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jeudi, avril 18, 2024

Récupération des capitaux détournés vers l’étranger : les autorités algériennes privilégient le « règlement amiable » après l’échec de la politique des emprisonnements

C’est un aveu indirect de l’échec retentissant de la politique de l’emprisonnement systématique des oligarques algériens qui se sont enrichis durant le long règne d’Abdelaziz Bouteflika. Les autorités algériennes viennent d’achever un avant-projet de loi permettant de lancer un « règlement amiable » des affaires pénales relatives aux détournements des capitaux vers l’étranger et des avois financiers ou immobiliers constitués à l’étranger par les grosses fortunes du régime Bouteflika. 

En effet, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a présidé ce mercredi 7 septembre une réunion du Gouvernement au cours de laquelle le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a présenté un avant-projet de loi relative à la répression de l’infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger. Et cet avant-projet « propose un nouveau cadre juridique qui donne la priorité au recouvrement des fonds objets de ces infractions et la préservation des intérêts du trésor public, en favorisant davantage le recours aux mécanismes de règlement amiable », explique à ce sujet un communiqué des services du Premier ministre

« Conformément aux procédures établies, ce projet de texte fera l’objet d’un examen lors d’un prochain Conseil des ministres », a indiqué encore la même source.

Ce nouveau texte de loi constitue en soi une « petite révolution » car il remet en cause le dogme de la politique répressive menée tambour battant depuis 2019 contre l’ensemble des acteurs de la vie économique qui ont prospéré durant le règne d’Abdelaziz Bouteflika.

3 anciens Premiers-ministres, plus de 18 ministres et une dizaine d’hommes d’affaires ayant fondé ou développé les groupes privés les plus prospères en Algérie ont été sous emprisonnés successivement depuis avril 2019. Les méga-procès contre la corruption se sont enchaînés et de lourdes peines de prison ferme ont été prononcées à maintes reprises contre d’anciens oligarques ou d’anciens dirigeants politiques du régime Bouteflika.

Mais au bout de ce processus violent et harassant, l’Etat algérien n’a pas récupéré le moindre euro ou dollar de cet argent transféré illicitement et discrètement vers l’étranger durant 20 longues années. Pis encore, pas la moindre évaluation précise ou concrète n’a pu être réalisée par le nouveau pouvoir algérien pour identifier ces fonds ayant financé des biens mal acquis algériens à l’étranger. Dans ce dossier, les autorités algériennes ont collectionné les échecs et les maladresses.

Abdelmadjid Tebboue a fait, pourtant, de la promesse de récupérer l’argent volé et détourné vers l’étranger son principal argument électoral. A deux de la fin de son mandat présidentiel, il est confronté au bilan médiocre et insignifiant de la justice algérienne dans ce dossier. Sa crédibilité est compromise et c’est pour cette raison qu’une nouvelle orientation est adoptée : celle de la négociation directe avec les personnalités incarcérées pour aboutir à « une solution à l’amiable » permettant de rapatrier ces fonds algériens cachés à l’étranger. Les autorités algériennes se réveillent enfin et comprennent que la prison n’est pas la solution miracle contre tous les problèmes cruciaux du pays comme la corruption. Vaut mieux tard que… jamais.

 

 

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