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vendredi, mai 17, 2024

Eclairage. Ce que l’Algérie est en train de perdre parce qu’elle ne maîtrise pas les nouvelles technologies de la communication et de l’information

En demeurant un pays largement sous-développé sur le plan numérique, à savoir concernant l’utilisation des « Nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC), l’Algérie est en train de perdre énormément d’opportunités de croissance et de développement dans plusieurs secteurs clés. Faute de pouvoir exploiter ces opportunités, l’Algérie recul sur la scène internationale s’agissant du développement économique et technologique. Explications avec des faits et des chiffres à l’appui. 

 

Comme dans la plupart des pays de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA), l’éducation en Algérie a un potentiel inexploité considérable. Malgré des décennies d’investissements impressionnants pour améliorer le taux de scolarisation et la parité des sexes, le système éducatif n’a pas contribué proportionnellement au capital humain, au bien-être ou à la richesse.

Dans ce contexte, il faut noter qu’un regain d’intérêt pour l’éducation en Algérie, notamment pour l’enseignement professionnel et l’enseignement supérieur, est nécessaire. Les problèmes liés à l’histoire, à la culture et à l’économie politique du pays constituent des obstacles au succès de l’éducation dans l’ensemble. Mais si les autorités algériennes se réveillent de leur torpeur et développent l’accès aux NTIC en connectant les écoles algériennes aux plus récentes mutations technologiques dans l’enseignement, il sera largement possible d’augmenter le taux de réussite scolaire dans le premier et le deuxième cycle du secondaire, qui sont les principaux goulots d’étranglement, nous apprend à ce sujet une brillante et approfondie étude menée par deux experts de l’Institut d’études de sécurité (ISS).

Ces deux experts sont les auteurs d’un rapport international qui planche sur la trajectoire de développement de l’Algérie d’ici 2040. Les deux auteurs sont Stellah Kwasi, chercheuse dans le programme Futurs africains et Innovation au bureau de Pretoria de l’ISS. Avant de rejoindre l’ISS, elle était adjointe de recherche au Centre Frederick S Pardee for International Futures à l’Université de Denver, au Colorado. Et Jakkie Cilliers, fondateur de l’ISS et président du conseil d’administration, dirige actuellement le programme Futurs africains et Innovation, au bureau de Pretoria de l’Institut. Il a démissionné de son poste de Directeur général en 2015.

L’ISS est une organisation africaine à but non-lucratif. Ses bureaux sont situés en Afrique du Sud, au Kenya, en Éthiopie et au Sénégal. Ses domaines de compétence sont la criminalité transnationale, la migration, la sécurité maritime et le développement, le maintien et la consolidation de la paix, la prévention de la criminalité et la justice pénale, l’analyse des conflits et la gouvernance. L’ISS fournit de des analyses opportunes et fiables, des formations pratiques et de l’assistance technique aux gouvernements et à la société civile. Le rapport portant sur la trajectoire de développement de l’Algérie à l’horizon 2040 a été financé, nous apprend l’ISS, par le Gouvernement des Pays-Bas, la Fondation Hanns Seidel et l’Agence suédoise de coopération internationale au développement.

Ce rapport de l’ISS estime que l’Algérie a besoin cruellement de développer l’usage des NTIC pour améliorer également la formation professionnelle et répondre au besoin de compétences techniques et augmente le taux d’admission dans l’enseignement supérieur.

« Étant donné que le système éducatif algérienne peut être assimilé à une filière, en raison de sa lenteur, il est essentiel d’instituer des réformes le plus tôt possible », note encore ce rapport d’après lequel compte tenu de la « nature technique des opportunités associées au secteur des hydrocarbures en Algérie, et des opportunités connexes pour le secteur manufacturier, il est probable qu’une approche fondée sur le partenariat sera nécessaire entre l’Algérie et les partenaires régionaux ou internationaux pour faciliter le transfert de connaissances ».

Une telle initiative devra s’accompagner de politiques de développement industriel et d’incitations ciblées sur l’investissement dans le secteur privé ou au travers de partenariats public-privé (PPP). Ces derniers doivent permettre la création d’entreprises et de projets qui exploiteront les nouvelles capacités en ressources humaines afin d’endiguer la fuite actuelle des cerveaux.

Les deux experts de l’ISS soulignent aussi que l’éducation en Algérie a un potentiel inexploité considérable. Or, une meilleure utilisation des NTIC pourra faire passer les taux d’obtention du diplôme du premier cycle du secondaire qui est actuellement d’environ 92,8 % à 97,4 %, le taux de diplômés du deuxième cycle du secondaire de 76,5 % à 84,5 % et celui de l’enseignement professionnel du deuxième cycle du secondaire d’environ 9,8 % à 13,8 %, d’ici à 2040.

Les deux experts de l’ISS n’ont pas manqué de rappeler que par comparaison avec ses pairs, l’Algérie accuse un sérieux retard dans le domaine des TIC. Le pays compte trois principaux opérateurs de services mobiles : les entreprises publiques Mobilis et Djezzy et la société qatari Ooredoo. Le taux de pénétration des smartphones est d’environ 40 %, selon les chiffres officiels – un chiffre bien inférieur à celui des autres pays de la région MENA, où le taux est de 111 %149.

