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vendredi, avril 19, 2024

Pourquoi Sonatrach doit se développer à l’étranger pour surmonter la crise financière

Confrontée à l’une des pires crises financières et économiques de son existence en raison de la pandémie du coronavirus COVID-19, Sonatrach doit développer une nouvelle stratégie pour multiplier ses revenus et trouver de nouveaux débouchés. Cette perspective, il faut la chercher à l’étranger ! Oui, avec des réserves nationales en baisse drastique et des gisements qui nécessitent des investissements colossaux pour améliorer leur exploitation, Sonatrach devrait aller à l’international pour développer des projets qui peuvent lui ramener du cash flow, à savoir des flux de trésorerie positifs. Explications.

Il faut savoir, d’abord, que Sonatrach occupait en 2016, la 28e place dans le classement des plus grandes compagnies pétro-gazières du monde. Les dix années précédentes, elle avait réussi à se maintenir à la 12e position devant de nombreuses compagnies de renom. Ce recul s’explique par les effets de la crise pétrolière de 2014 qui a sérieusement affecté ses finances.

En 2017, un rapport de la Banque mondiale indique que la société pèse 58,7 milliards de dollars. Dans le classement des compagnies africaines d’exploitation, elle devance de loin la Sonangol, la Sonatrach de l’Angola, (22,2 milliards de dollars) ou encore la société sud-africaine de communication MTN (17 milliards de dollars).

Aujourd’hui, plus que jamais déstabilisée par les problèmes internes de la production nationale des hydrocarbures et par les perspectives peu prometteuses des réserves nationales dans le pétrole et gaz conventionnels, la Sonatrach doit aller chercher de la croissance, et de l’argent, à l’étranger. Et pour ce faire, la Sonatrach doit redevenir parmi les plus importantes compagnies pétrolières de la planète. Elle dispose pour cela d’un atout stratégique une position : une maitrise de toute la chaine de valeurs du pétrole et du gaz.

La Sonatrach et ses travailleurs connaissent tous les segments du secteur des hydrocarbures de l’amont jusqu’à l’avant, l’expérience est bel et bien là. Mais ce que peu d’algériens savent, c’est que la Sonatrach a déjà mené plusieurs projets avec réussite à l’étrange faisant gagner à l’Algérie d’importances bénéfices. En effet, Sonatrach contrôle des actifs d’exploration au Mali, en Tunisie, au Niger, en Libye, en Mauritanie, en Italie, en Espagne, en Grande Bretagne, en France, au Perou et aux Etats-Unis. Les actifs hors Algérie de la Sonatrach sont aux mains de sa filiale Sipex (Sonatrach International Petroleum Exploration and Production Corporation).

Créée en juillet 1999, Sonatrach International Petroleum Exploration and Production Corporation (SIPEX BVI) est une sub-holding détenue à 100 % par SIHC BVI. Elle est
spécialisée dans l’activité Amont de SONATRACH à l’international. Ses activités sont axées sur la Recherche, l’Exploration et la Production pétrolière hors du territoire national. Jusqu’à aujourd’hui,  SIPEX BVI est présente dans six pays, notamment en Libye, au Niger, en Mauritanie et au Pérou. En l’espace de 15 ans, son portefeuille est passé d’un projet en partenariat à un portefeuille de 12 projets, dont six sous la conduite de l’opérateur SIPEX.

A titre d’exemple, SIPEX BVI est notamment à la tête d’une importante filiale, SONATRACH Perú, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 291,01 millions de dollars en 2018, contre 232,98 millions de dollars en 2017. La Sonatrach dispose de la sub-holding SIPCO BVI et d’une
participation à 50 % dans la société (TMPC Trans Mediterranean Pipeline Company), et a pour mission, l’exploitation du gazoduc sous-marin reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie.
SIPCO BVI (SONATRACH International Pipeline Corporation) est une sub-holding détenue à 100 % par SIHC BVI. Elle gère en partenariat la filiale TGP (Transportadora de Gas del Perú) dont elle détient 21,18 % du capital.

Justement ce projet au Pérou est l’exemple éloquent du bien-fondé d’une démarche d’investissement à l’étranger. Et pour cause, dans le projet  Transportadora de Gas del Perù (TGP), SIPCO, filiale de Sonatrach,  est actionnaire à hauteur de 21,18 %. Elle est la société concessionnaire et exploitant les deux ouvrages (Gazoduc & Oléoduc), reliant respectivement Malvinas à Lima et Malvinas Pisco au Pérou.

TGP a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 2 % à 691 millions de dollars en 2018 et un résultat net de 232 millions de dollars, en hausse de 9 % par rapport à 2017. En 2018,  ce projet au Pérou a permis la distribution de 268 millions de dollars de dividendes aux actionnaires, dont 57 millions de dollars pour SIPCO, la filiale de Sonatrach. Les célèbres agences de notation Fitch, S & P et Moody’s ont ratifié les notations BBB + /Baa1 de TGP qui conserve ainsi son rang parmi les sociétés péruviennes affichant les meilleures notes des trois agences de notation dans le monde.

Il est à rappeler que la Sonatrach est présente dans ce projet depuis octobre 2000 lorsqu’un second contrat avait confié au Pérou pour 33 ans le transport du gaz naturel et des liquides de gaz entre Camisea et Lima, ainsi que la distribution du gaz à Lima et Callao au consortium privé TGP (Transportadora de Gas Peruana S.A.), intégré par Tecgas N.V. (filiale de Techint), Pluspetrol, Hunt Oil, SK Corporation, Sonatrach (Algérie) et Graña y Montero.

Ce projet incarne donc la réussite de Sonatrach à l’étranger. Il devrait lui servir d’exemple pour continuer d’explorer de nouvelles perspectives commerciales à l’extérieur du pays pour ne dépendre des fluctuations du marché mondial du pétrole et du gaz ainsi que des réserves compliquées et limitées de l’Algérie.

 

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