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mercredi, mai 8, 2024

« La Nouvelle Algérie » de Tebboune : Entre hypocrisie et racket

La croissance économique ne se décrète pas ! La croissance économique est le fait de femmes et d’hommes qui entreprennent, qui créent des entreprises, qui créent des emplois, qui créent de la richesses. Ces femmes et ces hommes restent des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. Ils font le choix parfois de s’engager au détriment de leur confort, leur vies familiales et même de leur santé physique ou mentale pour réussir leurs projets.

Les exemples nous entourent tous de ces entrepreneurs acharnés. Sauf qu’un être humain ne peut pas être performant au delà de 50 ans de labeur. Il se doit de récolter le fruit de ses efforts, et transmettre à ses descendants. La réussite est aussi le fait de l’environnement dans lequel l’entrepreneur entreprend. Il ne peut pas indéfiniment se battre contre les éléments qui se dressent face à lui. Des éléments qui sont le fait souvent de bureaucrates et administrateurs qui n’ont jamais entrepris de leur vie.

Qui n’ont d’objectif que de décourager le plus intrépide. Nous tenons en tant qu’entrepreneurs algériens à vous faire part dans cette nouvelle de toutes les difficultés que nous avons à entreprendre dans notre pays, l’Algérie. Tout autant que l’ensemble des citoyens nous n’avons pas de pays de rechange et l’amour de notre patrie a toujours guidé nos actions. Entreprendre en Algérie est un acte que nous pourrions qualifier à la fois de courageux et dangereux. Il relève parfois de l’inconscience que de se lancer dans un projet tant le parcours du combattant est extrêmement énergivore et chronophage. Un entrepreneur est un individu à l’espérance de vie limitée, il doit se projeter sur plusieurs générations quand il envisage de créer une entreprise et la transmettre tout en essayant de profiter un tant soit peu du fruit de son labeur même si c’est encore très mal vu dans notre pays de réussir ou devenir riche.

Pour revenir au parcours du combattant nous allons essayer de vous résumer celui concernant les établissements pharmaceutiques de production et d’exploitation des médicaments. En tout premier lieu il faut trouver un terrain en zone industrielle où vous êtes systématiquement entouré d’autres industries parfois très polluantes et incompatibles avec la pharmacie. Par la suite il faut financer je ne sais comment des études techniques par des bureaux étrangers.
Faire des études économiques pour lever les financements adéquats en hypothéquant tous vos avoirs auprès de banques en produisant un nombre incalculable de documents parfois aberrants.
Par la suite il faut soumettre le projet à la tutelle qui vous remet des agréments provisoires pour démarrer vos travaux.


Après 2 ou 3 ans d’efforts d’une intensité inhumaine votre site sort de terre après des multiples opérations d’importations d’équipements et matériaux qui relèvent de l’enfer tant les services des douanes appliquent des règles à géométries variables et au gré des inspecteurs et leurs supérieurs. Une fois le site édifié il faut engager les équipes pour mettre en place les systèmes qualité et les équipes R&D pour développer des produits et étudier leurs stabilités sur des mois et des mois, quand il ne faut pas faire également des études de bioéquivalence à l’étranger ou des études cliniques pour enfin les soumettre à l’enregistrement.

Ce processus d’enregistrement est également très très long prenant parfois plus de 2 années, dont nous vous épargnons les détails tant la désorganisation règne dans une agence du médicament nouvelle née. Après l’enregistrement vous devez espérer obtenir un prix de cession qui vous permette d’envisager de commencer à amortir vos investissements et rembourser les banques. Des banques que vous devez rembourser parfois avant même de générer le moindre dinar de revenus.

Systématiquement les prix obtenus sont incompatibles avec les réalités économiques.
Après plusieurs années d’inflation à tous les niveaux le projet devient un gouffre financier et un naufrage psychologique et physique pour l’entrepreneur. Il devra, vu l’avancement de son âge envisager de transmettre ou même céder dans des conditions défavorables, le marché algérien n’attirant aucun investisseur étranger.

Le bilan est dramatique. Que faire ?

S’exiler ?

Ce n’est pas évident. Pour cerise sur le gâteau et si vous avez entrepris au péril de votre vie durant la décennie noire et commencé à sortir de la spirale infernale des crédits bancaires durant la seconde décennie Bouteflekienne, vous êtes purement et simplement assimilé à un criminel, un malfrat qui a détourné les devises du pays !! Nous nous allons vous raconter ce qu’il se passe en Algérie depuis plusieurs mois et même au delà.

