L’Algérie est sous le choc. 5 personnes ont trouvé la mort dans la bousculade survenue lors d’un concert animé par le rappeur algérien Soolking. Le Premier ministre, Nourredine Bedoui, avait adressé ses condoléances aux familles des victimes, relevant « qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les causes et circonstances de cet incident tragique et prendre les mesures nécessaires ».
Une première décision est tombée : le directeur général de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA), Sami Bencheikh El Hocine, pour « manquement aux obligations assignées », suite au tragique incident survenu dans la soirée de jeudi au stade du 20 août à Alger. Mais cette décision ne permet pas de répondre pas à toutes les interrogations que soulèvent ce drame qui a endeuillé toute l’Algérie. Et ces interrogations évoquent directement le rôle controversé joué par l’ancien ministre de la Culture, et actuellement premier patron du RND, Azzedine Mihoubi.
En effet, nous avons constaté au cours de nos investigations, que lex-ministre de la Culture qui a régné sur ce secteur entre mai 2015 et avril 2019 a remodelé entièrement le fonctionnement et l’organisation des concerts et évènements culturels en mettant en exergue l’Office National des Droits d’auteurs (ONDA) au détriment de l’Office National de la Culture et de l’Information (ONCI), l’organisme le plus expérimenté et qui a officiellement pour mission de veiller sur « l’organisation d’évènements culturels et de spectacles artistiques à caractère régional, national et international ».
L’ONDA, l’organisateur du concert de Soolking à Alger, n’est aucunement spécialisé dans l’organisation de pareils évènements musicaux. D’après ses propres textes réglementaires, l’ONDA s’occupe essentiellement de « la protection des intérêts moraux et matériels des auteurs ou de leurs ayants droit et des titulaires des droits voisins. Cette protection est assurée dans le cadre de la gestion collective ou travers la simple protection« . Ainsi, l’organisation du concert de Soolking à Alger, un évènement inédit attendu par des millions d’Algériens, aurait dû être confiée au préalable à l’ONCI qui dispose de l’expérience et moyens nécessaires pour relever un tel défi. L’ONDA n’a strictement aucun savoir-faire dans l’organisation de concerts qui peuvent attirer des foules impressionnantes.
Cette première erreur explique en partie le drame qui s’est déroulé lors du concert animé par le rappeur algérien Soolking. L’actuelle ministre de la Culture, Meriem Merdaci, n’a aucun poids dans le ministère de la Culture et travaille toujours dans la même organisation dessinée par Azzedine Mihoubi. Pis encore, elle est coachée par les mêmes conseillers et directeurs centraux.
Mais pourquoi avoir écarté l’ONCI au profit de l’ONDA pour les besoins d’organisation de tels évènements culturels ? Il faut savoir que durent des années, une guerre froide avait opposé Azzedine Mihoubi à Lakhdar Bentorki, l’ex-directeur de l’ONCI. Ce dernier tenait tête à son ministre et ne partageait pas sa vision de la gouvernance du secteur culturel en Algérie. Pis encore, de grosses divergences opposaient les deux hommes et Mihoubi avait tout orchestré pour remplacer son adversaire et lui trouver un successeur qui soit issu de son « clan » ou, du moins, un allié qui ne menacerait pas ses intérêts hégémoniques.
En Janvier 2019, au moment où le sérail algérien s’entredéchire dans les querelles liées à la succession d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat, Azzedine Mihoubi gagne son bras-de-fer et remplace Lakhdar Bentorki à la tête de l’ONCI en nommant Mourad Ouadahi, ancien journaliste et directeur de Jil FM.
En avril 2019, Azzedine Mihoubi quitte le gouvernement et son remplaçant Meriem Merdaci reprend le flambeau. Rien n’est changé et rien n’est modifié. L’ONDA a primé encore sur l’ONCI alors que cet établissement jouit de l’expérience de 400 techniciens et régisseurs capables d’assumer la responsabilité de la gestion des évènements culturels populaires qui attirent les masses.
Dépassé par les évènements, l’ONDA multiplie les bourdes. Selon nos investigations, le concert de Soolking devait être organisé au stade du 5 juillet, une infrastructure nettement plus outillée pour accueillir une immense foule. Selon une source bien introduire au sein de l’ONDA, le directeur de cet organisme, Sami Bencheikh El Hocine, limogé vendredi, a refusé d’organiser le concert au stade 5 juillet car la directeur de ce stade a demandé un pourcentage de la billetterie, mais k’ONDA ne voulant pas travailler avec un pourcentage le directeur a sollicité les responsables du stade 20 août qui ont accepté d’abriter ce concert sans aucune contrepartie. La sécurité n’a pas été donc la priorité pour l’ONDA. Les responsables de cet organisme ne se sont pas préparés pour gérer les foules attendues à l’occasion de ce concert. Cette préparation et gestion un métier, une expertise. La pression était grande à l’entrée. Et il y a eu, malheureusement, ces morts dans des conditions tragiques.