Ce vendredi 10 mai sera encore plus décisif et déterminant que les autres vendredi du mouvement populaire algérien. Oui, c’est le vendredi à travers lequel les Algériens doivent faire connaître leur attitude vis-à-vis de cette machine judiciaire mise en branle pour arrêter et emprisonner plusieurs hauts responsables et dirigeants de l’ancien régime de Bouteflika.
Une machine judiciaire qui répond, en partie, aux aspirations des Algériens. Mais qui peut, aussi, les détourner de leur vocation. Et pour cause, le changement souhaité par les Algériens ne porte nullement sur une instrumentalisation politique excessive de l’appareil judiciaire. Une instrumentalisation qui peut mener à des règlements de comptes et des dérapages inquiétants à l’image de l’emprisonnement brutal de Louisa Hanoune, une simple politicienne qui n’a jamais appartenu de loin ou de près au régime vermoulu honni par les Algériens.
C’est donc un vendredi crucial que s’apprêtent à vivre les Algériens. Les projecteurs du monde seront braqués sur les rues de nos villes et patelins pour filmer les réponses de noms compatriotes aux décisions et mesures adoptées par l’institution militaire, véritable centre détenteur du pouvoir en Algérie.
Une institution qui soutient, certes, le mouvement populaire en dépit de plusieurs divergences de taille. Mais une institution qui risque de sombrer dans les jeux de manipulation en raison des multiples courants qui la traversent en profondeur. Et chaque courant veut imprimer à l’avenir du pays sa vision du fonctionnement de l’Etat. En plein Ramadhan, les Algériens doivent sortir dans les rues pour maintenir la mobilisation et prévenir l’institution militaire contre les potentielles dérives pouvant saper la stabilité du pays. Les Algériens doivent affronter la faim, la fatigue, la lassitude et les désillusions pour continuer à défendre le changement profond qu’ils souhaitent concrétiser dans leur pays.
Un changement qui doit transcender les clivages claniques, idéologiques et politiques qui divisent l’institution militaire et les autres appareils sécuritaires du pays. Un changement qui ne se résume pas à organiser hâtivement une élection présidentielle sans le moindre mécanisme de contrôle démocratique. Un changement qui nécessite de la concertation, de la consultation et du bon sens. Fort heureusement, depuis les premières heures de cette matinée du vendredi, des centaines de manifestants commencent à se rassembler au coeur de la capitale Alger comme le montrent ces images. Espérons que les autres villes du pays répondront à l’urgence de cette mobilisation citoyenne. Il en va de l’avenir de notre Algérie.