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dimanche, septembre 24, 2023

Tout un complexe gazier à l’arrêt et plus de 1,5 milliard de dollars de perte : la choquante indifférence du Premier-ministre, Abdelaziz Djerad

C’est un scandale qui se déroule au vu et au su de toutes les autorités algériennes sans que cela ne suscite le moindre sursaut d’honneur. Algérie Part avait révélé le premier juin dernier que le complexe gazier, l’usine de liquéfaction du gaz naturel (GNL) de Skikda est à l’arrêt depuis maintenant près de 9 mois à cause d’une panne technique que la direction générale de Sonatrach n’a toujours pas pu réparer bloquant ainsi les exportations algériennes vers l’étranger et occasionnant une perte de sèche estimée à près de 1,5 milliard de dollars ! Un énorme gâchis financier qui intervient au moment où l’Algérie vit l’une de ses plus terribles crises financières depuis l’indépendance du pays. Face à ce scandale, personne n’a bougé le petit doigt. Ni ministre, ni Premier-ministre ne se sont déplacés à Skikda pour constater de visu ce gâchis national. 

Mais, c’est surtout, l’indifférence générale du Premier-ministre, Abdelaziz Djerad qui est la plus choquante. En tant que Premier-ministre, il a l’obligation de veiller sur la préservation de l’intérêt national. Une installation industrielle et économique aussi stratégique comme le complexe du GNL de Skikda est en panne perdant ainsi de précieuses devises et des ressources financières dont l’Etat algérien a cruellement besoin en cette période de crise, cela relève bel et bien du scandale d’Etat. Djerad n’a même pas pris attache avec son ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, pour lui demander de partir à la rencontre des travailleurs de Sonatrach au niveau du complexe gazier de Skikda.

Ni mission d’inspection, ni visite de travail ni la moindre réunion de crise pour réclamer des explications à la direction générale de Sonatrach, l’immobilisme du premier responsable du gouvernement est tout simplement étonnant et intrigant. Selon diverses sources bien introduites au sein du secteur des hydrocarbures, le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad ne veut pas se mouiller dans ce dossier qui compromet dangereusement son « protégé » et « allié » le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar. Ce dernier est sur la sellette depuis de nombreuses semaines en raison de son incapacité flagrante à superviser les dossiers les plus sensibles de Sonatrach. Les pertes financières s’accumulent au niveau de tous les départements. Mais pour faire bonne figure, Toufik Hakkar tente de mettre en exergue ses actions en faveur de la protection sanitaire contre l’épidémie du COVID-19.

Le PDG de Sonatrach multiple les sorties médiatiques pour s’afficher devant les caméras qui le montrent en train de distribuer des masques de protection aux ouvriers de la compagnie nationale des hydrocarbures. Mais lorsqu’il s’agit de gérer les dossiers concrets et sérieux engageant des intérêts financiers considérables de la compagnie, Toufik Hakkar brille par son absence. Et malgré toutes ces déficiences, le Premier-ministre Abdelaziz Djerad maintient une impunité totale au profit de son protégé le PDG de Sonatrach avec lequel il partage des intérêts personnels mercantiles au sein du secteur des hydrocarbures. Preuve en est, Toufik Hakkar vient de procéder au recrutement au niveau de la direction générale de Sonatrach du fils du Premier-ministre, Abdelaziz Djerad…

Ce dernier n’a donc pas intérêt à ce que le sieur Hakkar soit éjecté de la direction générale de Sonatrach. Même s’il est incapable de relancer une usine de production de GNL qui aurait pu rapporter 1,5 milliards de dollars à notre pays au cours de ces 9 derniers mois.

D’ailleurs, que s’est-il réellement passé au niveau de l’usine de GNL de Skikda pour qu’une telle panne puisse se produire ? L’historie est à la fois absurde et rocambolesque. Des ouvriers de Sonatrach avaient déplacé une importante turbine à gaz de ce complexe de GLN en utilisant une vieille grue inadaptée. La turbine tombe et une pièce incontournable à son fonctionnement s’est cassée. Cette pièce a été réparée au bout de plusieurs semaines. Mais pour la réinstaller au niveau de la turbine afin de redémarrer tout le complexe gazier, les équipes de Sonatrach n’ont pas pu procéder à ces travaux de maintenance. Pourquoi et comment ? Nous n’avons pas pu obtenir la moindre réponse rationnelle car chaque direction jette la balle de la responsabilité à un autre département de Sonatrach. Et les managers s’accusent mutuellement sans que personne ne daigne assumer sa responsabilité.

La paralysie dure ainsi depuis 9 mois et la direction générale de Sonatrach n’a jamais pris le soin de trouver une solution définitive à cette panne générale du deuxième plus grand complexe gazier du pays avec celui d’Arzew à l’ouest du pays.  NI Hakkar ni Djerad, le Premier-ministre, ne sont « émus » par ce drame économique. Bien sûr, eux, ils continuent à toucher leur salaire le plus normalement du monde…

Il est à rappeler enfin que l’Algérie avait consenti à un investissement de 2,8 milliards de dollars  pour construire un méga train qui a remplacé les trois trains de liquéfaction détruits en janvier 2004 par une explosion qui avait fait 26 morts au niveau du complexe pétrochimique de Skikda. Trois autres trains avaient pu être remis en production en novembre 2004.

Grâce à cet investissement, l’Algérie avait pu mettre dés janvier 2014 sur le marché une capacité d’exportation de 4,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, contre 3,7 durant les années précédentes, avec aussi du butane, du propane et des condensats. Le complexe de Skikda, avant l’explosion de janvier 2004, avait une capacité de 7,7 millions de tonnes environ. Trois trains (dont deux ont été détruits) avaient été construits par la compagnie française Technip et, lors de leur livraison en 1972, ils étaient parmi les premiers du monde. Trois autres avaient été ajoutés en 1981.

L’Algérie compte un autre complexe de liquéfaction, à l’ouest, à Arzew, branché lui aussi sur les champs gaziers d’Hassi R’Mel.

 

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