nos certificats d’exploitation aérienne. Cela signifie que nous ne pouvons pas effectuer de vols commerciaux jusqu’à nouvel ordre.
Nous rejetons catégoriquement les raisons avancées par la CAA pour justifier sa décision. Nous sommes une compagnie aérienne profondément attachée à la sécurité et à l’excellence, et nous avons proposé de multiples solutions raisonnables aux préoccupations déclarées de la CAA, qui ont toutes été rejetées, signe d’une intention malveillante de la CAA de mettre CemAir à genoux en le mettant à la terre inutilement à haute saison. »
Alors que la bataille juridique entre la compagnie CemAir battait son plein avec les autorités sud-Africaines qui avaient décidé bloquer au sol ses aéronefs le 11 janvier 2019, le problème n’a semble-t-il pas beaucoup affecté les responsables algériens, qui ont maintenus les vols de TTA avec les appareils sud-africains, pourtant interdits de vol dans leur propre pays.
Au détriment de la sécurité des employés de la Sonatrach, les avions de CemAir ont continué d’être exploités près d’un mois après leur interdiction de vol internationale et ce jusqu’au au 06 février 2019, date de la découverte de cette grave infraction pénale par quelques éléments de la Direction de l’Aviation Civile et de la Météorologie.
Découverte restée bien étonnamment sans aucune poursuite contre les responsables de la compagnie aérienne, ou de la Sonatrach…
La directrice de l’aviation civile et de la météorologie algérienne, Aicha Bourouis aurait camouflé l’affaire alors qu’elle aurait dû promptement bloquer les avions au sol en attendant les conclusions de ses homologues sud-africains !
Elle n’aurait d’ailleurs lancé aucune enquête interne, encore moins saisi le procureur de la République sur ces faits gravissimes !
Si vous vous demandez comme nous pourquoi elle aurait ainsi agi, vous serez certainement comme nous surpris par la réponse que nous ont apporté nos sources.
« Bourouis a un frère et une sœur qui travaillent au sein de Tassili Airlines. Ce n’est pas un secret mais cela constitue tout de même un inacceptable conflit d’intérêt ! »
Entre temps, Boulafrad Mohamed Amine, le DG de Tassili Travail Aérien et Nouar le directeur commercial, continuent toujours d’affréter des avions de chez les sud-africains d’Air Tech… Pour quels intérêts ? On ne saurait le dire, même si plusieurs sources nous ont indiqué que « Les seuls intérêts qui réellement priment à un haut niveau chez Tassili Airlines, TTA et Sonatrach, sont ceux liés à des considérations personnelles ! »
Hakkar ? Aux abonnés absents bien sûr !
Amir Youness