Depuis la nuit des temps (aussi loin que porte la mémoire des cinquantenaires) le dinar algérien n’est pas convertible. Qu’est ce que cela veut dire ?

Jusqu’à la fin de la période Boumedienienne seules les entreprises publiques avaient accès aux devises pour importer de quoi nourrir ou faire tourner l’économie communiste de l’époque.
En 2023 la situation est quasi inchangée en dehors de l’ouverture de l’accès à la devise aux entreprises privées qui devront accomplir un parcours de combattant pour pouvoir importer des pièces de rechanges ou des matières premières, sans parler de l’importation extrêmement complexe des produits finis destinés à la revente et la consommation.

En faisant une analyse à la portée de tout un chacun on constate que les opérateurs privés ne représentent que 15 à 20% de ceux qui utilisent la devise. Le reste est consacré aux entreprises publiques diverses et variées, à l’état et son armée, aux entreprises étrangères et nationales liées au secteur pétrolier.

Actuellement les opérateurs privés sont convoqués par les plus hautes autorités du pays pour se voir être accusées sans l’once d’une preuve de surfacturation.

Qu’est-ce que la surfacturation ?

Un opérateur privé s’arrange avec son fournisseur étranger de payer plus cher un bien importé en Algérie. La différence entre le prix défini par son fournisseur et le prix effectivement payé lui est remboursée à l’étranger après déduction de tous les frais y compris l’impôt sur les bénéfices que paiera son fournisseur, en fonction du pays où il se trouve.

Je vous passe les détails des complications liées à la justification des paiements faits par ses fournisseurs à des particuliers ou même à des sociétés qui pourraient appartenir à ces opérateurs privés algériens et qui nécessiteraient d’être gérées et imposées dans les pays où elles se trouvent.

A quoi sert l’argent ainsi transféré aux opérateurs privés algériens ? Tout entrepreneur aspire à gagner sa vie et profiter lui et ses proches du fruit de son labeur comme indiqué plus haut et comme toute personne normalement constituée.

Nul n’entreprend par philanthropie, pour la gloire ou pour rester miséreux. Ces fonds servent majoritairement pour l’achat de services que l’opérateur algérien ne peut payer depuis l’Algérie vu que les devises ne sont disponibles que pour l’achat de biens. Les services sont multiples passant du paiement d’un technicien étranger qui vient réparer une machine, à un abonnement à un journal spécialisé, à une nuit d’hôtel dans un pays lointain voire à une consultation médicale ou des soins plus sérieux.

Cela peut aussi permettre à un opérateur algérien de payer les études de sa progéniture ou investir dans de l’immobilier à l’étranger. Il faut savoir que l’opérateur algérien, quelque soit sa fortune, n’a le droit qu’à une opération de change privée par année lui permettant comme à tout algérien qui voyage de convertir la somme de 15000 DA soit environ 100€ par année pour se payer le taxi de l’aéroport vers sa ville de destination. Est-ce raisonnable pour un pays comme l’Algérie de n’autoriser que cette somme ridicule une fois par an pour celui qui veut aller en vacances après une année de travail, celui qui veut aller se soigner en Allemagne ou ailleurs, celui qui veut aller étudier ?

Tout le monde sait parfaitement que chacun est obligé de faire appel au marché noir de la devise pour ces besoins de vacances, études ou soins. D’où vient cette devise ?

Jusqu’à la fin des années 1990 la devise du marché noir provenait des immigrés de première génération qui investissaient tous leurs revenus en Algérie en vue d’y couler des jours heureux après leur retraite.

Aujourd’hui ces Chibanis comme on les appelle ont tous disparu et les immigrés de deuxième et troisième génération n’investissent plus en Algérie et préfèrent investir dans leurs pays d’accueil ou même ailleurs.

La devise provient pour partie des opérateurs privés qui revendent une partie des sommes surfacturées au marché noir pour le bonheur des algériens qui voyagent à l’étranger et pour grande partie de la mafia qui régule ce marché noir de la devise.

Qui sont-ils ?

Pendant la deuxième décennie de l’ère Bouteflika la mafia s’est organisée autour d’une poignée d’hommes qui géraient les surfacturations liées aux marchés publics. Ces derniers consommaient et consomment toujours 80% des devises du pays.