Elle possède également l’une des connexions internet fixes les plus lentes au monde, d’un débit de 4,18 mégabits par seconde (Mbit/s). Singapour qui est le leader mondial dans ce domaine, se targue d’avoir un débit internet de 153,85 Mbit/s150. Bien que les  connexions internet mobiles de l’Algérie soient plus rapides (7,23 Mbit/s), trois autres pays seulement ont des services plus lents.

Alors qu’il existe plus de 45 millions de téléphones mobiles en Algérie, la plupart d’entre eux ne sont utilisés que pour les appels téléphoniques et contribuent peu à l’économie numérique. Ceci en dépit des investissements massifs réalisés dans l’accès à Internet.

La fibre optique s’étend sur plus de 60 000 km, mais ses réseaux ne sont utilisés qu’à 10 % de leur capacité, car la plupart des régions où ils ont été installés attendent des mises à niveau.  Les médias sociaux sont populaires en Algérie et les importantes manifestations qui se sont déroulées en témoignent, malgré les coupures régulières d’Internet par le gouvernement.

La faiblesse de la connexion à Internet est donc en partie intentionnelle, afin d’atteindre un objectif politique. Cette stratégie retarde la participation numérique de l’Algérie et pourrait l’isoler de l’économie mondiale.

Le rapport de l’ISS suggère à ce que l’Algérie développe réellement  les TIC et améliore la bande passante par utilisateur et le haut débit dans le pays pour permettre aux abonnements à l’Internet à haut débit fixe de passer de près de 5,5 millions de personnes en 2021 à 9,8 millions de personnes en 2026. Ce qui correspond à une augmentation de 78 % du nombre de personnes ayant accès au haut débit fixe.

Il est à noter enfin que le secteur des TIC dans le pays contribue actuellement à environ 4,7 % du PIB  contre une moyenne de 5,9 % pour plusieurs pays africains ou les autres pays de la région MENA. Au rythme auquel évolue l’Algérie actuellement,  d’ici à 2040 la contribution du secteur des TIC sera encore uniquement de 5,5 %. L’Algérie sera ainsi encore largement sous-développée par rapport à ses voisins ou d’autres pays du continent africain en matière de développement numérique.

Les deux experts de l’ISS soulignent enfin que « l’amélioration des services numériques, notamment bancaires et publics, pourrait également entraîner l’amélioration de la gouvernance, augmenter la transparence, et permettre d’intégrer une plus grande
partie de l’économie informelle au secteur formel ».

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5 تعليقات

  1. Avant de maîtriser les nouvelles technologies de la communication et de l’information, il faut d’abord maîtriser la fuite des cerveaux et des Harragas en général. Nous avons un pays 3 à 4 fois plus grand que la France, sans compter les richesses du sol et sous-sol et qui n’arrive à faire vivre que les décideurs « entre-guillemets », leur entourage et leurs serviteurs les cachiristes. Tout au plus, ça ferait 4 à 5 millions d’âmes privilégiées qui font la pluie et le beau temps sur le reste, un gros reste de 40 millions laissé pour compte !

  2. Qu’est ce que tu attends ? Je vois que tu as toutes les solutions tel un « MacGyver », rentres en Algérie pour nous sauver. Ce que tu fais est de la non-assistance à pays en danger. Tu sais que nous allons droit dans le mur et tu nous laisses faire.
    Tu aimes l’Algérie ! Fais alors comme les Algériens de France qui ont laissés vie et études en France pour rentrer soutenir la révolution au mépris de leur vie.

  3. @ dz man

    Faire alors comme les Algériens de France qui ont laissés vie et études en France pour rentrer soutenir la révolution au mépris de leur vie.

    De 1954 à 1962, oui certains l’ont fait, bien qu’ils étaient aussi utiles en restant en France et ceci pour plusieurs raisons et c’est un autre débat.
    Mais à l’heure actuelle, revenir pour soutenir quelle révolution? Quel est le programme de la gouvernance Tebboune? Et en vérité qui gouverne l’Algérie?

    Tout le monde sait parfaitement que nous allons droit dans le mur et c’est pour cette raison que beaucoup voudraient partir ailleurs et que d’autres critiquent la politique algérienne actuelle en espérant sauver le pays, par des idées, des raisonnements, des critiques basées sur des faits.

    Maintenant si, par cas, ces derniers, avec leuirs idées, revenaient au pays, il est certain qu’ils iraient tout droit… derrière des murs , en prison!

    Alors faut-il se taire devant le spectacle de déliquescence qu’offre notre pays?
    Quand un premier ministre reçoit des lingots d’or d’une puissance étrangère et qu’il les revend sur le marché informel d’Alger ça ne te choque pas. Dans quel pays on rencontre de tels agissements? Tu l’as déjà oublié ou tu ne le savais pas.
    Ceux qui gouvernent actuellement appartiennent à la même caste que ce type aux lingots d’or qui nous parlait de patriotisme, d’indépendance, etc…

    Ces gens sont plus préoccupés de leurs propres intérêts que de développer l’Algérie, et pas seulement les nouvelles technologies.

    Quand une évaluation internationale classait le système éducatif algérien à l’avant dernière place et que depuis —rien— n’a été mis en place pour remédier aux insuffisances qui avaient été déterminées, on est en droit de se demander qui défend et soutient notre patrie. Celui qui conteste le pouvoir de ceux qui conduisent ce pays à la faillite. Ou ceux qui, comme toi peut-être, regardent faire en critiquant les contestataires?