Si aujourd’hui le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, semble jouir d’une impunité totale en raison de la protection que lui offrent certains décideurs influents du pouvoir algérien, dans un futur proche, lorsque ces protecteurs quitteront leurs fonctions par la force des prochains changements politiques qui se produiront tôt ou tard en Algérie, des dossiers lourds et chauds lui coûteront de nombreux déboires judiciaires et pourront provoquer une chute vertigineuse, voire au minima un long séjour en prison aux côtes des autres membres de la « issaba » de l’ex-régime Bouteflika.
En effet, sous l’égide de Toufik Hakkar, la Sonatrach a conclu des marchés douteux et offert des privilèges illicites à plusieurs sociétés étrangères. Des pratiques répréhensibles et punies de plusieurs peines de prison ferme dans la législation algérienne. Le premier grief qui sera retenu contre Toufik Hakkar lorsqu’il sera lâché par ses « protecteurs » concernera certainement les privilèges étonnamment onéreux et commercialement injustifiés au profit du géant italien ENI.
Pour rappel, le 15 décembre 2021, deux accords relatifs aux domaines des hydrocarbures et à la transition énergétique ont été signés par le Président Directeur Général de SONATRACH, Toufik HAKKAR et le CEO d’ENI, Claudio DESCALZI et ce, en présence du Ministre de l’Energie et des Mines, M. Mohamed ARKAB et de Son Excellence Monsieur Giovanni PUGLIESE, Ambassadeur d’Italie à Alger.
Le premier accord signé consistait en un nouveau contrat Exploration-Production dans la zone du Bassin de Berkine, le premier depuis la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures 19/13. Cet accord permettait d’établir un contrat couvrant une superficie totale de 7880 km2 dans la partie Sud du bassin de Berkine où SONATRACH et Eni opèrent depuis 2013. Et c’est dans ce nouveau contrat que les 5 puits prometteurs situés à proximité des périmètres Zemlet El Arbi et Si Fatima ont été confiés par la Sonatrach à leur nouvelle association avec… ENI. Comme il avait expliqué et analysé dans les révélations d’Algérie Part, il s’agit en vérité d’une extension illicite et illégale d’un accord d’association qui n’a pas fait l’objet de discussions commerciales sérieuses et fiables. ENI avait ainsi obtenu en réalité de la direction générale de Sonatrach conduite par Toufik Hakkar des avantages totalement injustifiés qui soulèvent, d’ailleurs, de nombreuses interrogations sur les véritables intentions des artisans de ces privilèges que l’on peut qualifier aisément d’illicites.
Les puits concernés par cet accord au profit d’ENI relevaient jusqu’à 2021 du patrimoine exclusif de Sonatrach. Et la compagnie nationale des hydrocarbures auraient pu facilement poursuivre toute seule l’exploration de ces nouveaux puits et préparer ensuite leur exploitation sans recourir aux services de son partenaire italien ENI puisqu’elle avait pu identifier grâce à ses équipes spécialisées les capacités des réservoirs potentiels de ces nouveaux puits. Mais au lieu de cela, la direction générale de Sonatrach a décidé de céder de gré à gré et sans aucune procédure de mise en concurrence l’exploration et la future exploitation de ces puits à l’italien ENI… et ce sans empocher le moindre dollar ou euro.
A titre d’exemple, HDLE-1 est le premier puits d’une campagne d’exploration qui prévoit le forage de cinq (05) puits wildcat dans la région Nord du Bassin de Berkine. Ces 5 puits ont été découverts et identifiés auparavant par les équipes de Sonatrach et ils ne concernent pas le périmètre Zemlet El Arbi, situé dans la région prolifique du Bassin de Berkine à près de 300 km au sud-est de Hassi Messaoud, qui fait l’objet d’un contrat de recherche et d’exploitation où SONATRACH détient 51% des intérêts et Eni détient les 49% restants, a-t-on pu confirmer au cours de nos investigations en consultant de nombreuses sources bien introduites au sein de la division Exploration et Exploitation de la Sonatrach.
L’accord du 15 décembre 2021 entre ENI et Sonatrach fera un jour ou l’autre éclater un gros scandale judiciaire qui révèlera une énorme dilapidation des richesses de notre sous-sol.
Le 29 mai 2022, la Sonatrach a offert une nouvelles privilèges illicites similaires à la compagnie chinoise SINOPEC. Il s’agit de la conclusion d’un contrat d’un montant de 490 millions de dollars américains pour le partage de la production des hydrocarbures dans le sud du pays. Il s’avère que ce contrat s’appuie sur un nouveau montage financier et fiscal qui porte un énorme préjudice aux intérêts économiques de notre pays, comme il a été démontré également par les investigations d’Algérie Part.
