3.9 C
Alger
jeudi, avril 25, 2024

Révélations. La justice militaire enquête sur les 12 milliards disparus de la sulfureuse Maya B.

Le 16 février 2017, une équipe d’agents du centre opérationnel Antar de Ben Aknoun, dépendant de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) des services secrets algériens, à savoir l’ex-DRS, effectue une perquisition à Moretti au niveau domicile d’une sulfureuse dame à Moretti au sein de la Résidence d’Etat de Club-des-Pins. Il s’agit de la fameuse Maya B. dont l’histoire demeure jusqu’à aujourd’hui une véritable énigme. Et pour cause, cette « Maya » était l’un des piliers du clan présidentiel et prétendait être la fille cachée de l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika.

Les services de sécurité gardent très jalousement le secret autour de cette femme qui avait joué un rôle troublant dans les affaires de corruption au sein du sérail. Maya, cette femme blonde au charme dévastateur, était connue de tout le gratin politique algérien. L’ex-patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, mettait à sa disposition toute une escorte policière pour la protéger et veiller sur sa sécurité. Et Mohamed El Ghazi, l’ex-ministre et ancien Wali de Chlef et d’Annaba, chargeait régulièrement son fils de l’introduire dans les bureaux de tous les walis du pays lorsqu’elle avait besoin de résoudre des problèmes bureaucratiques pour ses affaires.

Mais qui est cette Maya mystérieuse ? Nous avons pu confirmer que cette femme possède officiellement le passeport suisse et américain. Nous avons confirmé également qu’elle était toujours recommandée par l’ex-secrétaire particulier d’Abdelaziz Bouteflika, à savoir Mohamed Rougab, l’un des dirigeants les plus influents ces dernières années au sein du sérail des Bouteflika.

C’est Mohamed Rougab qui téléphonait aux hauts responsables de l’Etat pour leur demander de recevoir officiellement « Maya », la fille discrète du Président Bouteflika ! L’insistance et le lobbying du secrétaire particulier du Président ont ouvert toutes les portes du pouvoir à la fameuse « Maya » dont le nom de famille est gardé très soigneusement par les services de sécurité. Plusieurs sources concordantes ont confié à Algérie Part que madame Maya appelait directement ses interlocuteurs, les hauts responsables du pays, depuis le standard de la… Présidence ! C’est  que cette femme jouissait vraiment d’énormes « privilèges » qui lui ont permis d’amasser une fortune considérable dont les montants restent toujours indéfinissables.  Gardes du corps, chauffeurs personnels, argents, bijoux en or, résidence d’Etat de Club-des-Pins et des hauts responsables à son bon vouloir, la fameuse « Maya » avait tout pour elle dans cette Algérie des Bouteflika.

 Jusqu’à aujourd’hui, Maya B. n’a pas livré tous ses secrets. En juillet 2019, son nom  figure au coeur d’un dossier explosif celui qui concerne le démantèlement de tout un réseau de corruption impliquant des hauts responsables algériens dont deux anciens ministres, à savoir Mohamed El Ghazi, l’ex-Wali d’Annaba et ministre de l’emploi et sécurité sociale, ainsi que Abdelghani Zaalane, ex-wali d’Oran et ex-ministre des Transports et des Travaux Publics.  Un communiqué officiel du parquet le la Cour de Tipaza a révélé au cours de la deuxième semaine du mois de juillet 2019  que le tribunal de Chéraga avait inculpé officiellement ces deux anciens ministres ainsi que l’ex-patron de la DGSN, Abdelghani Hamel et 12 autres personnes dont le fils de l’ex-ministre Mohamed El Ghazi, à la suite de la perquisition menée dans un appartement à Moretti.
Cet appartement était justement la propriété de madame Maya B. C’était la première fois qua la justice algérienne lie cette femme énigmatique à un scandale de corruption de grande ampleur. Mais ce n’était pas la première fois que Maya B. intéressait les services de sécurité. La charmante dame avait fait l’objet d’une enquête menée par le colonel Smail, l’ex-patron de la caserne Antar à Ben Aknoun, le plus important centre opérationnel de l’ex-DRS à Alger.
D’ailleurs, la perquisition menée le 16 février 2017 était dirigée par le colonel Smail en personne. Ce jour-là, les agents de la DGSI ont trouvé une somme importante en liquide, à savoir plus de 20 milliards de centimes. Des espèces en devises, des bijoux et mêmes des diamants ont été saisis par l’équipe du colonel Smail. Toutes ces « المحجوزات » comme on les appelle en arabe dans le jargon sécuritaire ont été répertoriés par un rapport établi par un officier de la DGSI au niveau de la caserne Antar.
Mais l’enquête de l’équipe du colonel Smail est rapidement étouffée et ne donne aucune suite permettant ainsi à Maya B. de continuer de fréquenter les hauts responsables de l’Etat algérien et d’entretenir un curieux réseaux de connaissances qui lui permettra d’accéder à toutes les institutions du pouvoir algérien.
En juillet 2019, lorsque l’affaire a été relancée à la suite du démantèlement du réseau comprenant Abdelghani Hamel, Mohamed El Ghazi et Abdelghani Zaalane, une deuxième perquisition est menée au domicile de Maya B. à Moretti. Cette fois-ci, c’est la gendarmerie nationale qui s’est chargée de cette enquête.
Les enquêteurs de la gendarmerie nationale ont, ensuite, demandé tout le dossier ainsi que les pièces à conviction récupérées par l’équipe du colonel Smail en juillet 2019. Le dossier et tous les éléments ont été transférés de la DGSI jusqu’à la gendarmerie nationale.
Or, les gendarmes n’ont récupéré que l’équivalent de moins de 8 milliards de centimes. Plus de 12 milliards avaient disparu étrangement alors qu’ils étaient censés se trouver dans lieu sûr à la caserne Antar lorsqu’elle était dirigé par le colonel Smail jusqu’au début du mois 2019, date de son limogeage de la DGSI en pleine tourmente politique provoquée par le Hirak et les troubles du 5e mandat brigué malencontreusement par Abdelaziz Bouteflika.
Pour les gendarmes, il ne fait aucun doute que cet argent fut volé. Mais qui est le voleur ? Les gendarmes font leur rapport et saisissent la justice militaire au niveau du tribunal permanent de Blida. Une enquête a été ouverte et elle suit toujours son cours jusqu’à aujourd’hui.  Au sein de la caserne Antar, les langues se délient petit à petit et accusent le colonel Smail d’avoir détourné subrepticement cet argent. Le colonel Smail est à la retraite aujourd’hui. Il ne s’est jamais exprimé sur cette affaire scabreuse. Le tribunal militaire de Blida n’a toujours pas fait savoir la suite qu’il comptait réserver à cette affaire.
dernières nouvelles
Actualités