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samedi, avril 27, 2024

Enquête. Entre Dérive et Sabotage : SONELGAZ, un exemple concret du gâchis économique de l’Algérie

Depuis 2019, l’économie algérienne traverse une crise profonde, exacerbée par des choix politiques et économiques discutables. Dans ce contexte, même les initiatives présentées comme des avancées par le gouvernement semblent dérisoires face à l’ampleur du désastre économique national. Chez Algérie Part, notre analyse s’efforce de dépeindre sans concession la réalité de ces mesures, souvent insuffisantes pour contrer la dégradation de la situation économique.

L’abolition de la règle 49/51, censée ouvrir le marché algérien aux investisseurs étrangers, est présentée comme une réforme majeure. Cependant, dans le chaos économique actuel, cette mesure peine à convaincre de son efficacité. La confiance des investisseurs étrangers ne se décrète pas, et dans un climat d’instabilité économique et politique, l’attrait pour le marché algérien reste limité. La question demeure : cette ouverture intervient-elle trop tardivement pour véritablement impacter l’économie nationale ?

Concernant la Loi sur l’Auto-Entrepreneur, bien qu’elle vise à simplifier la création d’entreprises et à encourager l’entrepreneuriat, son impact réel sur le chômage endémique et la stimulation de l’innovation est encore à prouver. Dans une économie en crise, les avantages fiscaux peuvent sembler attractifs sur le papier, mais ils ne suffisent pas à surmonter les obstacles systémiques qui entravent l’entrepreneuriat en Algérie.

La modernisation annoncée du secteur financier, notamment à travers l’ouverture du capital de la Banque de Crédit Populaire d’Algérie (CPA), semble être une tentative de rattrapage face à un secteur bancaire à la traîne. Cette initiative, bien que nécessaire, arrive dans un contexte où la confiance dans les institutions financières est érodée, rendant incertain son potentiel d’attraction des investissements étrangers et d’amélioration des services bancaires. L’amélioration des infrastructures et la création de l’Agence de Promotion de l’Industrie (API) sont des mesures qui, sur le papier, devraient faciliter les investissements. Toutefois, dans la pratique, les lourdeurs administratives et la corruption endémique continuent de représenter des freins majeurs à l’investissement et à la croissance économique.


Quant aux réformes fiscales, notamment la suppression de la Taxe sur l’Activité Professionnelle (TAP), elles semblent être une goutte d’eau dans l’océan des défis économiques auxquels l’Algérie est confrontée. La réduction de la pression fiscale sur les entreprises pourrait soutenir l’initiative privée, mais sans un cadre économique et réglementaire stable, ces mesures restent insuffisantes.

Alors que le gouvernement algérien multiplie les annonces et initiatives pour stimuler la création d’emplois et soutenir l’entrepreneuriat dans un effort de redressement économique, les actions de SONELGAZ, dirigée par Mourad Adjal, tracent une trajectoire diamétralement opposée. Cette contradiction flagrante entre les objectifs affichés par l’État et les décisions prises par l’une de ses plus grandes entreprises publiques symbolise l’état de léthargie et le manque de cohérence au sein du gouvernement. La fermeture de filiales spécialisées par SONELGAZ, entrainant le licenciement de milliers d’employés, s’inscrit en contradiction directe avec la volonté gouvernementale de lutte contre le chômage et de promotion de la croissance économique.
La stratégie de SONELGAZ soulève de profondes préoccupations quant à la gestion et la vision à long terme des secteurs stratégiques de l’économie algérienne. En effet, la décision de fermer des entités dotées de décennies d’expertise et de savoir-faire, en pleine période de réformes économiques, apparaît non seulement comme un paradoxe mais également comme un frein aux ambitions de développement du pays. La liquidation de ces filiales spécialisées, au lieu d’explorer des alternatives telles que la cession ou la recherche de partenariats stratégiques, démontre une absence de stratégie de valorisation des actifs nationaux.


Ces fermetures entraînent la perte d’emplois spécialisés et d’une expertise précieuse, à un moment où l’Algérie se positionne pour lancer des projets énergétiques d’envergure, tels que le développement des centrales photovoltaïques. Cette incohérence entre les actions de SONELGAZ et les objectifs de développement durable du pays met en lumière les défis de coordination et de planification au sein du gouvernement et des entreprises publiques.


L’approche adoptée par Mourad Adjal à la tête de SONELGAZ, qualifiée de catastrophique par de nombreux observateurs, incite à s’interroger sur la gouvernance des entreprises publiques et leur contribution aux objectifs nationaux de développement. La gestion des ressources de l’entreprise, marquée par des décisions controversées, reflète un manque flagrant de vision stratégique, sapant les efforts de diversification et de modernisation de l’économie algérienne.

Cette situation paradoxale, où des initiatives gouvernementales visant à dynamiser l’économie se heurtent aux décisions destructrices d’une entreprise majeure, illustre la nécessité urgente d’une réflexion globale sur la stratégie économique du pays. Elle appelle à une redéfinition des priorités, à une meilleure coordination entre les politiques gouvernementales et la gestion des entreprises publiques, afin de garantir que toutes les actions soient alignées vers le renforcement de l’économie nationale et la réalisation des ambitions de développement durable de l’Algérie.
Dans un contexte économique algérien déjà fragilisé, les décisions prises par Mourad Adjal, à la tête de SONELGAZ, avec le silence complice du ministre de l’Énergie, Mohammed Arkab, ont exacerbé la crise en cours. La liquidation de plusieurs entités dont cinq filiales travaux clés de SONELGAZ représente un véritable coup porté au secteur énergétique algérien, une stratégie qui soulève des interrogations quant à la vision et à la coordination des politiques économiques du pays.

