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vendredi, mai 17, 2024

Contrairement au pétrole, les prix du gaz naturel reculent de nouveau et l’Algérie perd encore au change

Faute de bonne gouvernance et d’une véritable stratégie économique adaptée aux mutations internationales, l’Algérie va une nouvelle beaucoup perdre d’argent et de recettes en devises à l’exportation. Cette fois-ci, c’est les prix du gaz naturel qui ont reculé significativement sur les marchés mondiaux. L’Algérie, pays davantage gazier que pétrolier, va être impacté durement par cette baisse. 

Après avoir expliqué dans un précédent décryptage approfondi pourquoi l’Algérie ne va pas beaucoup profiter de l’envolée actuelle des prix du baril du pétrole qui frôlent les 70 dollars, une autre mauvaise nouvelle nous parvient des marchés internationaux concernant les cours actuels du gaz naturel. Le gaz naturel est échangé sur le marché mondial à 2,64 dollars US par million de BTU en recul de 2,26 %. Les prix du gaz naturel demeurent très bais et peinent à remonter jusqu’à 3 dollars par million de BTU. Aujourd’hui lundi 8 mars, le gaz nature la atteint l’un de ses seuils les plus bas depuis l’année 2020. Contrairement au baril du pétrole, le gaz naturel patine et ne se relève pas de la crise qui lui a été infligée par la pandémie de la COVID-19. Pourquoi ?

Dans l’esprit des gens, les prix du gaz naturel sont étroitement liés à ceux du baril du pétrole. Si les baril remontent, ceux du gaz naturel aussi. C’était vrai par le passé. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Historiquement, le prix du gaz naturel était indexé sur le prix du pétrole. Actuellement, l’indexation tend à s’estomper du fait de la liquidité du marché et le pétrole est devenu l’un drivers du gaz naturel. Cette tendance  a commencé à partir de 2014 où la formule tarifaire du prix du gaz naturel a été revue pour que la part d’indexation sur le cours du pétrole soit affaiblie, au profit des marchés du gaz. Ceux-ci qui ne représentaient que 10 % du cours en 2010, puis 46 % en 2014, ont fini par atteindre enfin 60 % aujourd’hui.

Ce n’est donc pas le prix du baril du pétrole qui détermine le prix du gaz naturel. Comment ce prix est donc calculé ? Nous avons les températures extérieures, qui jouent sur les consommations des ménages comme des professionnels. Ainsi, une vague de froid va entraîner une demande plus importante que prévu et une augmentation des prix du gaz naturel. La consommation d’électricité. Une vague de chaleur entraîne des besoins en climatisation plus importants et donc une consommation d’électricité plus importante, satisfaite notamment par des centrales qui fonctionnent au gaz naturel. Résultat ? La demande de gaz s’envole, et les prix aussi. La quantité de gaz naturel disponible. Production, épisodes de maintenance, livraisons reportées ou avancées… Le niveau de l’offre impacte directement le prix du gaz naturel. Et enfin la situation géopolitique et macroéconomique mondiale.

Aujourd’hui, depuis le début du mois de mars 2021, l’ensemble des évolutions de ces paramètres est défavorable à une hausse des prix du gaz naturel. Cette nouvelle baisse des prix du gaz naturel est catastrophique sur le plan économique et financier. L’Algérie est un pays davantage gazier que pétrolier. Ses réserves en gaz naturel sont nettement plus importantes que ses réserves pétrolières qui paraissent ridicules par rapport aux autres grands pays pétroliers.

L’Algérie était en 2015 le 18e producteur de pétrole, le 10e producteur de gaz naturel et le 6e exportateur de gaz naturel au monde. Selon les statistiques de l’OPEC, les réserves prouvées de gaz naturel de l’Algérie ont atteint une stabilité de 4.504 Billion standard m3 durant la période de 2005 à 2012, ainsi l’Algérie occupe la septième (07) place au sein de l’OPEC dans les réserves prouvées de l’année 2012, les trois premières places reviennent a l’Iran avec une moyenne de 33.780 Billion standard m3 , le Qatar en deuxième position avec un volume de 25.069 Billion standard m3 , l’Arabie Saoudite détient la troisième place avec un volume de 8.235 Billion standard m3. L’Algérie dispose la dixième place des plus grandes réserves gazières au monde et la deuxième en Afrique après le Nigéria pour la même année.

Or, toutes ces réserves et production ne représentent plus un atout stratégique pour l’Algérie avec les chutes accélérées des prix du gaz naturel sur le marché mondial surtout que les capacités d’exportation du pays sont en baisse continue à cause de l’augmentation incessante de la consommation locale. Il faut savoir qu’effectivement, l’Algérie dispose de ressources énormes en gaz naturel conventionnel – l’équivalent de 60 ans de production – voire plusieurs siècles en gaz de schiste (700 000 milliards de mètres cubes) et produit l’équivalent de 180 milliards de mètres cubes bruts, le quart de la production américaine, et non 91,2 milliards de mètres cubes, car les statistiques de Sonatrach ne parlent pas des 90 milliards de mètres cubes de gaz associés malheureusement réinjectés.

