Occultée, ignorée depuis le début de la pandémie du COVID-19, la dimension économique commence à s’imposer à tous les esprits en Algérie. Et pour cause, les conséquences économiques et financières sur les plus importantes entreprises publiques en Algérie sont désastreuses.
Ce mercredi 15 juillet, Sonelgaz a accusé des pertes estimées à plus de 60 milliards de dinars, à savoir près de 500 millions de dollars, depuis le début de l’épidémie du COVID-19 dans le pays, à savoir fin février dernier. Ce chiffre a été révélé par le Président directeur général (P-dg) de l’entreprise, Chaher Boulakhras. Dans des déclarations à la presse, en marge de la cérémonie d’installation du Comité d’Ethique du Groupe Sonelgaz, M. Boulakhras a souligné que l’entreprise était disposée à accorder toutes les facilités à ses clients pour le recouvrement de ses dettes, réparties entre ménages, administrations et opérateurs économiques ».
D’après le PDG de Sonelgaz, son administration a décidé de ne pas recourir à la coupure du courant électrique jusqu’à la fin de la crise sanitaire « pour permettre aux citoyens de surmonter cette période difficile », a-t-il soutenu.
Cependant, a-t-il poursuivi, cette décision a entraîné un cumul des factures impayées, ce qui amène l’entreprise « à agir en toute transparence et flexibilité, en ouvrant les canaux de dialogue avec les concernés et en leur offrant la possibilité de paiement de leurs créances par facilité ».
De son côté NAFTAL, l’entreprise publique filiale de Sonatrach chargée de la distribution des carburants, la pandémie a entraîné une chute de 23% du chiffre d’affaires. Cela signifie NAFTAL a perdu depuis le début de la pandémie près de 700 millions de dollars. Enorme et colossal.
Ce mercredi, le directeur de la communication de Naftal, Djamel Cherdoud, a communiqué des statistiques qui font froid dans le dos. Les carburants de l’aviation et de la marine ont accusé une chute globale de 67% depuis la mi-mars. La baisse a été plus marquée pour le carburant de l’aviation où la demande en kérosène qui a chuté de 77 % à cause du recul du trafic aérien.
Quant à la commercialisation des carburants terre (essences et gasoil pour véhicules), elle a enregistré une baisse globale de 16 % durant la même période de référence, a-t-il fait savoir. La chute de la consommation des essences a été plus accentuée avec une décroissance de18 %, contre une baisse de 15% pour le gasoil » a-t-détaillé. Le GPL (GPL gaz pétrole liquéfié) a connu à la même période une baisse de 5 %.
Au final, ce qui a sauvé NAFTAL est la demande en carburants marins qui a été moins affectée par rapport à celle de l’aviation avec une baisse de 26%. La demande en fioul ne s’est pas creusée davantage en cette période de crise car elle reste maintenue par le transport maritime de marchandises qui se poursuit malgré la crise.
A Air Algérie, une autre grosse entreprise étatique en Algérie, la facture sera encore très salée à cause de la paralysie mondiale provoquée par la pandémie du COVID-19. L’année 2020 sera une triste et sinistre année pour Air Algérie. C’est du moins ce qu’affirment les rapports prévisionnels de la direction générale d’Air Algérie, a découvert Algérie Part au cours de ses investigations. Ses rapports prévisionnels s’attendent à un déficit record pour cette année 2020, soit un déficit de plus de 500 millions d’euros ! Une immense perte pour Air Algérie à cause de la paralysie du trafic mondial en raison de la pandémie du COVID-19. Une paralysie qui entame là son troisième mois. Mais ce déficit risque de dépasser, désormais, les 600 millions d’euros au regard de la fermeture prolongée du ciel algérien. Si les liaisons aériennes ne reprennent pas d’ici septembre prochain, Air Algérie se retrouvera effectivement avec des pertes dépassant les 600 millions de dollars. Un record pour la compagnie aérienne nationale.
Ces trajectoires malheureuses indiquent que l’Algérie est très fragile face à la pandémie du COVID-19. Et si ce cauchemar sanitaire dure encore dans le temps, la facture sera encore plus salée pour l’économie nationale. Il faudra beaucoup de temps et d’argent pour réparer tous les dégâts.