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jeudi, avril 18, 2024

Révélations. Le Wali, ses deux villas luxueuses, la vie de princesse de son épouse et une population de plus en plus pauvre

La Présidence algérienne a opéré le 15 septembre un vaste mouvement dans le corps des walis et des walis délégués. 16 walis et 3 walis délégués ont été limogés et relevés de leurs fonctions. Les 16 walis concernés sont ceux qui étaient à la tête des wilayas (départements) de : Laghouat, Oum el Bouaghi, Batna, Tébessa, Jijel, Sétif, Saïda, Sidi Bel Abbès, Guelma, Constantine, Tissemsilt, Oued Souf, Mila, Aïn Defla, Ghardaïa et El Menia. Les trois Walis délégués touchés par ce limogeage sont ceux de Bab El Oued, Zéralda et Sidi Abdellah à Alger. La présidence algérienne n’a pas fourni de détails concernant les raisons de ce limogeage de 19 hauts cadres de l’Etat le même jour. Mais un personnage sulfureux se trouvant au cœur de plusieurs scandales politoco-financiers a échappé miraculeusement à cette « purge ». Il s’agit de Mohamed Amine Deramechi, l’homme qui va diriger la wilaya de Tiaret depuis février 2020, l’une des wilayas les plus pauvres et déshéritées du pays.  

Mohamed Amine Deramchi a été muté vers la wilaya de Sétif, l’une des wilaya les plus stratégiques et plus prestigieuses du pays. Et pourtant, l’ex-Wali de Tiaret s’est distingué ces deux dernières années par son implication dans plusieurs scandales d’enrichissement illicite.

Selon les investigations d’Algérie Part, des businessmans et des hommes d’affaires se bousculaient au portillon de Mohamed Amine Dramechi pour obtenir son soutien, des grandes sommes d’argent et des cadeaux lui étaient régulièrement proposés pour l’obtention de marchés publics ou des assiettes foncières publiques à des prix symboliques.

Une grande partie de cet argent lui servait à lancer les travaux de construction de deux luxueuses villas, l’une d’elle est située à Chéraga, l’un des quartiers résidentiels les plus chics de la capitale Alger,  où il possédait un lot en de terrain lorsqu’il était à la tête à la tête du Secrétariat général du ministère de l’intérieur et une deuxième villa à Belgaid relevant de Bir El-Djir dans la Wilaya d’Oran. Cette deuxième maison de haut standing est au nom de sa mère, a-t-on pu confirmer auprès de plusieurs sources concordantes.

Comment l’ex-Wali de Tiaret a-t-il pu financer la construction de ces villas luxueuses alors que ses revenus mensuels ne dépassent pas les 300 mille Da ? Une partie de la réponse à cette interrogation nous est parvenue de la part d’une source proche du cabinet du Wali de Tiaret selon laquelle le factotum de la Wilaya aurait reçu des instructions de la part de Mohamed Amine Dramechi pour mener une mission secrète.

En effet, le factotum de la Wilaya, qui entretenait une proximité avec les membres de la famille de Mohamed Amine Deramchi grâce à sa fonction au sein de la résidence du Wali a été instruit pour acheminer régulièrement d’importantes sommes d’argent vers Alger et Oran, des liquidités et des matériaux de construction pour l’achèvement des deux villas en cours  de construction, certifie notre source.

Nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que ce factotum a été récemment remis à la retraite selon les recommandations insistantes du Wali lorsqu’il a su qu’il avait commencé à divulguer certains de ses secrets à des fonctionnaires de la Wilaya.

Une affaire troublante qui alimente actuellement la controverse à la Wilaya de Tiaret. Il s’agit du recrutement en 2021 d’un chauffeur qui aurait occupé un poste fictif puisqu’il n’a jamais apparu sur l’organigramme officiel des salariés de la wilaya.  Selon les sources d’Algérie Part, il s’agit d’un chauffeur qui a été spécialement recruté pour assurer l’escorte de l’épouse du Wali qui travaille comme cadre dans une banque publique à Alger.

Pour sa mission, ce chauffeur discret avait utilisé un véhicule d’escorte, à savoir une Passat Volkswagen, réservé habituellement aux hôtes de la Wilaya. Il aurait ainsi conduit régulièrement ce véhicule notamment durant les week-ends pour escorter l’épouse de l’ex-Wali de Tiaret à chacun de ses aller-retours entre la capitale Alger et la ville des Hauts Plateaux.  Selon nos sources, cette même Passat Volkswagen a été aussi utilisée par la belle-sœur de l’ex-Wali de Tiaret qui livrait des extincteurs au profit des entreprises publique et privées à Alger où elle dirigeait une micro-entreprise spécialisée dans la fourniture des extincteurs.

Mais ce n’est pas tout, autre affaire troublante qui défraye la chronique et suscite la controverse provoquant un nouveau malaise général au sein de la population plombée par les incertitudes et les doute. Il s’agit de la proposition de trois candidats au poste de Directeur de l’agence de gestion et de régulation du foncier urbain (AGRFUW) après le lancement en juillet 2022 de l’appel à candidature au poste de directeur qui s’est déroulé dans des circonstances opaques.

Il s’agit d’une attachée de cabinet, une fonctionnaire de la Direction du logement et un ex-fonctionnaire de l’agence foncière de Sougueur. L’attachée de cabinet en question, assure actuellement l’intérim de la Direction de l’agence foncière après le scandale de corruption que nous avons rapporté dans un précédent article et dont les principaux protagonistes étaient l’ex directeur de l’agence foncière ainsi que l’actuel Chef de la Daïra de Tiaret.

Au-delà de cette mesure qui constitue selon certaines sources une véritable démarche de transparence, d’autres sources affirment au contraire à Algérie Part que l’appel à candidature n’est qu’une simple formalité déguisée pour imposer l’un des candidats qui entretiennent une proximité avec cercle proche de l’ex-Wali de Tiaret.

D’après nos investigations, l’ex-Wali de Tiaret a désigné une commission constituée du Secrétaire Général de la Wilaya, le Directeur de l’administration locale (DAL) et le Directeur de la réglementation et des affaires générales (DRAG) pour étudier les demandes de candidature et de sélectionner trois candidats et transférer leur dossier au ministère de l’intérieur pour approbation du recrutement de « l’heureux élu ».

Parmi les conditions exigées par la commission : diplôme supérieur dans le domaine, une expérience de 10 ans au moins dans une administration publique ou à caractère économique dans le domaine de la gestion du foncier, la capacité de gestion et la capacité de gérer une équipe de travail. Cependant, selon nos investigations, les trois dossiers retenus ne remplissent pas ces conditions strictes alors que plusieurs postulants qui sont beaucoup plus expérimentés dans la gestion du foncier ont été totalement écartés de cette compétition.

Devant cette état de fait, les autres postulants exclus ont décidé de saisir le Ministère de l’intérieur et des collectivités locales pour exiger une enquête sur ces pratiques douteuses. En dépit de ce lourd bilan qui compromet sa crédibilité,  Mohamed Amine Dramechi a été muté vers la Wilaya de Sétif et remplacé par Ali Bouguerra à la tête de la wilaya de Tiaret. Une promotion incompréhensible pour un dirigeant sulfureux qui est impliqué jusqu’au cou dans des affaires sombres et immorales.

 

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