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jeudi, mai 2, 2024

Décryptage. Comment l’Algérie perd en moyenne 14 milliards de dollars USD par an à cause des baisses de ses exportations d’hydrocarbures

Le prix du baril de pétrole est toujours de plus en plus élevé, entraînant dans son passage l’augmentation des cours mondiaux du gaz naturel, et pourtant, l’Algérie s’appauvrit et patine toujours dans les crises financières. Comment est-ce possible ? La réponse à cette question se trouve du côté des baisses continues de ses exportations ds hydrocarbures qui constituent entre 96 et 98 % de ses ressources en devises et de 40 jusqu’à 45 % de ses ressources fiscales. Explications

L’Algérie fait, malheureusement, face à une baisse de ses exportations pétrolières ou gazières depuis au moins 2007. Mais au plus haut sommet de l’Etat algérien, personne n’a voulu s’attaquer sérieusement à ce problème pour lui trouver des alternatives efficaces. En 2016, année qui voit en Algérie une forte reprise des exportations après une dizaine d’années de baisse régulière et qui ramène l’optimisme chez les pétroliers algériens, la hausse global était de +11 % à 110,6 millions de tep. La performance tient aux énergies dites « primaires », c’est-à-dire exportées sans valorisation de quelque nature sur place, en
hausse de 17,7 %.

Ainsi, à titre d’exemple, en 2016, les exportations du pétrole brut avaient atteint les 27,8 millions de tonnes, le Condensat : 5,7 millions de tonnes, le Gaz naturel : 38 milliards de mètres cubes (+ 37 % par rapport à 2015),  GPL (gaz de pétrole liquéfié) : 8,6 millions de tonnes. Quant aux exportations d’énergie dite « dérivée », c’est-à-dire ayant subi une transformation sur place, elles avaient enregistrent de leur côté une contre-performance (-4,2 %). Le GNL (gaz naturel liquéfié) en représente 44,4 % (15,5 milliards de mètres cubes) et les produits pétroliers raffinés 53,7 % (17,1 millions de tonnes).

En 2017, la reprise s’interrompt brutalement et la prévision d’une hausse des exportations de +6,5 % fait place à une réalisation négative (-2,88 %) intervenue au second semestre de l’année en raison de retards inattendus dans la mise en production de trois nouveaux champs (Timimoun, Reggane et Touat Gaz) qui dégradent les performances de ventes de gaz naturel. Au premier trimestre 2018, la baisse continue (-3 %).

Les chiffres sont éloquents, mais ne sont jamais médiatisés par les autorités algériennes qui observent dans ce dossier un silence intrigant afin de cacher la vérité aux algériennes et aux algériens. Ainsi, depuis le début de la baisse en 2007, le volume des exportations a marqué, selon les statistiques officielles de la Banque d’Algérie, une inquiétante tendance à la baisse :

– 2008 : – 4 % 2013 : – 7,7 %

– 2009 : – 9,76 % 2014 : – 1,74 %

– 2010 : – 1,78 % 2015 : + 0,4 %

– 2011 : – 4,89 % 2016 : + 6,7 %

– 2012 : – 3,3 % 2017 : – 2,88 %

Ces statistiques nous permettent d’affirmer que sur 11 exercices annuels, deux seulement ont vu les volumes augmenter entre 2007 et 2017, ce qui n’a pas permis à l’Algérie de compenser la baisse des cours par une augmentation de ses ventes.

En valeur, pour ne retenir que ces deux dernières années, les recettes des exportations
ont augmenté de 18,40 % en 2017, malgré une baisse du volume des exportations de
près de 3 %, grâce à une remontée des cours du brut de presque 20 %. Si le volume des
exportations était resté en 2017 au niveau de 2005, Sonatrach aurait empoché environ
14 milliards de dollars supplémentaires (+26 %). Le manque à gagner dû à la régression de la production sur toute la période (2007-2017) est évidement encore plus considérable. Ces pertes n’ont jamais été quantifiées par des études sérieuses et rigoureuses menées par les autorités algériennes. Mais, comme pour l’année 2017, on peut estimer facilement ce manque à gagner à près de 10 milliards de dollars. Lorsque les cours mondiaux des hydrocarbures battent des records comme c’est le cas depuis la fin 2021, cette perte  sèche peut facilement atteindre les 14 milliards de dollars USD par an. Un véritable gâchis financier pour l’Algérie.

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