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vendredi, mai 17, 2024

Exclusif. Mensonges, manipulations de la Direction Générale et avantages illicites offerts à des multinationales : Sonelgaz va de plus en plus mal

Les récentes révélations faites par Algérie Part concernant la gestion chaotique du groupe public SONELGAZ, chargé de la production et de la distribution d’électricité et de gaz, ne sont en fait que la partie visible de l’iceberg. Cette situation pourrait même, selon des observateurs proches du secteur, entraîner la chute d’un géant énergétique tel que SONELGAZ, qui comptait y’a pas ci-longtemps pas moins de 94 000 employés, avant la vaste opération de licenciement ayant touché plus de 12 000 employés d’un coup, en plus de la quasi-totalité des contractuels dont les contrats ne sont plus renouvelés, sauf par népotisme.

Selon nos investigations, les pouvoirs publics regrettent d’avoir choisi l’actuel PDG du groupe M. Mourad ADJAL, dont le parcours professionnel est tout juste moyen, n’ayant auparavant dirigé aucune grande entreprise, à l’exception de la direction de la distribution et du FOSC, chargé des œuvres sociales et de la gestion des vacances des employés du groupe. Un cadre du groupe nous a confié : « Nous espérons que le pèlerinage VIP de M. ADJAL prévu la dernière semaine de juin le fera changer de comportement et lui inspirera un peu de respect et d’empathie envers ses subordonnés. »


Les dérives de M. Mourad ADJAL, qui a été intronisé à la tête de SONELGAZ le 31 décembre 2021 après le limogeage de M. Chahar BOULAKHRAS, ont atteint leur paroxysme. On est en droit de se demander qui est son mentor et qui le protège à tel point que même son ministre de tutelle, M. Mohammed ARKAB, se voit contraint de mentir en plein hémicycle de la deuxième chambre du parlement pour le protéger. L’incident remonte à la session des questions orales à l’APN, où un député de la wilaya de Biskra a interpellé le ministre de l’Énergie au sujet du licenciement abusif subi par des dizaines de jeunes universitaires de la wilaya. Ces derniers avaient enfin pu obtenir, grâce au lancement du projet de la méga centrale électrique à cycle combiné à Oumache 3, des emplois en adéquation avec leur formation académique d’ingénieurs d’État, alors même que le projet était encore à ses débuts en phase de construction.

Au lieu d’adopter une position de vérité et d’assumer les responsabilités de son département vis-à-vis de cet honorable député qui ne faisait que soulever les préoccupations de la population qui l’a élu, M. ARKAB a préféré mentir publiquement et manipuler l’opinion nationale pour protéger le dédaigneux ADJAL. Pourtant la question du député était extrêmement claire et perspicace concernant le licenciement abusif de dizaines d’ingénieurs originaires de la wilaya de Biskra par la joint-venture Algéro-coréenne HYUNSON Engineering & Construction SPA, en charge de l’EPC de la centrale à cycle combiné de Oumache 3. Ces ingénieurs licenciés se retrouvent maintenant plongés dans une précarité absolue en raison d’une décision injuste et inconsidérée prise par le PDG de SONELGAZ.

Cependant, le ministre a clairement menti en tergiversant que le projet de la centrale Oumache 2 -et non Oumache3-allait démarrer et qu’il y aurait des recrutements massifs, tout en semant la confusion implicitement entre les entreprises HYUNSON SPA, de droit algérien et filiale de SONELGAZ, et HDEC, de droit coréen. Il a également affirmé n’avoir jamais été informé de ces licenciements et a promis de diligenter une enquête… bla bla… Cette réponse indigne et irresponsable est un exemple flagrant de l’embarras dans lequel se trouve régulièrement le ministre de l’Énergie en raison des décisions hasardeuses prises par son collaborateur direct, pour lesquelles aucun subterfuge ne peut être acceptée. Un des jeunes licencié nous a confié : « Au lieu d’admettre les erreurs de SONELGAZ et de garantir la réintégration des ingénieurs licenciés pendant la phase de construction, et nous promettre des formations et des postes lors de la phase d’exploitation, le ministre a clairement choisi le camp d’ADJAL, déroutant les membres du parlement et l’opinion nationale, en contradiction totale avec les recommandations du Président de la République d’être à l’écoute du peuple ».

Après le cas révélé par Algérie PART concernant M. Mahieddine YANTREN, Directeur Général de HYUNSON SPA, dont le limogeage sera prononcé lors du conseil d’administration courant cette semaine, un autre cas tout aussi préoccupant mérite d’être porté à l’attention. Il s’agit de M. Sabri LAZHARI, qui, après avoir modernisé la filiale production du Groupe SPE SPA pendant plusieurs années de gouvernance exemplaire, a été relégué à la direction d’une filiale du nom de SKE SPA, en charge de l’exploitation de 4 centrales. Malgré cette situation, M. LAZHARI a accepté le défi avec détermination et a entrepris la démarche de dupliquer le modèle SPE au sein de SKE, espérant faire de cette entreprise un fleuron national capable de gérer, de maintenir et de produire de l’électricité avec une expertise 100% algérienne.