INERGA, avec ses plus de 40 ans d’expérience, ses 4400 employés et son chiffre d’affaires de 15 milliards de dinars, a été un pilier dans le développement des infrastructures énergétiques en Algérie. La réalisation de 12 centrales électriques souligne l’importance cruciale de cette entité dans le paysage énergétique national.


ETTERKIB, entreprise reconnue pour sa qualité et sa certification ISO 9001/2015, comptait 2700 agents, dont 276 ingénieurs, et jouait un rôle majeur dans les secteurs de l’énergie, de l’hydrocarbure, et de l’agroalimentaire. Sa fermeture élimine une source essentielle d’expertise et d’innovation dans des projets nationaux d’envergure.

KANAGHAZ, acteur historique dans les hydrocarbures et l’hydraulique, employait environ 2230 personnes et était stratégique pour le réseau national de gaz. Sa disparition remet en question la capacité du pays à maintenir et à étendre son réseau de distribution de gaz crucial.
KAHRIF, avec son chiffre d’affaires annuel significatif et ses 3500 employés, était spécialisée dans la distribution d’énergie électrique et l’éclairage public. Sa capacité à déployer des milliers de kilomètres de lignes électriques par an était vitale pour l’infrastructure nationale.

KAHRAKIB, reconnue pour son expertise en engineering et ses projets tant nationaux qu’internationaux, comptait 600 agents spécialisés dans les postes de haute tension. Sa fermeture représente la perte d’un acteur clé dans l’efficacité et la modernisation du réseau électrique algérien.

Ces fermetures, orchestrées sous la direction de Mourad Adjal et dans l’ombre de Mohammed Arkab, reflètent une gestion désastreuse qui contraste avec les objectifs de développement et de création d’emploi du gouvernement. Plus grave encore, cette situation a ouvert la porte à des pratiques douteuses, permettant à certaines entreprises proches du trio Arkab, Adjal, et Kafi de tirer profit de la détresse ouvrière. En récupérant une partie de cette main-d’œuvre qualifiée, ces entités ont non seulement bénéficié d’un avantage compétitif injuste mais ont également pu s’adjuger les marchés les plus lucratifs de SONELGAZ, les facturant à des prix exorbitants. Cette exploitation opportuniste de la crise au sein de SONELGAZ révèle une facette sombre de la restructuration, où les intérêts personnels prévalent sur le bien-être économique et social du pays, mettant en lumière les défis éthiques et de gouvernance auxquels l’Algérie est confrontée.

D’ailleurs, depuis l’arrivée de Mourad Adjal à la direction de SONELGAZ, l’entreprise a connu une stagnation notable en termes de projets d’envergure. Ni le lancement tant attendu du projet de modernisation des lignes électriques, ni le programme ambitieux de renforcement des moyens de transformation n’ont vu le jour. De plus, les problèmes persistants liés aux litiges sur les méga centrales électriques, telles que celles de Hassi R’mel, Aïn Ouessara, Mostaghanem, ou encore Oumache 3, restent irrésolus. Ces échecs mettent en évidence une gestion déficiente et une incapacité à concrétiser les initiatives cruciales pour l’infrastructure énergétique du pays.
Le retard dans le lancement du projet des 2 + 1 gigawatts photovoltaïques est particulièrement préoccupant. Ce projet, essentiel pour répondre à la demande croissante en énergie du pays, traîne à être signé du coté SONELGAZ, risquant de dépasser les dates de validité des offres des soumissionnaires. Cette situation pourrait engendrer de nouveaux conflits contractuels, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà tendue. La gestion de Mourad Adjal, marquée par une absence de progrès significatifs dans le déploiement de projets vitaux, souligne un manque de leadership efficace au sein de SONELGAZ, exacerbant les défis auxquels est confronté le secteur énergétique algérien et sapant les efforts de modernisation et d’expansion nécessaires à son développement.

Les conséquences des décisions prises sous la direction de Mourad Adjal s’étendent bien au-delà des filiales spécialisées dans les travaux d’infrastructures et d’énergie. En effet, les filiales de surveillance et de sécurité des milliers de sites de SONELGAZ, notamment les entités dénommées SPAS et SWAT, ont également subi le même sort désastreux. Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces secteurs jouent un rôle crucial dans la protection des infrastructures énergétiques vitales du pays. Les mêmes pratiques malveillantes observées dans la gestion des filiales travaux se retrouvent dans ce domaine sensible qu’est la sécurité.

Mr Kafi et Mr Adjal, dans leur quête pour étendre leur réseau d’influence, ont favorisé l’intervention de plusieurs entreprises privées, détenues majoritairement par des hauts gradés de l’Armée Nationale Populaire (ANP) en retraite. Ces entités ont progressivement remplacé les filiales du groupe SONELGAZ, telles que SPAS et SWAT, dans la surveillance des sites énergétiques, qui étaient jusqu’alors sous leur contrôle direct. Cette substitution par des acteurs privés, loin d’être anodine, soulève des questions sur les critères de sélection de ces nouvelles entreprises et sur les conditions dans lesquelles ces changements ont été opérés.

Cette transition vers des opérateurs privés pour des fonctions aussi critiques que la surveillance et la sécurité des installations énergétiques algériennes illustre une fois de plus la tendance de la direction actuelle de SONELGAZ à démanteler les structures internes au profit d’intérêts extérieurs, potentiellement au détriment de l’efficacité et de la sécurité. Les implications de telles décisions, particulièrement dans un domaine aussi sensible que la sécurité énergétique, sont vastes et pourraient compromettre la sûreté des infrastructures essentielles à l’économie et à la stabilité du pays.

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