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jeudi, mai 2, 2024

Après le Maroc, les Emirats ou l’Espagne, c’est le Mali : le régime en conflit ou en crise avec presque tous ses voisins

Le régime algérien termine l’année 2023 en provoquant une nouvelle crise géopolitique avec l’un de ses voisins les plus importants et les plus fragiles à la fois : le Mali. L’ambassadeur d’Algérie à Bamako a été convoqué mercredi par le ministère malien des Affaires étrangères après des « actes inamicaux » et « une ingérence » d’Alger dans « les affaires intérieures » du Mali, a annoncé mercredi 20 décembre dernier le ministère malien.

Il lui est notamment reproché des réunions avec des séparatistes touareg sans associer les autorités maliennes. Bamako a convoqué l’ambassadeur d’Algérie « pour élever une vive protestation » du Mali « suite aux récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali », affirme le ministère dans un communiqué. Ces sévères critiques adressées par les autorités maliennes au pouvoir algérien interviennent à la suite de l’accueil chaleureux et solennel réservé le 19 décembre dernier par le Président Abdelmadjid Tebboune à Alger à une figure politique malienne très controversée et sulfureuse : l’imam de la Confrérie Kountiya de la République du Mali, Mahmoud Dicko.

L’imam Dicko est aujourd’hui l’une des plus importantes menaces contre le régime de transition dirigé par les militaires maliens. Considéré comme une tête pensante du wahhabisme dans le Sahel, Mahmoud Dicko est un proche de l’Arabie Saoudite où il a été formé et où il séjourne régulièrement car il a été élu membre permanent du Bureau de la ligue islamique mondiale (LIM) et membre du bureau des Ulémas de la même organisation. L’imam Dicko était déjà le leader d’un mouvement de contestation qui a précédé le renversement du président civil Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires en 2020. Mais depuis la prise de pouvoir par les militaires, il a ouvertement exprimé ses désaccords avec le gouvernement provisoire. Il est l’un des rares acteurs politiques capables de mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire, qui a fait emprisonner plusieurs opposants. L’entrevue de Tebboune avec cette figure religieuse peut être interprétée comme un soutien franc et officiel du régime algérien à une éventuelle nouvelle révolte populaire visant à changer le régime politique malien.

L’Algérie est le principal pays médiateur pour le retour de la paix dans le nord du Mali à la suite d’un accord signé en 2015 entre le gouvernement malien et des groupes armés à dominante touareg dit accord d’Alger. Le nord du Mali est le théâtre depuis fin août d’une reprise des hostilités de la part de ces groupes armés contre l’armée malienne, après huit ans d’accalmie. Les protagonistes se disputent le contrôle du territoire et des camps militaires laissés par les casques bleus de la Mission de l’ONU, déployée depuis 2013 dans ce pays et poussée vers la sortie par les colonels arrivés au pouvoir au Mali par la force en 2020. Bamako critique « les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d’autre part avec certains mouvements signataires » de l’accord de 2015 et « ayant choisi le camp des terroristes », selon le communiqué. Ces faits, selon Bamako, « sont de nature à entacher les bonnes relations » avec Alger. Des chefs de groupes séparatistes touareg, selon des responsables de leurs mouvements, séjournent actuellement en Algérie. Mahmoud Dicko, influent imam malien, a été reçu en audience à Alger mardi par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon un communiqué de cette figure religieuse critique contre les militaires au pouvoir au Mali. Le gouvernement malien estime que « ces actes constituent une ingérence dans les affaires intérieures du Mali ». Il « invite la partie algérienne à privilégier la voie de la concertation avec les autorités maliennes, seules légitimes pour entretenir des échanges d’Etat à Etat avec les partenaires du Mali », pays sahélien en proie depuis 2012 aux agissements des groupes jihadistes et des séparatistes touareg.

Au lendemain de cette réaction malienne très musclée, le jeudi 21 décembre, c’est l’Algérie qui a convoqué à son tour l’ambassadeur du Mali à Alger pour s’expliquer avec lui à propos des problèmes ou malentendus « en relation avec les récents développements de la situation » dans ce pays important du Sahel. La diplomatie algérienne a diffusé un communiqué dans lequel elle affirme que ses démarches au Mali visent « à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali ». La diplomatie algérienne a indiqué également que ces actions « ont toujours reposé sur trois principes cardinaux dont elle n’a jamais dévié et dont elle ne déviera pas », lit-on dans le texte officiel du ministère algérien des Affaires Etrangères. Ces trois principes sont « L’attachement intransgressible de l’Algérie à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’unité nationale du Mali, la profonde conviction que la voie pacifique, à l’exclusion de toute autre, est la seule apte à garantir au Mali la paix, la sécurité et la stabilité de manière irréversible et durable » ainsi que « la réconciliation nationale et non par des déchirements fratricides récurrents que le Mali s’engagera dans une œuvre commune portée par tous ses enfants sans discrimination et sans exclusion lui assurant ultimement sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale », précise la même source.

Cependant, force est de constater que les explications algériennes ne sont pas suffisamment convaincantes pour calmer les tensions provoquées avec le Mali. Et il semble que cette crise ne fait que commencer en raison de plusieurs facteurs géopolitiques liées à lutte d’influence que se livrent dans la région de grandes puissances comme la France, les Etats-Unis et la Russie. Sur cet échiquier très complexe, l’Algérie peine à trouver sa place car elle a quasiment des problèmes avec presque tous ses voisins. Une situation dangereuse qui témoigne de l’irrationnalité et inefficacité de la politique étrangère menée actuellement par le régime Tebboune. Au Sahel comme au Maghreb, l’Algérie est confronté à de nombreux défis, dangers et peinent à nouer des alliances ou à imposer son leadership et sa crédibilité à ses interlocuteurs étrangers comme l’explique avec de nombreuses précisions dans ces podcasts vidéos notre directeur de publication, Abdou Semmar :

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