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jeudi, avril 18, 2024

Plus de 98 milliards de dollars USD consommées en 2023 et une augmentation des dépenses de près de 28 milliards de dollars USD : un Etat déficitaire pour une Algérie bientôt…. en danger

L’année 2023 sera une année historique et inédite dans l’histoire de l’Algérie. Et pour cause, l’Etat algérien va consommer au cours de cette année plus de 98 milliards de dollars USD de budgets et financements publics pour assurer son fonctionnement et couvrir ses dépenses globales. C’est un seuil de dépenses vertigineux qui marque une première dans l’histoire de l’Algérie contemporaine. Par rapport à l’année 2022, les dépenses de l’Etat algérien vont augmenter de près de 28 milliards de dollars USD, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations en consultant une copie de l’avant-projet de la Loi de Finances 2023 qui a été officiellement validé par le gouvernement algérien en attendant sa prochaine adoption par le Parlement et la Conseil de la National avant sa signature officielle par le Chef de l’Etat d’ici le 31 décembre 2022.

En effet, les dépenses globales de l’Etat vont augmenter jusqu’à 13 786 milliards de DA en 2023, soit l’équivalent de 98,15 milliards de dollars USD, contre des dépenses de 9 858,4 milliards de DA au titre de l’exercice actuel en 2022, soit l’équivalent de 70,19 milliards de dollars USD. En valeur, les dépenses de l’Etat augmenteront ainsi substantiellement en 2023 par rapport à 2022.

Pour l’année 2023, l’Etat algérien a augmenté ses dépenses de pas moins de 3927,6 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 27,9 milliards de dollars USD. C’est une augmentation budgétaire qui donne le vertige et s’explique essentiellement par l’augmentation phénoménale de plusieurs budgets publics dédiés à l’Armée Nationale Populaire, à la Présidence de la République, au ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales ainsi que d’autres ministères du gouvernement, institutions étatiques ou organismes sécuritaires.

Ces dépenses publiques très élevées vont provoquer un énorme fossé budgétaire au niveau du déficit public. Et pour cause, les recettes de l’Etat algérien seront uniquement de 7841 milliards de Da, soit l’équivalent 55,8 milliards de dollars USD, alors que les dépenses atteindront en 2022 les 13 786 milliards de DA. L’Algérie enregistrera ainsi un déficit public historique et inégalé de 5945 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 42,3 milliards de dollars USD.

Il faut savoir qu’en 2022,  l’Etat algérien a été déficitaire à hauteur de 4175.18 milliards Da, à savoir l’équivalent de plus de 29,7 milliards de dollars USD. En 2023, ce déficit va augmenter de 12,6 milliards de dollars USD. C’est tout bonnement énorme pour un pays comme l’Algérie dont les équilibres économiques demeurent très fragiles en raison de sa forte dépendance vis-à-vis des hydrocarbures et son économie rentière.

Cette situation aura un impact énormément préjudiciable pour l’avenir économique de l’Algérie. Pourquoi ? Il faut savoir, d’abord, que l’on parle de déficit public lorsque les ressources publiques (impôts, cotisations, autres recettes) sont inférieures aux dépenses publiques (personnel, fonctionnement, intervention, etc.). En comptabilité nationale, la notion de déficit budgétaire s’utilise lorsque le budget de l’État est en déficit : les recettes de l’État sont inférieures à ses dépenses d’où un solde budgétaire négatif.

Si la monnaie algérienne entame une nouvelle dévaluation et le pays renoue avec une baisse des revenus en devises provenant des exportations des hydrocarbures, la dette publique en Algérie explosera et elle ne sera plus soutenable puisqu’elle ne pourra pas être financée en interne et l’Etat algérien sera contraint d’emprunter de l’argent à l’étranger en recourant à l’endettement extérieur.

Il s’agit donc d’un scénario hyper-dangereux pour l’Algérie parce qu’elle n’est pas un pays industrialisé et suffisamment producteur de richesses qui peut facilement redresser la barre ou financer pendant longtemps une immense dette publique. L’Algérie sera ainsi victime, si cette situation perdure encore dans les années à venir, de ce qu’on appelle dans l’économie de l’ »effet d’éviction ». Cela signifie que le déficit est mauvais pour la croissance parce qu’il détournerait une épargne qui aurait pu aller vers des projets productifs qui développeront le pays.

L’Algérie sera ainsi contrainte de financer encore et toujours son déficit public pour couvrir essentiellement les frais de ses institutions et de ses services publics comme les budgets de fonctionnement de l’Etat. Lorsque l’Etat algérien doit à chaque fois mobiliser des ressources financières pour financer son déficit, l’argent disponible sur les marchés va se raréfier donc et les taux d’intérêt pratiqués par les banques algériennes vont grimper. Emprunter, pour un acteur privé, est donc plus difficile. Par conséquent, les projets (création d’entreprise, investissement…) se raréfient à leur tour. et la croissance est freinée. L’Algérie vit cette situation depuis 2017-2018 date à laquelle les déficits budgétaires ont commencé à battre des records à cause de la baisse des recettes de la fiscalité pétrolière qui chutent depuis la crise pétrolière de 2014 avec l’effondrement progressif des prix du baril de pétrole.

La « Nouvelle Algérie » reproduit ainsi les mêmes bêtises et maladresses de l’ancienne Algérie. Des erreurs ou de mauvaises décisions qui coûteront cher, très cher pour la stabilité du pays dans les années à venir.

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