Désillusion, échec ou sentiment d’impuissance face à l’impasse politique actuelle dans laquelle se retrouve l’Algérie d’aujourd’hui ? C’est la question que l’on doit se poser à la lecture des résultats d’un grand sondage réalisé par le prestigieux média britannique The Guardian sur le bilan des 10 années des mouvements du Printemps Arabes qui ont secoué de nombreux pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Ce sondage a été réalisé par le quotidien britannique en collaboration avec la société YouGov qui est une société internationale d’étude de marché basée sur Internet et fondée au Royaume-Uni en mai 2000. YouGov réalise des sondages représentatifs en ligne, à l’aide de la méthode dite ‘d’échantillonnage actif’, qui permet de s’assurer que les résultats sont représentatifs de la population étudiée…et pas seulement des utilisateurs d’internet. La technique d’échantillonnage actif consiste à s’assurer que seules les personnes invitées à participer au sondage y prennent part. En pratique, cela signifie que les répondants sont choisis par YouGov, à partir de notre panel propriétaire.
The Guardian est l’un des clients habituels de la société YouGov avec laquelle il réalise de nombreux sondages sur des évènements nationaux et internationaux. Le jeudi 17 décembre dernier, The Guardian a publié les résultats de ce sondage mené par YouGov auprès de 5275 personnes de tous genres et groupes d’âge issus de tous les pays ayant connu depuis 2010 des révoltes dans le cadre des mouvements du Printemps Arabe jusqu’aux récentes mobilisations populaires de 2019 comme le Hirak en Algérie ou la révolte de la rue soudanaise entre décembre 2018 et octobre 2019.
Les résultats de ce sondage international suggèrent tout de même que les sentiments de désespoir et de privation des droits qui ont alimenté ce chapitre tumultueux au Moyen-Orient n’ont fait qu’augmenter, même si la plupart des gens ne regrettent pas les mouvements de protestation – à l’exception de , notamment, dans les pays où ils ont conduit à la guerre civile.
Ainsi, pour le cas de l’Algérie, il est clairement affirmé que les Algériens ne regrettent pas le Hirak de février 2019. Pas moins de 59 % des sondas algériens ont estimé qu’ils ne regrettent pas du tout l’enclenchement du Hirak du 22 février 2019. Cependant, ils sont tout même pas moins de 42 % qui déplorent la détérioration de leurs conditions de vie depuis le début du Hirak. Ce qui témoigne d’un véritable sentiment de désillusion qui prend peu à peu la place de l’engouement populaire né en février 2019. Ce sentiment prend une dimension inquiétante lorsqu’on sait que près de 48 % des Algériens sondés font savoir que leurs enfants peuvent avoir un avenir plus sombre que celui d’avant le Hirak.
Ces résultats témoignent d’un début de grande déception car deux ans après les manifestations du Hirak, le changement ne s’est toujours pas concrétisé et les espoirs sont de plus en plus déçus. Il y a donc une forte polarisation de la société dans cette « Nouvelle Algérie » qui est de plus en plus divisée sur le bilan de l’instauration de ce nouveau régime lequel multiplie les promesses sans tenir pour autant le moindre de ses engagements de renouveau.