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vendredi, mai 17, 2024

Confidentiel. Algérie : la stratégie industrielle du pays confiée à une… avocate !

Au ministère de l’Industrie, la gouvernance de Ferhat Ait Ali est en train de susciter une énorme controverse. Le choix de cet expert excessivement médiatisé ces dernières années sur les plateaux des télévisions soulèvent de nombreuses années. Preuve en est, la principale conseillère de ce ministre a été chargée de travailler sur la nouvelle stratégie industrielle du pays notamment dans le secteur automobile et électroménager. Or, cette conseillère est une… avocate d’affaires qui ne connait absolument rien au fonctionnement de l’Industrie ! 

En effet, la conseillère de Ferhat Ait Ali chargée de la stratégie industrielle s’appelle Baba Aissa Latifa. C’est une avocate d’affaires qui était établie à Toulouse au sud de la France. Diplômée de l’Université de Toulouse 1 Capitole, Baba Aissa Latifa se présente comme une spécialiste en droit de l’investissement étranger, de l’implantation étrangère dans les pays du golfe et Maghreb.

Il faut avouer qu’en tant qu’avocate d’affaires, madame Baba Aissa Latifa avait pignon sur rue à Alger. Durant ces dernières années, elle était la conseillère de plusieurs milliardaires algériens comme Mahieddine Tahkout ou le fils d’Issad Rebrab, Omar Rebrab.

En juillet 2017, grâce à son réseau de connaissances, cette avocate avait conclu un contrat qui lui permettait de facturer des prestations de conseil juridique auprès du ministre de l’industrie et des mines. Une mission qui semblait correspondre à ses compétences. Or, depuis l’arrivée de Ferhat Ait Ali en janvier 2020, Baba Aissa Latifa est devenue, par enchantement, la conseillère chargée de l’édification de la stratégie industrielle alors qu’elle n’a jamais travaillé de toute sa vie dans une usine ou dirigé une entreprise industrielle.

Ferhat Ait Ali a confié à cette avocate d’affaires le soin de préparer le nouveau cahier de charges qui doit régir la délicate activité du montage des véhicules neufs. Elle a été même chargée de travailler également sur le cahier de charges régissant l’industrie de l’électroménager.

Ayant été chargée de faire un travail qui dépasse visiblement, et de loin, ses compétences juridiques, ces deux chantiers fondamentaux pour l’avenir de l’industrie en Algérie ont traîné pendant plus de 6 mois suscitant ainsi la colère de la Présidence de la République qui avait rappelé à l’ordre à trois reprises Ferhat Ait Ali pour le presser de rendre au plus vite ses propositions pour les nouveaux cahiers de charges. Pour rattraper tous les retards, Ferhat Ait Ali décide en toute urgence de réunir les sous-directeurs de son ministère pour leur demander de plancher sur le dossier du nouveau cahier des charges de l’industrie et activité automobile. En pleine pandémie du coronavirus COVID-19 qui avait martyrisé l’Algérie au mois de juillet passé, ces sous-directeurs ont travaillé comme des « chiens » afin de corriger les maladresses et les retards accusés par madame Baba Aissa Latifa, la conseillère protégée et préférée de Ferhat Ait Ali.

Au final,  cet expert qui chantait durant les années Bouteflika la nécessité d’un changement radical a proposé au mois d’août un cahier des charges légèrement différent de celui d’Abdesslam Bouchouareb. En effet, le cahier des charges relatif aux conditions et aux modalités d’exercice de l’activité de construction de véhicules, et celui fixant les conditions et modalités d’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules automobiles, remorques et semi-remorques neufs,  publié sur le journal officiel N°49, du 19 Aout 2020, n’a apporté aucun changement majeur aux dispositions de l’ancien cahier des charges élaboré par Abdesslam Bouchaoureb en avril 2016.

La seule différence qui distingue l’actuel cahier de charges de l’ancien est l’imposition d’un taux d’intégration, dès le démarrage de l’activité,  minimum de 30%. L’article 10 précise du précédent cahier des charges précisait que « le taux d’intégration locale doit représenter au moins 40% à la cinquième année du démarrage de l’activité avec atteinte du taux minimum de 15% à la troisième année ».

Dans le nouveau cahier des charges élaboré par le ministère de l’Industrie de l’ère de Tebboune, il est précisé qu’un régime fiscal préférentiel est accordé aux constructeurs agréés, sur décision d’évaluation technique par le ministre chargé de l’industrie. Cette décision est délivrée après dépôt d’un dossier, dont le contenu est précisé dans l’article 12, dans un délai de trente (30) jours à partir de la date du récépissé de dépôt, pour la période couvrant chaque étape d’intégration suivantes :
— dès le démarrage de l’activité, un taux d’intégration minimum de 30% est exigé ;
— 3ème année : 35 % ;
— 4ème année : 40 % ;
— 5ème année : 50%.

C’est la seule différence notable et majeure entre les deux anciens cahiers des charges. Or, fallait-il perdre 6 mois pour aboutir à une telle modification légère et superficielle ? Non ! Une  disposition dont on ne sait même pas si elle réellement applicable en Algérie en raison de la faiblesse chronique du tissu des sous-traitants. Mais pour cela, il fallait que Ferhat Ait Ali confie ce travail à de vrais experts connaisseurs des nuances et spécificités de l’industrie automobile. Au lieu de faire preuve de bon sens, le ministre a préféré accorder tout le pouvoir dans ce dossier névralgique pour l’avenir économique du pays à madame Latifa…

Algérie Part poursuit ses investigations et publiera prochainement de nouvelles révélations sur le fonctionnement opaque et inefficace du ministère de l’Industrie sous le règne de Ferhat Ait Ali.

 

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