L’opportunité de mettre en œuvre cette vision est survenue à la fin du contrat de maintenance accordé à l’entreprise canadienne SNC LAVALIN INC pour l’exploitation et la maintenance de la centrale à cycle combiné de Skikda, sous le contrat N° 02-03-SKS du 17 juillet 2003. M. LAZHARI avait pour ambition de réaliser toutes les activités en interne en fusionnant les équipes de SPE et de SKE, mais cette initiative n’a pas été du goût de M. ADJAL, qui a décidé autrement en procédant une fois de plus au limogeage abusif de M. Sabri LAZHARI. Ce plan machiavélique avait pour objectif de préserver les bureaux de BELLFORT en France, appartenant au géant américain General Electric, en s’appuyant exclusivement sur le plan de charge fourni par SONELGAZ. Avec la complicité de ses fidèles serviteurs, dont Nabil KAFI, ancien PDG de SPE, M. ADJAL a contraint le nouveau PDG de SKE, M. BOUSSENSLA Mahmoud, à signer un énorme contrat de maintenance en mode gré-à-gré avec la filiale sœur SPE pour une période de 14 ans, pour un montant de 62.226.769.758,98 DZD hors TVA, soit l’équivalent de 426 millions d’euros hors TVA.

Ce tour de passe-passe s’explique par le fait que pratiquement l’ensemble du contrat a été cédé en mode gré à gré par SPE à GEAT SPA, une autre filiale, qui l’a ensuite immédiatement réattribué en mode gré-à-gré à son actionnaire General Electric BELLFORT, géré par des Libanais basés à Dubai.

Ces manœuvres sournoises permettent aux multinationales de s’accaparer la richesse nationale sans être contraintes de répondre à des appels d’offres soumis à la concurrence internationale. Un schéma similaire est également utilisé par BAKER HUGES après l’acquisition des actions de General Electric dans ALGESCO, suite à la transaction de cession de parts sociales effectuée en offshore pour des actifs d’une entreprise de droit algérien, sans que la moindre taxe ne soit reversée au trésor public sur la plus-value des actions par rapport à leur valeur nominale, et tout ça grâce au travail de coulisse effectué par le DG de ALGESCO qui touche sa rémunération de la part de General Electric au lieu que cela soit de la Joint-Venture qu’il dirige.

A une seule exception, M. Tahar DJOUAMBI est le seul à avoir réussi à convaincre son ministre de tutelle de de le libérer de l’emprise du PDG de SONELGAZ et de le nommer Directeur Général de l’Énergie (DGM) au ministère de l’Énergie et des Mines, en remplacement de Mme KEBIR, les autres cadres les plus compétents et les plus intègres du groupe continuent de subir toutes les formes d’intimidation et de coercition imaginable de la part de M. Mourad ADJAL s’ils ne se soumettent pas pleinement. La situation est d’autant plus préoccupante lorsque l’on constate que les cadres les plus soumis sont gracieusement récompensés.

Par exemple, un cadre qui aurait mal géré toutes les entreprises précédentes ou il est passé, les conduisant à la faillite, se retrouve propulsé au poste de PDG de Sonelgaz-Engineering (Ex-CEEG), en charge des contrats les plus importants du groupe. En seulement 4 ans, cette filiale a connu le passage de pas moins de 6 PDG, dont 3 pendant les 16 mois de règne d’ADJAL. Nos investigations révèlent que ces nombreux changements au sein du Top management de cette prestigieuse filiale sont principalement liés au refus des cadres de cautionner les malversations et d’endosser des responsabilités potentiellement pénales.

En revanche, M. DJELLOULI semble avoir accepté des avantages non divulgués en échange de son poste. Selon nos investigations, M. DJELLOULI a accepté de placer pour le compte du secrétaire General M. Nabil KAFI plusieurs sous-traitants non qualifiés pour la prise en charge de prestations de génie civil, de montage électromécanique et de logistique, notamment dans les centrales de Mostaghanem, Hassi R’mel 1, Ain Ouessara, Kais et d’autres sites. Dans une tentative de dissiper les soupçons, M. KAFI a même réussi à convaincre le directoire de SONELGAZ que ces dérives étaient le fait du Dr M’hamed CHERTOUH, qui aurait prétendument cherché à placer des sous-traitants dans la centrale de Oumache 3. En conséquence, le Dr CHERTOUH a été lui aussi limogé de son poste de Chef de Cabinet du groupe. Cette affaire est loin d’être close et nécessite une attention soutenue.

Comme à notre habitude, Algérie Part exhorte les autorités publiques à diligenter des enquêtes sur les résolutions issues de nos investigations afin de protéger les intérêts de notre patrimoine national face à ces actes répréhensibles.

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