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samedi, mai 18, 2024

Enquête. Ces inquiétantes filiales de Sonatrach qui perdent beaucoup d’argent

La grande faiblesse de Sonatrach, ce sont certaines de ses filiales qui perdent beaucoup d’argent, mais vraiment beaucoup d’argent. En effet, nous avons constaté au cours de nos investigations que plusieurs filiales du groupe Sonatrach affichent des résultats négatifs ces dernières années. De quoi relancer le débat sur le bien-fondé de maintenir dans le giron de Sonatrach certaines filiales qui ne lui rapportent aucune valeur ajoutée. Explications. 

Avec ses 154 filiales et participations, Sonatrach est un véritable géant aux pieds d’argile. Officiellement, Sonatrach se targue de posséder toutes ces filiales en arguant qu’elle offre une diversité d’expertises techniques sur toute la chaîne de valeur des hydrocarbures. Néanmoins, dans la réalité, cette « diversité d’expertise » ne se traduit par aucune rentabilité économique. Prenons des exemples concrets. MI-Algeria, une Joint-venture (JV) entre la Sonatrach et Schlumberger, spécialisée notamment dans le forage pétrolier et notamment les prestations de service de fluides de forage, de Workover et de gestion des rejets. Une activité qui concerne tous les champs de développement et bassins d’exploration en Algérie. Autrement dit, ce sont les services qui seront associés à toutes les opérations de forage et de workover, à savoir tout type d’intervention dans un puits de pétrole impliquant des techniques invasives, telles que le filaire, les tubes enroulés ou le snubbing.

Mi-Algeria est en train de perdre de l’argent depuis 2015. En effet, son bilan financier est passé de 7162 millions de Da en 2017 jusqu’à 6888 millions en 2016 avant de finir par atteindre les 5097 millions de Da en 2017, soit un recul des gains et de l’activité financière de -26 %. En 2018, ce recul s’est aggravé de près de 15 %, a-t-encore appris au cours de nos investigations. Et depuis le mois de 2020, avec la décision surprenante de Sonatrach d’abandonner un plan de charge constitué de 26 puits d’exploration et de 30 puits de développement, 70 % des travailleurs algériens de la société Mi-Algeria risque de perdre leur travail d’ici la fin de l’année 2020 car le secteur du forage pétrolier est en pleine chute d’activité en Algérie à cause des décisions de l’actuelle direction générale de Sonatrach face aux conséquences financières de la pandémie du coronavirus COVID-19.

ALGESCO, née d’un partenariat entre le groupe américain General Electric, Sonatrach et Sonelgaz, est l’autre filiale qui perd beaucoup d’argent depuis 2015 avec une perte du chiffre d’affaires qui dépasse les 40 %. ALGESOC est spécialisée dans l’offre de services d’entretien et d’optimisation de turbines, compresseurs et auxiliaires pour l’industrie pétrolière et gazière Algérienne.

HELIOS est également dans une situation financière compliquée. Créée en avril 1991, suite à la signature d’un Protocole d’Accord en juillet 1990 entre SONATRACH (Algérie), AIR LIQUIDE (France) et AIR PRODUCTS AND CHEMICALS (Etats-Unis). Elle est actuellement détenue à 51% par SONATRACH et à 49% par HELAP Sa, société française appartenant à 100% à AIR PRODUCTS. En 2016, Air Liquide s’est séparée de son partenaire Air Products et celui-ci a racheté ses actions et est devenu actionnaire à 100% de HELAP. HELIOS est spécialisé dans la production et commercialisation de l’azote et l’Hélium.

Le chiffre d’affaires d’HELIOS, affiche une baisse de 25 % depuis 2018. Mais ce recul est intervenu après une année 2017 exceptionnelle suite à la mise en œuvre des accords de partenariat entre SONATRACH et AIR PRODUCT portant sur la revalorisation des prix de vente de l’HELIUM entre 2016 et 2017, a tenté de rassurer la direction générale de Sonatrach dans ses bilans financiers.

