La précarité et l’injustice ont fini par provoquer un drame en Algérie. Mohamed Ouadah, un employé du groupe privé KouGC, appartenant anciennement à la richissime fratrie Kouninef, est décédé à Alger dans des circonstances tragiques à la suite d’une longue détresse psychique provoquée par le non-versement de près de 10 mois de salaires. Face à cette situation intenable vécue comme une terrible injustice, cet employé a été victime d’un arrêt cardiaque qui a mis fin à ses jours.
Ce drame a secoué fortement les 210 autres salariés du groupe privé KOUGC qui n’ont pas également perçu leurs salaires depuis bientôt 10 mois. Cette situation alimente une détresse exceptionnelle qui fragilise dangereusement la santé de plusieurs de ces employés abandonnés à leur triste sort.
Le groupe KOUGC faisait partie des groupes privées les plus prospères du pays et les plus dynamiques. KouGC était présent dans les travaux publics, la téléphonie et l’agroalimentaire, entre autres secteurs d’activité. Le groupe avait pignon sur rue, affichant un chiffre d’affaires de l’ordre de l’équivalent de 150 millions d’euros par an. A la suite de l’enclenchement du Hirak en février 2019 et de la chute du régime Bouteflika en avril 2019, les actionnaires et propriétaires de ce groupe privé, à savoir les célèbres frères Kouninef, les plus célèbres oligarques du pays, ont été rapidement emprisonnés et ce dés le 24 avril 2019, ce groupe privé a basculé dans la faillite programmée.
Comme plusieurs autres groupes privés appartenant à des oligarques déchus, le groupe KOUGC a été confié à des administrateurs qui avaient été engagés en 2019 par la justice dans le souci d’assurer la pérennité des activités des dites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d’emploi et d’honorer leurs engagements envers les tiers. Or, ces administrateurs n’ont jamais su préserver le patrimoine des entreprises de ce groupe dont les activités ont été totalement gelées provoquant le tarissement de ses revenus.
Depuis fin décembre 2020, Moncef Feraguena est l’administrateur judiciaire qui a été désigné pour chapeauter le groupe KouGC des frères Kouninef. La gestion chaotique de cet administrateur a aggravé le sort tragique des employés de la direction générale de ce groupe privé. Selon nos investigations, le groupe KOUGC a été écarté de tous ses projets les plus importants comme la pénétrante de Guelma qui fait partie des projets de pénétrantes autoroutières devant relier l’Autoroute Est-Ouest à plusieurs villes du pays ou les projets de développement de nouvelles infrastructures hydraulique à Sétif, Constantine et Béchar, des projets d’adduction eau potable sans oublier les chantiers des centres anti-cancer de Blida, Constantine et Oran. Tous ces marchés ont été résiliés par l’Etat algérien à la suite de l’incarcération des frères Kouninef.
Le groupe est décapité et ne peut plus verser les salaires de ces employés. Ces derniers ne cessent de se mobiliser pour crier leur détresse et interpellent régulièrement les autorités publiques pour réclamer des indemnisations salariales, le droit au départ à la retraite anticipée et la garantie de jouir de la sécurité sociale. Plusieurs rassemblements ont été organisés par ces employés en détresse devant le siège du groupe KOUGC pour réclamer le versement de leurs salaires impayés depuis octobre 2021. Malheureusement, jusqu’à maintenant, aucune de ces actions de protestation n’a fait bouger les autorités algériennes totalement indifférentes au sort de ces travailleurs accablés par la misère sociale.
