Le journaliste El Kadi Ihsane est devenue la victime collatérale des crises houleuses et tensions diplomatiques opposant le régime Tebboune à la France et l’Occident. Le Président algérien s’est effectivement vengé sur El Kadi Ihsane pour envoyer un message sévère à l’Occident et à la France en particulier où sa visite d’Etat tant attendue a été annulée en raison notamment des violations arbitraires des Droits de l’Homme en Algérie dont notamment la liberté de presse avec l’emprisonnement des journalistes indépendants et opposants.
Selon nos investigations, la remise en liberté d’El Kadi Ihsane était prévue initialement avec la programmation définitive de la visite d’Etat de Tebboune en France. Le journaliste El Kadi Ihsane était utilisé comme une « monnaie d’échange » avec laquelle Abdelmadjid Tebboune négociait des compromis qui devaient obliger la France à lui réserver l’accueil le plus fastueux dans l’histoire des relations bilatérales algéro-françaises. En clair, pour faire taire les critiques qui dénonçaient l’arrivée du président Tebboune en France, les autorités algériennes s’apprêtaient à relâcher El Kadi Ihsane, devenu à son corps défendant le symbole de la persécution des journalistes et opposants en Algérie, afin d’apaiser le climat dans lequel devait se dérouler la visite d’Etat du président algérien à Paris.
Mais avec l’annulation de cette visite, El Kadi Ihsane n’a plus aucune utilité aux yeux de Tebboune qui a décidé ainsi d’aggraver sa peine de prison ferme pour exprimer sa colère et profonde déception vis-à-vis de la France et l’Occident qui le rejettent, refusent de lui offrir cette précieuse opportunité de soigner sa stature internationale.
Soulignons enfin que la Cour d’Alger a rendu, ce dimanche 18 juin 2023, son verdict dans l’affaire du journaliste et directeur des médias « Radio M » et « Maghreb Emergent », Ihsane El Kadi. Il a été condamné, en appel, à sept ans de prison, dont cinq ans ferme alors qu’il avait été condamné, le 2 avril dernier en première instance, par le tribunal de Sidi Mhamed, à cinq années de prison dont trois ans ferme, la peine contre le journaliste Ihsane El Kadi a été lourdement aggravée en appel. La Cour d’Alger avait également prononcé la dissolution de la société « Interface Média », éditrice de « Radio M » et « Maghreb Emergent », avec la confiscation de tous les biens de ces deux médias critiques vis-à-vis du régime Tebboune. « Un verdict totalement incompréhensible », a écrit sur Twitter le représentant de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Khaled Drareni, en annonçant la décision judiciaire en appel.
L’arrestation d’Ihsane el-Kadi a suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition lancée par RSF pour obtenir sa libération avait recueilli plus de 10 000 signatures. En première instance, Ihsane el-Kadi, poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », avait écopé le 2 avril 2023 de cinq ans de prison, dont trois ans ferme. Lors du procès en appel tenu le 4 juin dernier, le procureur général avait requis la confirmation de cette condamnation.