La Compagnie d’Assurances des Hydrocarbures Spa (CASH) s’approche aussi de la zone rouge.  La Compagnie d’Assurances des Hydrocarbures (CASH)
est agréée pour couvrir toutes les opérations d’assurance de dommages sur l’ensemble
du territoire national. Cette filiale de SONATRACH est détenue à 63,82 % par la holding SIP, et à 18,23 % par NAFTAL. CASH Assurances est présentée comme le leader dans la gestion des risques et l’assurance des stations de dessalement d’eau de mer, des
cimenteries, en plus des installations pétrochimiques (puits de pétrole, raffineries) et d’hydrocarbures (GPL/GNL). Elle est également l’assureur de plusieurs compagnies
de transport aérien et maritime. Or, ce « leadership » n’a pas empêché la CASH Spa d’afficher un chiffre d’affaires en nette diminution puisqu’il est passé à 9 500 millions
de DA en 2018, contre 10 760 millions de DA en 2017, soit une diminution de 12 % .

Mais les pertes les plus inquiétantes se concentrent au niveau de la holding SONATRACH Gestion et Services de Soutien  qui est détenue à hauteur de 100 % par SONATRACH. Elle assure la gestion du portefeuille des parts détenues par SONATRACH Spa au capital des filiales et participations nationales liées aux activités de « Services », notamment de gestion et de valorisation du patrimoine, d’assurance et de crédit, de transport aérien,
de transit, d’exploitation d’installations sportives ou de loisirs, de relations publiques, d’édition et de publicité et de toutes autres activités de services.

Plus globalement, il revient à la holding SGS de réaliser toutes opérations financières, commerciales, mobilières et immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement, en totalité ou en partie, aux activités précitées ou à toutes autres activités similaires ou connexes de nature à favoriser son extension ou son développement. La holding SGS dispose en portefeuille d’une filiale aérienne et de deux
participations d’activités diverses:
1 – Tassili Airlines Spa (TAL) et sa filiale Tassili Travail aérien Spa (TTA)
2 – COMINTAL Spa, avec une participation de 20%
3 – IAHEF Spa avec une participation de 10%

Or, ces filiales enregistrent d’inquiétants résultats négatifs notamment pour TTA avec un recul du chiffres d’affaires de plus de 40 % depuis 2018. Quant à TAL, elle a enregistré une chute du chiffres d’affaires dépassant les 7 %. IAHEF, à savoir l’Institut Algérien des Hautes Etudes Financières dont Sonatrach est actionnaires aux côtés de la BNA et la CAAR ou le CPA, perd également beaucoup d’argent et se retrouve depuis 2018 avec une chute dépassant les 19 % de son chiffre d’affaires.

Toutes ces pertes devraient inciter Sonatrach à revoir l’organisation de ses filiales et leur management afin de limiter les dégâts notamment en cette période de crise et paralysie financière à cause de la pandémie du coronavirus COVID-19. Toute la stabilité du groupe est en jeu.

Soulignons enfin que les filiales de Sonatrach sont regroupées au sein de sept holdings. Les voici :  la holding SONATRACH International Corporation (SIHC BVI),  la holding Services Parapétroliers (SPP),  la holding SONATRACH Investissements et Participations (SIP),  la holding SONATRACH Valorisation des Hydrocarbures (SVH), la holding SOALKIM,  la holding Activités industrielles externes (AIE),  la holding Société de Gestion et Services
de Soutien (SGS). LES FILIALES DU GROUPE INTERVIENNENT DANS DES DOMAINES TRÈS DIVERS, l’Exploration-Production,  les services parapétroliers,  la production et la commercialisation d’engrais et de fertilisants,  la construction et l’engineering et Maintenance, le dessalement d’eau de mer, le transport aérien,  la formation et les assurances, le trading, le transport maritime.

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