A Son Excellence l’Ambassadeur de La République Tchèque à Alger
Excellence,
Nous vous adressons cette lettre, Excellence, pour vous faire part de la détresse de plusieurs familles Algériennes bouleversées par l’arrestation et l’emprisonnement de leurs fils étudiants partis en touristes en République Tchèque.
En date du 4 avril 2018 Messieurs ………… âgés entre 19 et 23 ans ont été placés en détention préventive sur la base de l’ordonnance du juge du tribunal de district de Prague, dossier numéro 43 Nt 25/2018, suite à une affaire pénale administrée par la police tchèque, District siège de la police de Prague I, police des enquêtes criminelles sous le dossier Réf. KRPA 121311-45 / HP 2018 pour le crime de viol commis en complicité sur une touriste Irlandaise âgée de 35 ans.
Une arrestation spectaculaire, soigneusement filmée par la police a fait le buzz sur les réseaux sociaux, suivie d’un lynchage médiatique basé essentiellement sur les origines des accusés ayant conduit les journalistes à verser dans le sensationnalisme et à diffuser des informations approximatives et fallacieuses. Leur détention provisoire ne saurait être qu’une suite logique à ce lynchage médiatique et ce nonobstant toute autre considération.
Le juge a motivé la décision de la détention par les soupçons bien fondés et de par leurs statuts d’étrangers pouvant se soustraire aux poursuites pénales ou à la peine prononcée. Un mois passe sur cette détention provisoire qui porte une atteinte injustifiée à ses personnes et à leurs familles surtout avec les conditions extrêmement difficiles de leurs détentions. Les lourdes conséquences à la fois psychologique et sociale.
Devant cette situation, il est devenu nécessaire de vous écrire pour vous informer sur certains détails de cette affaire pour dénoncer les préjugés médiatiques qui empêchent la justice de pouvoir être rendue sereinement. Sur les soupçons bien fondés avancés dans la presse, il a été fait état du témoignage de la victime et de l’existence de photos sur le téléphone de l’un des accusés…
Le témoignage de la victime ne peut constituer une preuve valable surtout qu’il est absurde, contraire à la logique et plein de contradiction. Comment peut-on croire qu’une femme qui se fait violer par six individus n’a pas pu identifier ses violeurs parce qu’elle avait fermé les yeux volontairement sous prétexte qu’elle avait peur alors qu’il est impossible de rester les yeux fermés volontairement et aussi longtemps surtout dans de telles conditions. Que même les photos qu’utilisent la police comme preuve à charge montrent que la victime avait les yeux bien ouverts et qu’elle avait été consentante.
La police a rapporté dans le document d’accusation que la victime a déclaré que l’accusé principal été « brutal et agressif ». « Il a commencé à être très agressif et je me suis battue avec lui», «elle l’a repoussée et finit par le faire tomber du lit par terre ». « L’un d’entre eux la bouscule et la prend de force »…
Comment peut-on admettre que toute cette violence et cette brutalité ne donne pas lieu à aucun signe ou traces de blessures sur le corps d’une jeune femme blanche ! Est-il est normal qu’une jeune femme se fait violer par six individus sans que cela ne laisse de trace de violences physiques !
Nous nous demandons pourquoi les résultats de l’ADN seront déterminants puisque ceux qui ont eux des rapports avec la victime ne l’ont pas nié. Nous nous demandons pourquoi les résultats de l’ADN seront déterminants alors qu’ils sont déjà connus. Et pourquoi les résultats ADN ne concernent que quelqu’un alors que tout le monde reste en prison…
Excellence,
Il s’agit d’une détention provisoire de six personnes dont cinq jeunes universitaires souffrant énormément de cette situation. Cependant, il apparaît aujourd’hui que la détention provisoire n’est plus nécessaire à la manifestation de la vérité surtout que l’accusation s’avère non-fondée. Selon les termes de la convention signée entre l’Algérie et l’ex République Tchécoslovaque signée le 4 février 1981 à Alger et reconduite par la République Tchèque relative à l’entraide judiciaire en matière civile, familiale et pénale, tous les actes, décisions, et jugements rendus par la justice de chaque pays sont exécutoires dans l’autre et que toutes les conditions requises pour l’application de cette convention dans cette affaire doivent être réunies.
Que les prévenus n’ont pas d’antécédents judiciaires comme l’atteste l’extrait de leurs casiers judiciaires. Que les prévenus sont inscrits à l’université pour l’année universitaire en cours et qu’il souhaitable pour eux de rejoindre les cours.
Qu’en effet, il est possible de changer la mesure de la détention provisoire par une autre mesure non privative de liberté.
Que nous estimons que le but de la mise en détention provisoire n’existe plus et que ni la gravité de l’infraction, ni la culpabilité, ni même la prise en compte de l’émotion suscitée par les médias au sein de l’opinion publique estimant intolérable de les laisser en liberté ne sauraient justifier leurs détention provisoire.
Excellence, nous vous conjurons d’intervenir, sans plus attendre auprès des autorités de votre pays pour libérer les mis en cause et leurs faire appliquer d’autres mesures adéquates prévues par les lois de la République Tchèque.
Nous comptons sur votre compréhension au regard du caractère urgent de la situation et nous vous assurons, Excellence, de l’expression de notre haute et respectueuse considération.