« Sonatach et son partenaire Sinopec Overseas Oil & Gas Limited (SOOGL) ont procédé samedi 28 mai 2022 à Alger à la signature d’un contrat de partage de production relatif au périmètre contractuel de Zarzaitine, situé dans le bassin d’Illizi (sud-est du pays), avait précisé le 29 mai dernier un communiqué de la direction générale de Sonatrach d’après lequel que les deux parties s’engagent à exécuter un programme de travaux de développement et d’exploitation dont l’objectif est la récupération et la valorisation des hydrocarbures dans le champ de Zarzaitine.
Ces affirmations sont de purs mensonges, a pu constater Algérie Part au cours de ses investigations. Et pour cause, le gisement de Zarzaïtine est l’un des plus anciens gisements d’hydrocarbures du pays. Il a été découvert en janvier 1958 et son exploitation remonte à l’époque du colonialisme français. Il se trouve à quelques 35 kms au nord Est de In Amenas vers la frontière algéro-Lybienne. En vérité, l’association Sonatrach/Sinopec existe depuis 2003 et avait pour objectif l’augmentation du taux de récupération du champs de Zarzaitine qui était exploité pendant de longues années par Sonatrach uniquement avec ses propres fonds et unités d’exploration.
Selon nos investigations, la production du gisement de Zarzaïtine était nettement meilleure avant l’arrivée de l’associé chinois Sinopec. Ce partenaire chinois n’a apporté aucune valeur ajoutée à ce projet d’hydrocarbures, bien au contraire, l’exploitation de ce gisement subit de nombreux dysfonctionnements depuis l’arrivée de SINOPEC. Preuve en est, le champ avait été fermé pendant une année et demie sur décision de l’agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) suite à l’arrêt total de la station de compression composée de trois turbo-compresseurs pour la récupération des gaz associés qui étaient totalement torchés à l’atmosphère pendant des années par SINOPEC.
Pendant 20 ans, les résultats de l’association de Sonatrach avec le chinois SINOPEC ont été très médiocres et aucune augmentation du taux de récupération des hydrocarbures de ce gisement n’a été enregistré alors que les exigences contractuelles avaient été révisées à la baisse par Sonatrach vers 2013. Nous avons pu confirmer au cours de nos investigations qu’aucun investissement significatif n’a été réalisé par SINOPC durant toute cette longue période.
Et au lieu d’accepter l’expiration du contrat en 2023 pour que Sonatrach puisse récupérer l’exploitation intégrale de ce vieux gisement ou bien se lancer à la recherche d’un autre partenaire étranger beaucoup plus crédible et efficace, la Direction actuelle de Sonatrach a opté pour la formule du gré à gré avec la concrétisation d’un nouveau contrat en basculant sur les modalités de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ratifiée et adoptée depuis 2019.
Celle-ci offre que des avantages inouïs pour le chinois Siponec alors que ce partenaire est défaillant pendant 20 ans. Malgré ce bilan chaotique, ce partenaire chinois encombrant va bénéficier désormais d’une fiscalité pétrolière avantageuse au détriment du Trésor Public de notre pays puisqu’il va perdre au moins 20 % des recettes fiscales prélevées. Le niveau de taxation des revenus provenant des activités de SINOPC passera en Algérie de 85 % à 65 %. Mais SINOPEC bénéficiera notamment de la formule de partage production au lieu d’une rémunération en fonction de l’exigence de niveau de production à réaliser qu’elle n’avait jamais pu réaliser depuis 20 ans.
Avec ces deux contrats conclus et négociés avec des termes troublants, suspects et controversés, la Sonatrach a bradé tout bonnement nos réserves des hydrocarbures au profit de compagnies étrangères qui ne rapporteront aucun bénéficie nouveau ou particulier à notre économie nationale. Ces deux affaires étouffées pour le moment par les services de sécurité et la Justice en raison du statut « d’enfant chéri du système » dont jouit encore aujourd’hui Toufik Hakkar exploseront au grand jour lorsque les rapports de force au sein du régime algérien évolueront à la défaveur des protecteurs du « maître » de la compagnie nationale des hydrocarbures. Et le jour où ces deux dossiers seront traités sérieusement et rigoureusement par les autorités judiciaires, la tête de Toufik Hakkar résistera très difficilement à… « l’échafaud ».