Les deux pays sont voisins, mais leur situation sanitaire est totalement différente. En Algérie, le COVID-19 est en pleine expansion avec des hausses quotidiennes spectaculaires des pics de contamination très élevés de jour en jour et ce depuis le début de la fin du mois de juin dernier. En revanche, en Tunisie, la situation est totalement sous contrôle et l’épidémie ne fait plus de ravages. Ce graphique de la plateforme Our Word in Data, une publication en ligne qui présente des recherches empiriques et des données scientifiques sur de nombreux domaines de la vie sociale, les publications sont dirigées par des chercheurs de la prestigieuse Université d’Oxford et s’appuient sur de nombreuses sources scientifiques internationales, démontre clairement l’immense fossé qui sépare l’Algérie de la Tunisie.
Il s’agit d’un graphique qui reprend l’ensemble de l’évolution de la courbe de la pandémie du COVID-19 en Algérie et Tunisie. Dans les deux pays, les courbes sont totalement divergentes. Et pourtant, entre le 27 mars et 6 avril derniers, la Tunisie comptait presque le même nombre des personnes contaminés qu’en Algérie. Mais depuis la fin du mois d’avril dernier, la Tunisie a décroché et a réduit significativement l’ampleur des contaminations alors qu’en Algérie, la situation sanitaire n’a pas cessé de se détériorer allant jusqu’à provoquer une véritable explosion des cas. Comment est-ce possible ?
Contrairement à l’Algérie, la Tunisie s’est dotée d’une véritable politique de dépistage qui lui a permis de repérer très rapidement les foyers de la pandémie pour ensuite endiguer sa propagation sur le territoire tunisien. Dés le 29 mars, la Tunisie s’est orienté vers le dépistage actif et ciblé. Le ministre de la Santé tunisien, Abdellatif Mekki, avait assuré qu’une commande de 500 mille kits a été effectuée par l’Etat Tunisien. La livraison se faisait sur plusieurs étapes et suivant un échéancier.
La Tunisie, consciente de ses moyens limités, a entamé une dépistage ciblé qui a montré rapidement son efficacité. La Tunisie a commencé à cibler la population à risque, en l’occurrence les personnes présentant des symptômes et leur entourage. Afin de détecter cette population à risque, le ministère de la Santé tunisien en collaboration avec le ministère des Technologies de communication et de la transition numérique, ont lancé l’application mobile gratuite « STOP Corona ». Il s’agit d’envoyer via un SMS un questionnaire à tous les citoyens pour vérifier s’ils présentent des symptômes du Covid-19. Les personnes ayant des symptômes seront contactées pour effectuer un test de dépistage.
Grâce à cette stratégie, dés le début du mois d’avril dernier, la Tunisie avait la capacité de dépister 900 personnes par jour alors qu’en Algérie, durant la même période, cette capacité ne dépassait pas les 200 tests par jour !
Améliorant toujours sa stratégie, la Tunisie s’est préparé dés la première semaine du mois d’avril à dépister 6000 personnes par jour s’il y avait une nécessité ou une urgence sanitaire. Mais pour réaliser cette campagne de dépistage, sept laboratoires ont été rapidement habilités à effectuer des tests de dépistage. « Pour gagner, nous devons attaquer le virus avec des stratégies agressives et ciblées : tester chaque cas suspect, isoler chaque cas confirmé et retrouver puis placer en quarantaine chacune des personnes avec qui ils ont été en contact proche », a affirmé le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le 23 mars. La Tunisie a compris le message et s’est lancé très vite dans l’application d’une très bonne stratégie de dépistage.
A la fin du mois d’avril, la Tunisie disposait déjà 200 kits de dépistage pour effectuer davantage d’analyses, identifier les foyers de contamination et isoler les malades. Ceci dit, la Tunisie a toujours privilégié les tests de type PCR (Polymerase Chain Reaction») qui, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), consiste en un prélèvement naso-pharyngé (gorge, nez, naso-pharynx) qui se fait à l’aide d’un petit écouvillon introduit dans le nez. Suscitant l’unanimité pour leur fiabilité scientifique, la Tunisie a toujours tenté d’obtenir les tests de type PCR.
C’est dans ce cadre que l’Institut Pasteur tunisien avait préparé un plan d’action pour le mois de mai dernier consistant à soumettre 450 et 500 mille personnes à des tests de dépistage du coronavirus. Et en parallèle, durant tout le mois d’avril dernier, la Tunisie s’est préparée pour avoir une capacité de dépistage de 1 000 tests par jour afin de bien se préparer au déconfinement ciblé qui avait commencé à partir du 4 mai prochain. En Algérie, durant cette période, l’Algérie réalisait à peine 300 tests de dépistage par jour. Un dépistage à l’aveuglette n’obéissant à aucune stratégie scientifique rationnelle. Le résultat final est éloquent : en Tunisie, depuis le 5 juin 2020, la situation épidémiologique est totalement stable avec plusieurs jours sans l’enregistrement d’un seul cas contaminé. Et en Algérie, explosion exponentielle de l’épidémie depuis le 5 juin dernier. Chaque pays récolte les fruits de la politique qu’il mène…