Un contrat avec une société étrangère c’est entre 10 et 30% de commissions pour les décideurs qui attribuent ces marchés qu’ils soient civils, pétroliers ou militaires. Ces sommes faramineuses détournées sont estimées durant la période Bouteflika entre 100 et 300 milliards de dollars qui dorment actuellement dans les banques suisses françaises américaines et autres paradis fiscaux.
Il n’y a qu’à voir les rares exemples qui sont portés à la connaissance de l’opinion publique à l’image des scandales Saipem ou SNC Lavalin

Depuis 2019 cela ne semble pas s’arrêter mais au contraire s’intensifier. Pour cacher les manœuvres d’une équipe nouvelle au pouvoir qui souhaite sa part du gâteau, il y a lieu de détourner les regards des badauds vers les opérateurs économiques privés toujours en activité dans un pays hostile au secteur privé, hostile à la réussite, hostile aux riches, où la bureaucratie ne connaît aucune limite.


Aujourd’hui tout opérateur privé qui a importé un clou pendant la période 2009-2019 et au delà, devra restituer une partie des montants de devises utilisées sous prétexte qu’il a eu recours à la surfacturation pour accéder aux devises qui lui servent à se soigner, étudier ou autre.

La mise en scène est spectaculaire

Convocation par une commission ministérielle composée de ceux de la justice, finances, industrie, agriculture et commerce, un représentant du premier ministre, le procureur général d’Alger, le Directeur général des douanes et celui des impôts. Des douaniers en armes vous font rentrer dans cette salle de réunion après une longue attente dans un bureau avec d’autres opérateurs, sans eau et sans accès aux toilettes.

Le choix de l’opérateur est simple :

Vous reconnaissez votre crime de transfert illégal de devises et vous vous acquittez d’une somme forfaitaire démentielle ou vous choisissez de contester des faits fictifs sans preuve devant une justice aux ordres, en ayant au préalable déposé le passeport, s’être vu retirer les autorisations d’exploitation de sa société, interdite d’opérations économiques, comptes bancaires bloqués et autres menaces dignes de l’ère soviétique. Le choix est vite fait, la signature est à apposer sur un document dont aucune copie n’est remise au protagoniste, qui sera convoqué quelques jours plus tard par la direction générale des douanes pour procéder au paiement de la somme en chèque de banque certifié à la caisse de la wilaya d’Alger et non pas au trésor public.

Ceci afin de faciliter cela ! A bon entendeur…

Le président du haut de son piédestal peut aller dire au peuple, qu’il n’a pas daigné visiter, dans ses villes et villages lugubres et malfamés, depuis sa pseudo élection, préférant parcourir le monde pour faire croire à la grandeur d’un pays agonisant de ses dirigeants incultes vieillards aux mœurs légères. Un président qui ne souhaite qu’être réélu pour profiter encore du faste et des soins gratuits, lui qui souffre de multiples tares, finira très probablement comme son prédécesseur au fond d’un lit anti escarres.

Quelles sont les conséquences des agissements illégaux contre les opérateurs privés?
Le gouvernement semble exécuter les instructions du premier magistrat du pays d’exercer un chantage illégal et indigne envers de nombreux chefs d’entreprise algériens les sommant de reconnaître être des fraudeurs et de s’engager à payer des sommes faramineuses en guise de solde de tout compte pour le préjudice subit par la nation des agissements d’une oligarchie aujourd’hui en fuite ou emprisonnée et qui a mis à l’abri des dizaines voire des centaines de milliards de dollars dans des paradis fiscaux ou dans les plus grandes banques internationales.

Des centaines de milliards inaccessibles et irrécupérables.

Pour combler un tant soit peu le trou béant l’état s’attaque frontalement aux entreprises actives en Algérie créant un stress immense à des centaines de personnes ambitieuses, passionnées et engagées pour le développement de leurs entreprises, sacrifiant parfois santé et vie personnelle.

Cette forme de racket a des conséquences insoupçonnées telles que:
⁃ Report voire Annulation d’investissements
⁃ Gel des embauches voire réduction des masses salariales
⁃ Réduction des capacités d’achat des intrants ou produits finis au détriment des consommateurs
⁃ Baisse de confiance des fournisseurs nationaux et internationaux
⁃ Baisse de crédibilité auprès des bailleurs de fonds
⁃ Démotivation voire Volonté de quitter le pays
⁃ Réduction des capacités de croissu ance et développement de ces entreprises et de nouveaux produits
⁃ Baisse de confiance des investisseurs algériens et surtout étrangers
⁃ Dégradation de l’image de l’Algérie auprès des institutions économiques mondiales.

Que dire de plus que cette politique est totalement incompatible avec toute velléité à adhérer à des organisation comme BRICS ou même OMC. Nous sommes convaincus que de notre peuple peut émerger une classe dirigeante digne de nos valeureux martyrs qui ont fait le choix du sacrifice ultime pour que prospère notre nation unie, libre et forte.

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