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dimanche, mai 5, 2024

A Laghouat, des citoyens et citoyennes doivent quitter leur wilaya pour aller chercher des… liquidités

La crise de liquidités continue de martyriser la population algérienne. Dans plusieurs wilayas à travers le territoire national, des queues interminables se font et défont devant les bureaux de Poste. Mais dans certaines régions du pays, la situation est devenue inextricable et la population locale n’en peut plus de subir la pénurie des liquidités bancaires. C’est le cas à Laghouat, une wilaya peuplée par plus de 455 mille habitants, où les citoyennes et citoyens ont été contraints ces dernières semaines de quitter tout bonnement le territoire de leur wilaya pour chercher des… liquidités dans les wilayas voisines ! 

Ce mercredi 20 janvier, plusieurs dizaines de citoyens se sont rassemblés devant les principaux Bureau de Poste de Laghouat pour crier leur colère et réclamer des solutions concrètes capables de mettre fin à leur cauchemar. Laghouat est située à 400 KM au sud de la capitale Alger. Cette wilaya partage avec le wilaya de Ghardaia le fameux gisement de Hassi R’mel, le plus grand gisement de gaz naturel du pays, et pratiquement le plus grand gisement de gaz naturel de tout le continent africain. Hassi R’mel est le point de départ des gazoducs d’exportations vers l’Espagne (via le Maroc) et l’Italie (via la Tunisie).

En dépit des richesses impressionnantes de son sous-sol, à Laghaouat, dans les bureaux de Poste et la majorité de ses agences bancaires, il n’y a pas de liquidités ni de cash. La population locale, comme partout en Algérie, est largement dépendante des liquidités pour répondre à ses besoins quotidiens faute de moyens de paiement modernes comme le paiement électronique ou paiement mobile.

Face à cette galère quotidienne, de nombreux citoyens et habitants de Laghouat se déplacent jusqu’à Ghardaia pour chercher des espèces, d’autres se déplacent jusqu’à Djelfa pour encaisser des chèques ou faire des retraits. Les travailleurs de Sonatrach ou de certaines entreprises privées implantées dans la wilaya de Laghouat attendent la fin du mois pour se déplacer jusqu’à… Alger afin de procéder aux retraits de leurs salaires. Une situation chaotique qui ne cesse de provoquer l’exaspération locale. Les autorités locales échouent à trouver des solutions et jettent la balle dans le camp d’Algérie Poste. Cette dernière continue de faire des annonces irréelles et des promesses pour faire croire à la population algérienne que la crise de liquidités a été surmontée. Un pur mensonge et la population de Laghouat peut en témoigner.

La crise de liquidités que subit l’Algérie depuis les premières semaines du début de l’épidémie de la COVID-19 au mois de mars 2020 est en réalité le signal avant-coureur d’une grande crise de déséquilibre financier qui s’explique par les faiblesses maladives de l’économe algérienne. En temps normal, plus de 18.000 milliards de Da sont détenus pratiquement à longueur d’année dans les caisses des 3357 bureaux de postes. Ces bureaux accueillent au quotidien pas moins de 22 millions détenteurs de comptes CCP.

Or, l’écrasante majorité des comptes ouverts auprès des agences postales sont des comptes courants (CCP) et il y a très peu de livrets d’épargne ouverts par des ménages à faibles et moyens revenus. Les épargnants préfèrent largement d’autres moyens de thésaurisation (achat de devises, emprunts obligataires etc.) aux banques pour cacher leurs économies.

Il faut savoir que chaque jour, Algérie Poste a besoin d’au moins 20 milliards de Da pour alimenter ses bureaux répartis sur l’ensemble du pays, soit l’équivalent de 120 millions d’euros. Chaque bureau de Poste a besoin d’une moyenne quotidienne de 450 millions de centimes algériens. Or, lors les fins des mois ou pendant le Ramadhan ainsi qu’à la veille des fêtes nationales ou religieuses, la consommation des liquidités au niveau des bureaux de la Poste double, triple même pour atteindre des seuils vertigineux. Or, sans croissance économique fiable ni une politique monétaire sérieuse, l’Algérie ne peut pas continuer à fabriquer à l’infini des nouvelles quantités de liquidités et de billets de banque au risque d’aggraver la facture des importations et les déséquilibres de la balance des paiements, étant donné que la majorité des marchandises consommées en Algérie proviennent de l’étranger, sans oublier les pics inflationnistes avec l’augmentation vertigineuse des prix à cause de la dévaluation de la monnaie nationale en raison de sa forte création sans aucune richesse matérielle ou immatérielle équivalente. L’Algérie est devenue ainsi prisonnière de son propre sous-développement économique. Et au plus haut sommet du pouvoir, personne n’arrive à imaginer des solutions à court ou moyen-terme face à ces problématiques complexes.

 

 

 

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