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dimanche, juin 30, 2024

Production du blé, les records du régime Tebboune et le Maroc : la part du mensonge et celle de la vérité

La production ou la récolte du blé de cette année 2024 en Algérie a suscité une controverse et une nouvelle passe d’arme entre le régime algérien et les médias marocains. La télévision publique algérienne a largement diffusé des images présageant une abondante récolte de blé pour cette année. Cette campagne ne serait pas innocente, au moment où le rival marocain est accablé par la sécheresse. Les médias du royaume chérifien ont même accusé leurs homologues algériens d’avoir trafiqué leurs images. Qui dit vrai dans cette histoire et qui colporte des mensonges ? Faisons le point ensemble.

D’abord, il faut savoir effectivement qu’en Afrique du Nord, le Maroc est traditionnellement le second producteur de blé après l’Égypte. Le pays qui est cependant confronté à une sécheresse persistante depuis plus de 5 ans et va céder sa place à l’Algérie en 2024/2025. En Algérie, la production de blé devrait augmenter de 11 % pour atteindre 3 millions de tonnes au terme de la campagne de 2024/2025. C’est ce qu’indique le Département américain de l’agriculture (USDA) dans un récent rapport publié le 10 mai, une source considérée comme la référence mondiale la plus crédible en matière de suivi du marché mondial de consommation et de la production des céréales. A l’origine de ces perspectives positives, l’amélioration de la pluviométrie dans les zones de production du centre et de l’Est du pays où les précipitations ont été les plus fréquentes. Selon l’USDA, la superficie emblavée devrait rester inchangée à 1,8 million d’hectares alors que le rendement des cultures est attendu en hausse de 11 % à 1,67 tonne par hectare. Plus largement, cette prévision, si elle se réalisait, pourrait permettre à l’Algérie de supplanter le Maroc pour devenir le 2ème producteur de blé en Afrique du Nord après l’Égypte, pour la 3ème fois ces 5 dernières années après 2020/2021 et 2022/2023.

Néanmoins, certaines annonces du régime Tebboune sont fausses et infondées. Ainsi, pour la campagne 2024-2025, il est totalement faux d’affirmer que l’Algérie a réalisé des records au niveau de sa récolte du blé. « La Nouvelle Algérie de Tebboune » reste encore loin de son pic de production de 4 millions de tonnes de blé atteint en 2018/2019 à l’époque du régime Bouteflika. Il faut savoir, par ailleurs, que l’ensemble de la production céréalière (blé, orge et avoine) de l’Algérie avait grimpé à 6,05 millions de tonnes en 2017/2018 contre 3,47 millions de tonnes la saison précédente. En réalité, une production record de 6,12 millions de tonnes avait été enregistrée en 2009.

Mais l’Algérie produit essentiellement du blé dur alors qu’elle couvre ses besoins alimentaires à hauteur de 70 % avec le blé tendre qu’elle produit avec de très faibles quantités la contraignant ainsi à dépendre des importations depuis l’étranger. La farine extraite à partir de blé tendre destinée à la fabrication du pain (farine panifiable) est subventionnée par l’Etat, le pain étant considéré comme un produit de première nécessité au même titre que le lait. Ce qui place l’Algérie cinquième importateur mondial de blé tendre, après l’Egypte, la Chine, l’Indonésie et la Turquie. C’est le troisième client de l’Union européenne (UE) après le Maroc et le Nigeria. En Algérie, les besoins de consommation de blé tournent autour de 11 millions de tonnes par an. Dans le pays, les importations de céréales ont coûté environ 2,25 milliards $ en 2021, soit le quart de la facture totale des importations alimentaires selon l’USDA. Retrouvez davantage d’explications pour comprendre tous les dessous de ce dossier dans cet éclairage en vidéo de notre directeur de Publication, Abdou Semmar :

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