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jeudi, mai 2, 2024

Algérie : des médecins vendaient des places en réanimation 10 000 dinars pour les parents des cas les plus graves de COVID-19

De révélations choquantes et bouleversantes ont été faites sur les conditions épouvantables dans lesquelles le système de santé en Algérie a pris en charge les cas graves et compliqués de COVID-19 lors de la 3e vague de l’épidémie qui avait meurtri le pays tout au long de l’été 2021. A cette époque, les hôpitaux algériens étaient totalement saturés et le nombre des morts avait explosé faute des capacités avérées de secourir les cas souffrant d’insuffisance respiratoire et de  complications dangereuses provoquées par l’infection à la COVID-19. 

Durant ce contexte dramatique, des pratiques scandaleuses se sont produites au sein des hôpitaux algériens où des médecins et des paramédicaux ont racketté les familles des patients les plus gravement atteints par le coronavirus COVID-19 avant de les admettre dans des unités de soins intensifs. En effet, les témoignages recueillis à ce propos par le média français d’investigation et d’enquête Mediapart sont glaçants.

Dans un long reportage consacré aux effets désastreux de l’épidémie de la COVID-19 sur les hôpitaux algériens, Mediapart a révélé que « certains personnels hospitaliers auraient aussi « profité de la détresse des gens », en vendant des places en réanimation 10 000 dinars (soit 50 euros) ».

« Des gens filaient aussi 3 000 dinars à l’infirmier de garde pour qu’il ne s’occupe que de leur proche. S’ils veulent payer un infirmier, qu’ils le fassent, mais en faisant venir quelqu’un de l’extérieur, pas en mobilisant le seul infirmier de l’étage qui va ensuite délaisser tous les autres patients ! », ont témoigné aussi dans ce reportage des médecins algériens qui officient dans la wilaya d’Oran, à l’ouest du pays.

« Dans le même esprit, des boîtes de médicaments, comme le Lovenox (utilisé pour les patients Covid en cas de risque d’embolie pulmonaire), pouvaient être vendues 1 000 dinars par boîte aux proches des malades, au prétexte d’une pénurie », décrit encore Mediapart. « Les vendeurs piochaient dans les stocks de l’hôpital pour les vendre à l’extérieur. Les proches étaient désespérés, alors ils achetaient », rapportent les témoins cités par le même média français.

Selon les mêmes témoignages, ces pratiques étaient ouvertement adoptées au moment où le système hospitalier s’effondrait sous la pression de la vague meurtrière de la COVID-19. Dans les hôpitaux algériens, les médecins ont été abandonnés à leur sort face au tsunami des nouveaux cas graves et compliqués sans disposer  des moyens nécessaires ni de l’expérience indispensable pour gérer de telles situations de crise. « Les médecins ont été réquisitionnés pour des gardes Covid peu importe leur spécialité. On avait quatre médecins en journée, puis un seul le soir. Allez dire aux proches des patients qu’on ne peut rien faire, qu’on n’a pas les compétences, que la réa est saturée ! », déplore médecin qui témoigne à coeur ouvert dans ce reportage de Mediapart.

Faute de moyens adéquats et débordés par le nombre en augmentation permanente de cas graves, les médecins algériens ont livré plusieurs patients à une mort certaine. Et certains de ces médecins le reconnaissent dans les colonnes de ce reportage qui fait froid dans l dos.

Ainsi, un jeune médecin à Oran se souvient d’une « nuit noire », sa pire garde, survenue l’été dernier. « »Ce soir-là, rien qu’à mon étage, on a eu quatre morts, dont deux entre mes mains. Durant ma dernière garde, l’hiver dernier, je n’ai pas pu sauver une dame. Elle a désaturé à 30 % d’oxygène. Un médecin réanimateur est venu faire semblant de s’occuper d’elle devant ses parents. Mais on savait très bien que ça ne servirait à rien, puisque le service réa était saturé », révèle-t-il enfin dans ce même reportage de Mediapart.

 

 

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