En 2017, l’Algérie a produit 91,2 milliards de mètres cubes en augmentation de 1,2% par an depuis 2007. Or, la consommation domestique était de 39,9 milliards de mètres cubes en 2017, contre 23,4 milliards en 2007, soit une hausse de 5,4% par an entre 2007 et 2017, ce qui constitue un taux de croissance énorme. En 2017, l’Algérie exportait 53 milliards de mètres cubes en 2017 et ce quota du gaz naturel algérien destiné à l’exportation va baisser encore d’une année à une autre avec l’augmentation incessante de la consommation locale.

Algérie Part avait révélé récemment que toute la production du gaz naturel en 2020 a atteint un niveau de 122 milliards de M3. Un niveau très bas car la production habituelle du gaz naturel dépassait pendant les dernières années les 132 milliards M3 par an. Au lieu de renforcer la production du gaz pour compenser la réduction de la production du pétrole de 23% conformément à l’accord de l’OPEP+ entré en vigueur depuis le 12 avril 2020, la très mauvaise gestion de Sonatrach, les très mauvaises décisions de ses managers ainsi que les divers incidents industriels ou les arrêts prolongés des installations de production faute d’une rigoureuse et efficace maintenance, ont fini par porter un énorme préjudice financier au secteur des hydrocarbures du pays.

Nos investigations avaient démontré que la Sonatrach aurait pu compter sur les exportations du gaz naturel pour gagner jusqu’à 25 milliards de dollars en 2020. Au lieu de cela, la Sonatrach a terminé l’année 2020 avec des exportations avoisinant à peine les 20 milliards de dollars. La très mauvaise gestion actuelle de Sonatrach a causé une perte pour l’Algérie de l’ordre de 4 milliards $ à 5 milliards de dollars ce qui représente tout de même une perte avoisinant les 20 % des revenus potentiels en devises de l’Algérie pour l’année 2020.

Algérie Part avait également révélé que l’année 2020 fut une année sinistre pour le gaz algérien. Les ventes et exportations du gaz naturel à l’étranger n’ont rapporté que 4,5 milliards de dollars à l’Algérie, a appris Algérie Part au cours de ses investigations.

Des recettes en devises en baisse de 33 % par rapport à 2019 une année durant laquelle les recettes du gaz naturel algérien ont atteint les 6,7 milliards de dollars. Cette chute enregistrée au cours de l’année 2020 ne s’explique pas seulement par les bouleversements provoqués par la pandémie de la COVID-19. L’Algérie a perdu plusieurs marchés stratégiques et la très mauvaise politique commerciale du groupe Sonatrach a rebuté de nombreux clients. Bien avant la chute des prix du gaz naturel à cause de la baisse de la consommation mondiale en raison des effets désastreux de la pandémie de la COVID-19, l’Algérie ne s’était pas préparée pour affronter les mutations énergétiques mondiales.

Ce scénario risque, malheureusement, de se reproduire car avec les prix actuellement pratiqués sur les marchés internationaux, à peine 2,64 dollars US par million de BTU. Soulignons enfin qu’au début de l’année 2020, un vent d’optimisme avait soufflé sur les prix du gaz naturel avaient qui ont connu une augmentation de + 5 % et le prix du MBTU a dépassé les 2,54 dollars alors qu’il était pendant presque toute l’année 2020 sous le seuil du 2 dollars. Des perspectives heureuses étaient également attendues pour le gaz naturel, mais depuis le début de ce mois de mars, une nouvelle tendance baissière s’est encore une fois emparée des marches mondiaux.

 

 

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1 تعليق

  1. Excellent travail chiffré d’Algérie Part, un des rares organes de presse qui s’intéresse à l’économie algérienne!
    Sinon en résumé on peut retenir que la recette en devises (pétrole+gaz) cette année ne va pas dépasser les 20 milliards $ qui mettront l’Algérie en cessation de payement d’ici la fin d’année c’est à dire on pourra plus importer ni céréales ni de lait ni de médicaments vitaux nécessaires aux nombreux diabétiques, cardio-vasculaires, cancéreux,… qui risquent de mourir tout simplement. Par contre si ce régime tombe qui doit satisfaire ses maitres de l’occident, Chine, Russie … et acheter sa protection, les 20 milliards $ de recette vont largement suffire avec un régime légitime pour importer ces produits de 1ère nécessité et relancer l’économie et préparer la transition énergétique qui va arriver d’ici une décennie !