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mercredi, avril 24, 2024

Rachid Nekkaz, Celui Que le Président Tebboune Ne devrait pas Oublier !

Rachid Nekkaz a été arrêté et placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach depuis le 4 décembre 2019. Il est poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale », « incitation des citoyens à prendre les armes », « attroupement et agression physique ».

Agitateur et personnalité controversée, Rachid Nekkaz a été l’auteur de plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux, parmi elles une où il appelait au « boycott des élections du 12 décembre », et une autre où il expliquait que les algériens ont le droit de « prendre les armes, et d’exécuter les députés » favorables à l’adoption de la loi sur les hydrocarbures…

Il faut dire que l’homme d’affaire originaire de la ville de Villeneuve-Saint-Georges dans la banlieue parisienne a toujours été très actif sur les réseaux sociaux, ce qui lui avait assuré une certaine popularité auprès de nombreux citoyens algériens, malgré un programme flou et une approche fantaisiste.

Ainsi, à la date limite du dépôt des candidatures, le candidat multirécidiviste aux présidentielles françaises et algériennes, une fois encore provocateur, surprend tous les algériens en présentant la candidature d’un homonyme, dont il devient directeur de campagne, annonçant dans la foulée devant des journalistes médusés, qu’en cas de victoire de celui qu’il présente comme son cousin, un poste de vice-président sera créé et lui reviendra, avant que son cousin ne démissionne pour lui permettre de devenir chef de l’État…

Par ailleurs, il faut reconnaître que Rachid Nekkaz a été parmi les premiers à critiquer l’ex-Président déchu Bouteflika et la corruption endémique du régime qu’il avait installé en 20 ans de règne. Il a également dénoncé les arrestations de porteurs du drapeau berbère et d’opposants politiques, tout comme il aura réussi à mobiliser des foules impressionnante, prélude au Hirak algérien.

Rappelons que juste après la manifestation de Kherrata le 16 février 2019, un autre rassemblement avait eu lieu le 19 du même mois devant l’APC de Khenchla, en présence de Rachid Nekkaz venu collecter les parrainages en vue de sa candidature à l’élection présidentielle annulée du 18 avril.

Sur place, et suite à une provocation du P/APC, des manifestants avaient arraché pour la première fois un portrait géant du chef de l’Etat et l’avaient piétiné.

En cela, Rachid Nekkaz avait été, on peut le dire et même si nous ne sommes pas d’accord avec toutes ses idées, un des précurseurs du mouvement de contestation pacifique des algériens. Mais entre-temps, Nekkaz avait multiplié les dérapages…

Quelques jours avant son incarcération, l’ex-candidat aux présidentielles qui avait affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika était mort et remplacé par « un individu portant un masque 3D », avait annoncé, au début du mois de décembre 2019, qu’il allait déposer plainte contre le défunt Ahmed Gaïd Salah et appelait même tous les algériens à le rejoindre pour déposer une « plainte collective » contre le chef d’État-Major !

Nekkaz accusait celui qui était l’homme fort du régime de violer l’article 55 de la Constitution, qui prévoit que chaque citoyen algérien pouvait jouir « de ses droits civils et politiques » et « choisir librement le lieu de sa résidence et de circuler ».

Enfin, faisant le parallèle entre la colonisation française et le régime d’Alger, Nekkaz avait tenté d’expliquer que le gouvernement algérien appliquait le code de l’indigénat français, loi qui interdisait aux citoyens algériens de circuler librement sur le territoire national.

Mais le fond aura finalement été atteint après son inexcusable appel au meurtre, contre les députés algériens… La provocation de trop ? Non !

Le 26 Février 2020, alors qu’il devait comparaître devant le juge d’instruction du tribunal de Dar El Baida, Nekkaz avait exigé d’être jugé par un tribunal militaire car, selon lui, il aurait été arrêté par des agents de services de renseignements militaires avant d’être conduit à la “caserne Antar”, située à Ben Aknoun sur les hauteurs d’Alger…

Le 22 juin 2020, Nekkaz, qui faut-il le rappeler avait demandé sa déchéance de la nationalité française, a été auditionné par le juge d’instruction du tribunal de Dar El Beida à la prison de Koléa.

La chambre d’accusation près de la cour d’Alger devait statuer sur la détention provisoire de Rachid Nekkaz le 12 juillet 2020, alors que plusieurs activistes et acteurs du Hirak, dont des leaders à l’image de Karim Tabbou ou Amira Bouraoui ont récemment bénéficié de la liberté provisoire en attendant leurs procès.

Rachid Nekkaz, celui qui avait médiatisé la demande de restitution des crânes des valeureux martyrs, est toujours incarcéré, dans l’attente d’un jugement dont on ne sait si l’affaire doit être renvoyée en criminelle ou en correctionnelle…

Peut-on Monsieur Tebboune, en votre qualité de Président de la République et Premier Magistrat du Pays, décréter le 22 février Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie, et laisser condamner ses plus farouches militants, ayant œuvré, même maladroitement, pour une Algérie débarrassée de la corruption et de la prédation ?

Car si un premier changement dans le régime a eu lieu, c’est grâce aussi aux actions de personnes telles Rachid Nekkaz. Personne ne pourra le nier.

Nous joignons notre voix à celle de la majorité de nos concitoyens, Rachid Nekkaz ne devrait pas être oublié en prison, et son jugement doit être le plus impartial possible !

Y.F.CHEIKH

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