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dimanche, mai 28, 2023

Révélations. Le maintien de madame Mokhtaria prolonge le règne de la corruption au sein de la justice algérienne

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Ni le Hirak populaire, ni le récent mouvement de protestation des juges algériens n’ont pu changer grand-chose au sein de la justice algérienne laquelle demeure malade de ses anciens fléaux. Et à Oran, le maintien de la magistrate Mokhtaria Gharbi confirme le prolongement du règne de la corruption et du favoritisme au sein de la justice algérienne. 

Après la décevante défaite des juges face au pouvoir algérien lors de la conclusion d’un accord qui ne répond nullement à la nécessité d’asseoir l’indépendance de la justice algérienne, voici une autre mauvaise nouvelle qui confirme le statu-quo paralysant l’appareil judiciaire algérien. Preuve en est, en dépit de protestations de plusieurs magistrats et des plaintes déposées par de nombreux citoyens, la juge  Mokhtaria Gharbi née Touil Ragba, ex présidente du pôle pénal spécialisé d’Oran, a été maintenue dans ses fonctions et bénéficie toujours d’une impunité étonnante alors que son nom est cité et évoqué dans plusieurs dossiers de corruption.

En septembre 2017, cette juge avait alimenté un véritable feuilleton de scandales qui a tenu en haleine les réseaux sociaux en Algérie.  Suspendue temporairement de ses fonctions à cette époque, les algériens ont découvert ébahis que cette magistrate a pu s’offrir une villa de 20 milliards de centimes en plein coeur d’un quartier chic à Oran. Des commissions de 500 millions de centimes, des chambres à coucher en guise de cadeaux en contrepartie de verdicts bienveillants, la magistrate Mokhtaria Gharbi incarne à elle-seule depuis 2017 tout le cancer de la corruption qui ronge profondément la justice algérienne.

En 2019, après le Hirak du 22 février et le départ, ensuite l’emprisonnement, de l’ancien ministre, Tayeb Louh, de nombreux juges et militants engagés dans la lutte contre la corruption s’attendaient à ce que Mokhtaria Gharbi soit sanctionnée, limogée et jugée comme ce fut le cas pour son mentor, l‘ex-inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Benhachem placé sous mandat de dépôt depuis le 6 octobre dernier. 

Selon nos investigations, Mokhtaria Gharbi est cité nommément dans l’instruction judiciaire concernant le rôle de Tayeb Louh et Tayeb Benhachem dans plusieurs dossiers d’abus de fonctions et de versements de pots-de-vin.  La magistrate controversée de la Cour d’Oran manoeuvrait avec le fils de Tayeb Benhachem pour influencer la mutation des juges et leur nomination dans les postes stratégiques.

Nos investigations ont pu confirmer que Mokhtaria Gharbi était impliquée dans la ténébreuse affaire de la BCIA d’Oran. C’est aussi cette juge qui avait relaxé un potentat de la mafia politico-financière à Oran, à savoir le fameux Said Nebia propriétaire de Dolce Sol et associé avec son frère Mohamed Amine dans «Fouatih & Nebia», un consortium qui avait atteint au début des années 2000 une vingtaine d’entreprises commerciales faisant dans l’import et la grande distribution pour la plupart.

 

Les fameux partisans « d’El Menjel  » ne se sont jamais intéressés à ce personnage central du scandale de la BCIA alors qu’il  se la coule douce à Paris dans un magnifique duplex avec vue sur la Seine. En relaxant Said Nebia, Mokhtaria Gherbi avait bénéficié d’un lot de terrai de 1000 M2 qu’elle avait revendu à son confrère juge à Tiaret, un certain Abid Djebbar, a-t-on encore appris au cours de nos investigations.

Mais comment est-ce possible que cette magistrate, l’un des piliers de la justice vermoulue de Tayeb Louh, demeure encore intouchable ? La réponse se trouve au niveau de Mohamed Zougar, le secrétaire général du ministère de la Justice, l’homme auprès duquel plusieurs businessmans influents et personnalités politiques sont intervenues pour sauver la « tête de madame Mokhtaria ».  Et parmi ces personnalités et dirigeants politiques qui ont plaidé en faveur de la magistrate corrompue de la Cour d’Oran, nous retrouvons un certain Tayeb Belaiz, l’ex-ministre de la Justice en 2003 et ancien président à deux reprises du Conseil Constitutionnel en 2012 et en 2019.

Tayeb Belaiz  est très redevable à Mokhtaria Gharbi puisque c’est elle qui avait intervenu pour relaxer son fils inculpé en juillet 2010 pour « trafic de drogue et blanchiment d’argent ». A l’époque, il avait été placé sous contrôle judiciaire suscitant un énorme scandale politique qui avait ébranlé la classe politique alors que Tayeb Belaiz avait tenté d’étouffer cette affaire en affirmant que la personne impliquée dans ce trafic de drogue n’était pas son fils prétextant qu’il s’agit d’une simple « homonymie ».

On le voit bien, rien, absolument rien n’a changé dans les tribunaux algériens…

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